Une transformation à la P&G demanderait un effort colossal à Unilever - Plus Europe
01 Juin 2022 - 11:44AM
Dow Jones News
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Unilever est confronté à des problèmes
analogues à ceux rencontrés par Procter & Gamble voilà quatre
ans, et le même investisseur activiste siège à présent à son
conseil d'administration. Mais les temps ont depuis bien
changé.
Mardi, Unilever a annoncé que le fondateur de Trian Partners,
Nelson Peltz, siégerait au conseil d'administration du fabricant
anglo-néerlandais de biens de consommation à compter de juillet.
Après des mois de spéculation sur le fait que l'activiste aurait
acheté des actions d'Unilever, le groupe a confirmé que le fonds
spéculatif détenait une participation de 1,5%, actuellement
valorisée à environ 1,5 milliard d'euros.
Nelson Peltz rejoindra le comité de rémunération d'Unilever et
pourrait exiger des réformes des politiques d'incitation en matière
de rémunération. Chez P&G, il avait critiqué les objectifs qui
récompensaient les cadres supérieurs pour une croissance des ventes
inférieure à la moyenne du secteur.
Le marché salue l'arrivée de Peltz au conseil
L'action Unilever a bondi de 9,4% mardi et reculait de 0,4%
mercredi en milieu de matinée à Londres. Les investisseurs espèrent
peut-être qu'une campagne activiste provoquera une remontée du
titre comme ce fut le cas pour P&G. L'action du groupe
américain a pratiquement doublé entre le début de 2018, lorsque
Nelson Peltz a obtenu un siège au conseil d'administration, et le
moment où il s'est retiré trois ans et demi plus tard.
Le bilan de Trian sur sa dernière grande cible européenne du
secteur est plus mitigé. En novembre 2012, le fonds a dévoilé
détenir une participation dans le groupe agroalimentaire Danone,
alors que son cours de Bourse se situait autour de 48 euros. Après
avoir prédit que l'action atteindrait 78 euros dans les deux ans,
le fonds est sorti du capital en février 2015, alors que le titre
se négociait à environ 60 euros.
Travail sur les portefeuille de marques
La présence d'un actionnaire activiste pourrait accélérer la
cession des marques les moins attrayantes d'Unilever. En début
d'année, son directeur général, Alan Jope, s'était dit ouvert à une
vente des marques alimentaires du groupe afin de financer une offre
sur les activités de santé grand public de GlaxoSmithKline - une
telle opération a finalement été abandonnée.
Céder des marques de produits de beauté sous-performantes à Coty a
permis à P&G de stimuler la croissance de ses ventes, mais
l'essentiel de cette dynamique tient aux efforts déployés pour
mieux gérer ses marques existantes. Entre 2015 et 2019, le fait
d'arrêter de perdre des parts de marché a généré 2,4 points de
pourcentage de croissance supplémentaire des ventes, selon les
estimations de Bernstein. Unilever a déjà réalisé des progrès dans
ce domaine : au premier trimestre 2022, 58% de ses activités
gagnaient des parts de marché, contre 53% au quatrième trimestre
2021.
Une conjoncture délicate dans les émergents
Maintenir ce rythme sera délicat à tenir dans un contexte où les
budgets des consommateurs sont restreints. Les marques de
distributeurs gagnent des clients dans la zone euro, où l'inflation
a atteint 8,1% sur un an en mai. Les grandes marques sont
contraintes d'augmenter leurs prix afin de préserver leurs marges
bénéficiaires. Leurs produits deviennent ainsi moins compétitifs.
Selon des données de Nielsen, Danone, Unilever et Nestlé ont tous
perdu des parts de marché au profit de marques de distributeurs en
Europe au cours des quatre semaines ayant précédé le 24 avril.
Unilever est confronté à un défi spécifique à son positionnement
géographique. Le groupe réalise 60% de ses ventes sur les marchés
émergents, où l'inflation est plus élevée que dans les pays
développés et les revenus moyens plus faibles. P&G réalise pour
sa part la moitié de ses ventes en Amérique du Nord, où les
dépenses de consommation se montrent pour l'heure résilientes.
Un renouvellement du conseil d'administration constitue une bonne
nouvelle pour les actionnaires d'Unilever. Les efforts de
redressement du groupe sont toutefois déployés dans un contexte de
marché nettement plus défavorable que lorsque P&G s'est trouvé
dans une configuration comparable.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Eric Chalmet) ed: VLV
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June 01, 2022 05:24 ET (09:24 GMT)
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