Recrue du SBF 120, Derichebourg transforme la ferraille en or boursier - DJ Plus
20 Septembre 2021 - 10:11AM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le métier de ferrailleur n'a pas disparu
en France. Le pays abrite même l'un des champions du secteur,
Derichebourg, qui fait lundi son entrée dans le SBF 120. Depuis la
création de l'entreprise familiale de récupération de métaux en
1956, le groupe est resté fidèle à son cœur de métier. Il a réalisé
en 2020 un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros, dont les
deux tiers dans le recyclage des métaux ferreux et non ferreux. Le
reste provient de sa branche services aux collectivités et à
l'industrie.
L'arrivée de Derichebourg parmi les principales capitalisations
françaises n'a rien d'un hasard. Le rebond de l'économie mondiale
depuis un an entraîne une forte demande de matières premières,
notamment de métaux industriels comme le fer, le cuivre ou
l'aluminium dont les cours ont flambé. Mais la raréfaction des
ressources et les préoccupations environnementales poussent les
industries et les gouvernements à se tourner vers les matières
premières recyclées.
L'exemple de la Chine est le plus frappant : alors que le pays
cherche à freiner l'inflation des matières premières, il a allégé
cette année les taxes sur l'importation de ferraille afin de
soutenir la production d'acier recyclé, qui est également moins
polluante. En Europe, de grands sidérurgistes comme ArcelorMittal
ont détaillé des plans de verdissement de leur production basés
notamment sur un recours accru à la ferraille.
"La filière électrique [ndlr : production d'acier recyclé dans des
fours à arc électrique] représente 29% de la production mondiale
d'acier en 2020 et pourrait atteindre 39% d'ici à 2035, avec un
recours accru à la ferraille y compris par les hauts fourneaux afin
de réduire leur empreinte carbone", soulignent les analystes d'Oddo
BHF.
Des acquisitions transformantes
Grâce à une série d'acquisitions, notamment une filiale de Veolia
en 2016 et plus récemment l'espagnol Lyrsa, Derichebourg a bâti une
position de numéro un en France et en Espagne sur les marchés du
recyclage de métaux, qui inclut la collecte, le tri et la
transformation (broyage, laminage, fonte et purification) du métal
en vue de sa commercialisation comme matière première
secondaire.
"Avec près de 75% de son chiffre d'affaires 2021/22 réalisé avec le
recyclage de ferrailles et de métaux non-ferreux (aluminium, plomb,
cuivre), le groupe Derichebourg est aujourd'hui l'un des étendards
de l'économie circulaire en Europe. Il dispose en outre d'un
excellent 'track record' en matière d'acquisitions et
d'intégration", souligne Charles-Louis Planade, analyste chez
Midcap Partners.
"Malgré sa forte exposition aux matières premières entraînant une
volatilité de son chiffre d'affaires, le groupe possède un
'business model' très résilient s'illustrant notamment par un
Ebitda [excédent brut d'exploitation] très largement positif depuis
plus de 15 ans quel que soit le contexte économique ou sanitaire",
ajoute-t-il.
La finalisation attendue de l'acquisition d'Ecore, un autre
spécialiste français de la ferraille, renforcerait encore la
trajectoire de croissance du groupe, selon l'analyste qui s'attend,
si cette acquisition a lieu, à un triplement du résultat
opérationnel entre l'exercice 2018/19 et l'exercice 2022/23.
Une valeur cyclique
Après un recul du chiffre d'affaires de 9% en 2019-2020 lié à la
crise sanitaire, Derichebourg a enregistré un rebond de 27% de ses
ventes au premier semestre, clos fin mars, et est bien parti pour
publier des résultats records sur l'ensemble de l'exercice, selon
Oddo BHF. "Nous sommes assez confiants sur les performances
annuelles attendues avec un Ebitda qui devrait excéder 300 millions
d'euros", précise l'intermédiaire financier.
En Bourse, le titre a pris 69,6% depuis le début de l'année - en
tenant compte de la hausse d'environ 2% lundi matin pour son entrée
dans le SBF 120 - et évolue à un plus haut depuis 2007. Un tel
parcours pourrait inciter les investisseurs à faire une pause,
alors que des inquiétudes sur la croissance chinoise ont fait
chuter les cours des matières premières ces dernières semaines.
"Derichebourg reste une valeur cyclique et peut être affectée par
les inquiétudes macroéconomiques", reconnaît Charles-Louis
Planade.
Les annonces attendues au cours des prochains mois -- finalisation
de l'acquisition d'Ecore et publication des résultats du second
semestre -- devraient néanmoins constituer de puissants soutiens en
actant le changement de dimension du groupe. Selon un consensus
établi par FactSet, l'objectif de cours moyen des analystes sur
Derichebourg s'établit à 12,8 euros, soit un potentiel de hausse de
23%.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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