Le sort d'Engie en Bourse reste étroitement lié au nucléaire belge - DJ Plus
10 Janvier 2023 - 4:23PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--Engie met fin au suspense sur son avenir
en Belgique. L'énergéticien a annoncé lundi avoir trouvé un "accord
de principe" avec le gouvernement fédéral pour prolonger jusqu'en
2036 la durée de vie de deux réacteurs nucléaires sur les six qu'il
exploite actuellement dans le pays. Les quatre autres seront
arrêtés d'ici à 2025.
Cet accord est le fruit de longs mois de négociation entre Engie et
les autorités belges, qui ont dû revoir leur plan de sortie du
nucléaire - acté dès 2003 - à la lumière de la crise énergétique en
Europe. Engie s'est d'abord montré très réticent, le nucléaire ne
faisant plus partie de sa stratégie depuis la fin 2021.
"Le nucléaire peut cohabiter avec les autres activités du groupe
que sont les infrastructures énergétiques, le gaz naturel et les
renouvelables. Il générera des cash-flows positifs mais nécessitera
également des investissements conséquents", souligne Tancrède
Fulop, analyste chez Morningstar, qui juge la poursuite de cette
activité "globalement neutre" pour la valorisation d'Engie par le
marché.
Bien qu'ils soient les plus récents du parc, les réacteurs de Doel
4 et Tihange 3 devront subir des améliorations pour pouvoir
poursuivre leur activité au-delà de 2025. Dans son communiqué, le
groupe a indiqué qu'il engageait "immédiatement les études
environnementales et techniques préalables à l'obtention des
autorisations liées à cette prolongation".
Mais c'est surtout le coût financier à long terme qui inquiète le
groupe et les investisseurs. Depuis la loi de sortie du nucléaire
de 2003, Engie a dû constituer une provision de près de 15
milliards d'euros afin de financer le démantèlement et la gestion
des déchets de ses centrales belges. Ce montant est réévalué tous
les trois ans par une commission indépendante, la Commission des
provisions nucléaires (CPN).
Des coûts bientôt plafonnés
Le mois dernier, la CPN a enjoint le groupe de rallonger cette
enveloppe de 3,3 milliards d'euros à la suite de nouvelles
estimations des coûts liés au démantèlement des centrales et à
l'enfouissement des déchets. Engie a contesté ce chiffre, qui
résulte selon lui d'une baisse "injustifiée" du taux
d'actualisation de ses provisions. Le groupe espère trouver un
terrain d'entente avec la commission d'ici à la fin mars.
Le titre Engie a perdu 7% depuis cette annonce, alors que l'indice
sectoriel Stoxx Utilities a gagné dans le même temps près de 3%.
Sur l'ensemble de l'année écoulée, l'action Engie a fait du
surplace tandis que les bénéfices du groupe se sont envolés. "Le
marché n'aime pas l'incertitude", résume un analyste pour qui le
montant de 3,3 milliards d'euros réclamé par la CPN, s'il était
confirmé, serait clairement une mauvaise nouvelle.
L'accord annoncé lundi fixe néanmoins un cadre plus sécurisant pour
les futures activités nucléaires d'Engie. L'Etat belge a accepté de
s'engager aux côtés du groupe français dans une structure juridique
dédiée aux deux réacteurs prolongés, dont il pourrait partager les
aléas de remise en service. Surtout, il a validé le principe d'un
plafonnement des engagements financiers d'Engie liés au traitement
des déchets nucléaires. Un point important qui pourrait alléger les
inquiétudes des investisseurs, à condition que ce plafond ne
dépasse pas les attentes les plus pessimistes des analystes. La
réponse devrait intervenir dans les prochains mois.
-François Schott Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: VLV
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