Dimitri Delmond,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action Eutelsat ne cesse de perdre de l'altitude. L'action chute de 15,1% mardi, à 7,28 euros, alors que le protocole d'accord signé par l'opérateur de satellites pour l'acquisition de OneWeb, dont il détient déjà près de 23% du capital, apporte chaque jour son lot de signaux alarmants à ses actionnaires.



Eutelsat a annoncé mardi avoir signé avec les principaux actionnaires de OneWeb un protocole d'accord en vue d'un rapprochement entre les deux sociétés, dans le but de "créer un acteur mondial unique et de premier plan dans le domaine de la connectivité". Après avoir absorbé OneWeb, Eutelsat regroupera sa flotte de 36 satellites géostationnaires (GEO) et la constellation de 648 satellites en basse orbite (LEO) de l'entreprise britannique, dont 428 sont actuellement opérationnels. Du fait de la dilution qu'implique ce rapprochement, l'annonce de l'entrée en discussions des deux parties avait déjà été fraîchement accueillie par le marché lundi, le titre Eutelsat ayant plongé de 17,8%.



Le protocole d'accord prévoit que la transaction soit structurée comme un apport, par les actionnaires de OneWeb, de leur participation dans la société britannique à Eutelsat, en échange de 230 millions d'actions Eutelsat nouvellement émises. A l'issue de l'opération, les actionnaires d'Eutelsat et de OneWeb détiendront chacun 50% des actions de l'entité fusionnée.



Une politique de dividende nébuleuse



Dans le cadre du rapprochement envisagé, OneWeb est valorisé à 3,4 milliards de dollars, soit environ 3,3 milliards d'euros, impliquant une valeur de 12 euros par action Eutelsat, avant synergies et dividende inclus. Eutelsat prévoit effectivement de verser un dividende de 0,93 euro par action au titre de son exercice 2021-2022, achevé fin juin, avant de suspendre sa politique de distribution pour les deux exercices suivants.



"L'absence de dividende à verser au titre des deux prochains exercices fait l'effet d'un coup de massue", réagit un analyste basé à Paris. Aussi, lors de la conférence organisée avec la communauté financière, les dirigeants n'ont pas garanti une reprise de la politique de distribution par la suite. "Cette inconnue crispe le marché, alors que les investisseurs appréciaient le rendement procuré par le dividende d'Eutelsat, qui servait de coussin de sécurité lorsque le groupe décevait sur son rythme de croissance", ajoute cet analyste.



La suspension à venir de la politique de distribution s'explique notamment par l'épaisseur des investissements que devra consentir l'entité fusionnée pour développer la constellation de OneWeb. Ils sont attendus entre 725 millions et 875 millions d'euros par an sur la période couvrant les exercices 2023-2024 à 2029-2030. "Cela signifie que les investisseurs devront patienter jusqu'à la clôture de l'exercice 2024-2025 ou le suivant pour espérer voir Eutelsat dégager des flux de trésorerie convenables", déplore un gérant.



Une augmentation de capital à l'horizon ?



En attendant, l'utilisation de la robuste génération de trésorerie d'Eutelsat pour compléter et améliorer les plans d'investissement de OneWeb risque d'augmenter le profil de risque de la société et de renforcer la volatilité de l'action de l'opérateur de satellites.



Pour Société Générale, Eutelsat pourrait même devoir recourir à une augmentation de capital ou à une émission de dette hybride d'ici à la clôture de l'exercice 2022-2023, afin de conserver une notation en catégorie investissement. A la fin mars, Standard & Poor's a abaissé la perspective associée à la notation du groupe de "stable" à "négative". Le ratio dette nette sur excédent brut d'exploitation (Ebitda) de la future entité, qui s'élèvera à 4 après la transaction, devrait être réduit, avec un objectif de multiple d'endettement d'environ 3 visé à moyen terme, selon Eutelsat.



L'acquisition de OneWeb par Eutelsat anéantit également la perspective d'une prise de contrôle de l'opérateur de satellites par un concurrent, à laquelle se rattachaient encore quelques investisseurs. Pour un prédateur tel que le groupe luxembourgeois SES, l'acquisition d'un groupe qui ne génère plus de liquidités ne représente plus grand intérêt, observe Société Générale. D'autant que la taille de la cible en question a augmenté et que sa base d'actionnaires est devenue plus coriace à convaincre, puisque composée notamment des Etats français et britanniques. Les minoritaires sont condamnés à vendre ou à s'embarquer pour une destination inexplorée.






-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH



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July 26, 2022 09:55 ET (13:55 GMT)




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