François schott,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--La fête touche-t-elle à sa fin pour les valeurs du luxe ? Après un rallye boursier de 25% depuis le début de l'année, les principales valeurs du secteur en Europe traversent une zone de turbulences. LVMH, Kering et Hermès cèdent environ 4% depuis le début de la semaine, l'italien Prada perd 9,2% et le Suisse Richemont recule d'un peu plus de 2%, effaçant ensemble plusieurs dizaines de milliards d'euros de capitalisation boursière.



Le mouvement a débuté après la publication des résultats de Burberry pour l'exercice clos fin avril, le 18 mai. Le couturier britannique a ravivé les craintes d'un ralentissement plus marqué que prévu du marché américain, où ses ventes ont baissé de 7% au cours du trimestre écoulé.



Même s'il a mieux résisté, le numéro un mondial du luxe LVMH a lui aussi constaté une moindre demande aux Etats-Unis pour ses produits les plus abordables, comme les bijoux en argent. Le groupe évoque une "normalisation" du marché américain après deux années de croissance hors norme.



"Le ralentissement voire la contraction des ventes en glissement annuel aux Etats-Unis alimentent l'inquiétude, notamment en raison des signes de ralentissement de la demande de la part des consommateurs attirés par les produits d'entrée de gamme, plus sensibles à la conjoncture économique", soulignent les analystes de Deutsche Bank.



Ce sont précisément ces consommateurs, généralement jeunes, qui ont alimenté le nouvel essor du secteur au sortir de la crise sanitaire, aidés par une généreuse politique de chèques à la consommation du gouvernement américain. Cependant, l'heure n'est plus aux cadeaux fiscaux mais à la réduction des dépenses publiques, au cœur du bras de fer actuel entre démocrates et républicains sur le plafond de la dette.



Heureusement pour les groupes de luxe, tous les moteurs de la croissance ne décélèrent pas, loin de là. Les revenus des clients les plus aisés n'ont guère été affectés par la disparition des aides ou par l'inflation, et la "désirabilité" des marques de luxe les plus iconiques reste forte.



En témoigne le rebond des ventes en Europe au premier trimestre, dopée par le retour des touristes mais aussi par la clientèle locale fortunée. LVMH a ainsi enregistré des taux de croissance organique de 24% en Europe sur les trois premiers mois de l'année, et de 34% au Japon.



Le rebond chinois se fait attendre



Mais c'est en Chine que le meilleur est à venir. Alors qu'elle représentait plus d'un tiers du marché mondial du luxe avant la pandémie de Covid-19, la clientèle chinoise a vu sa part chuter à 17% en 2022 en raison des confinements stricts mis en place par Pékin.



"La réouverture de la Chine devrait stimuler les ventes de produits de luxe cette année et représenter 60% de la croissance des dépenses d'ici à 2030", indiquait Morgan Stanley dans une note publiée à la mi-mars.



La levée des restrictions sanitaires début janvier a déjà entraîné un fort rebond des achats en Chine continentale et dans les destinations touristiques de Hong Kong et Macao. Les voyages à l'étranger sont quant à eux freinés par les difficultés des autorités chinoises à répondre aux nombreuses demandes de visas et les capacités limitées des compagnies aériennes.



"L'envie des Chinois de voyager est très forte, que ce soit vers l'Europe ou vers les Etats-Unis. Ces voyages sont une occasion exceptionnelle de faire des achats, en particulier de produits de luxe. Ce sera un puissant catalyseur pour le secteur dans la deuxième partie de l'année", estime Jie Zhang, analyste chez Alphavalue.



Sur le marché intérieur chinois, la reprise pourrait cependant être plus poussive. Les écarts de revenus entre les grandes métropoles et les villes de taille moyenne, où les groupes de luxe ont ouvert de nombreuses boutiques ces dernières années, se sont creusés avec la crise sanitaire.



"Dans les plus petites villes, le chômage a augmenté et la propension à consommer n'est pas aussi forte", souligne l'analyste. Au final, le rebond du marché chinois pourrait s'avérer plus lent que prévu. "Ce ne sera pas une reprise en 'V'", indique Jie Zhang.



Les incertitudes sur l'ampleur du rebond chinois et celle du ralentissement américain expliquent, en grande partie, le regain de prudence des investisseurs sur les valeurs du luxe.



"Nous estimons que le secteur devrait stagner [en Bourse, ndlr] jusqu'à ce que les perspectives macroéconomiques s'améliorent aux Etats-Unis", soulignent les analystes de Stifel.



A 28 fois les bénéfices attendus pour l'année en cours, le secteur reste cher au regard de la valorisation de l'ensemble des actions. Le ratio cours-bénéfices pour l'indice MSCI World est actuellement d'environ 17. Pour justifier sa prime, le luxe devra prouver au cours des prochains trimestres qu'il lui reste de nombreuses réserves de croissance.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: VLV



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May 26, 2023 10:00 ET (14:00 GMT)




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