Les valeurs du luxe rattrapées par les craintes sur le consommateur américain - DJ Plus
26 Mai 2023 - 04:20PM
Dow Jones News
François schott,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--La fête touche-t-elle à sa fin pour les
valeurs du luxe ? Après un rallye boursier de 25% depuis le début
de l'année, les principales valeurs du secteur en Europe traversent
une zone de turbulences. LVMH, Kering et Hermès cèdent environ 4%
depuis le début de la semaine, l'italien Prada perd 9,2% et le
Suisse Richemont recule d'un peu plus de 2%, effaçant ensemble
plusieurs dizaines de milliards d'euros de capitalisation
boursière.
Le mouvement a débuté après la publication des résultats de
Burberry pour l'exercice clos fin avril, le 18 mai. Le couturier
britannique a ravivé les craintes d'un ralentissement plus marqué
que prévu du marché américain, où ses ventes ont baissé de 7% au
cours du trimestre écoulé.
Même s'il a mieux résisté, le numéro un mondial du luxe LVMH a lui
aussi constaté une moindre demande aux Etats-Unis pour ses produits
les plus abordables, comme les bijoux en argent. Le groupe évoque
une "normalisation" du marché américain après deux années de
croissance hors norme.
"Le ralentissement voire la contraction des ventes en glissement
annuel aux Etats-Unis alimentent l'inquiétude, notamment en raison
des signes de ralentissement de la demande de la part des
consommateurs attirés par les produits d'entrée de gamme, plus
sensibles à la conjoncture économique", soulignent les analystes de
Deutsche Bank.
Ce sont précisément ces consommateurs, généralement jeunes, qui ont
alimenté le nouvel essor du secteur au sortir de la crise
sanitaire, aidés par une généreuse politique de chèques à la
consommation du gouvernement américain. Cependant, l'heure n'est
plus aux cadeaux fiscaux mais à la réduction des dépenses
publiques, au cœur du bras de fer actuel entre démocrates et
républicains sur le plafond de la dette.
Heureusement pour les groupes de luxe, tous les moteurs de la
croissance ne décélèrent pas, loin de là. Les revenus des clients
les plus aisés n'ont guère été affectés par la disparition des
aides ou par l'inflation, et la "désirabilité" des marques de luxe
les plus iconiques reste forte.
En témoigne le rebond des ventes en Europe au premier trimestre,
dopée par le retour des touristes mais aussi par la clientèle
locale fortunée. LVMH a ainsi enregistré des taux de croissance
organique de 24% en Europe sur les trois premiers mois de l'année,
et de 34% au Japon.
Le rebond chinois se fait attendre
Mais c'est en Chine que le meilleur est à venir. Alors qu'elle
représentait plus d'un tiers du marché mondial du luxe avant la
pandémie de Covid-19, la clientèle chinoise a vu sa part chuter à
17% en 2022 en raison des confinements stricts mis en place par
Pékin.
"La réouverture de la Chine devrait stimuler les ventes de produits
de luxe cette année et représenter 60% de la croissance des
dépenses d'ici à 2030", indiquait Morgan Stanley dans une note
publiée à la mi-mars.
La levée des restrictions sanitaires début janvier a déjà entraîné
un fort rebond des achats en Chine continentale et dans les
destinations touristiques de Hong Kong et Macao. Les voyages à
l'étranger sont quant à eux freinés par les difficultés des
autorités chinoises à répondre aux nombreuses demandes de visas et
les capacités limitées des compagnies aériennes.
"L'envie des Chinois de voyager est très forte, que ce soit vers
l'Europe ou vers les Etats-Unis. Ces voyages sont une occasion
exceptionnelle de faire des achats, en particulier de produits de
luxe. Ce sera un puissant catalyseur pour le secteur dans la
deuxième partie de l'année", estime Jie Zhang, analyste chez
Alphavalue.
Sur le marché intérieur chinois, la reprise pourrait cependant être
plus poussive. Les écarts de revenus entre les grandes métropoles
et les villes de taille moyenne, où les groupes de luxe ont ouvert
de nombreuses boutiques ces dernières années, se sont creusés avec
la crise sanitaire.
"Dans les plus petites villes, le chômage a augmenté et la
propension à consommer n'est pas aussi forte", souligne l'analyste.
Au final, le rebond du marché chinois pourrait s'avérer plus lent
que prévu. "Ce ne sera pas une reprise en 'V'", indique Jie
Zhang.
Les incertitudes sur l'ampleur du rebond chinois et celle du
ralentissement américain expliquent, en grande partie, le regain de
prudence des investisseurs sur les valeurs du luxe.
"Nous estimons que le secteur devrait stagner [en Bourse, ndlr]
jusqu'à ce que les perspectives macroéconomiques s'améliorent aux
Etats-Unis", soulignent les analystes de Stifel.
A 28 fois les bénéfices attendus pour l'année en cours, le secteur
reste cher au regard de la valorisation de l'ensemble des actions.
Le ratio cours-bénéfices pour l'indice MSCI World est actuellement
d'environ 17. Pour justifier sa prime, le luxe devra prouver au
cours des prochains trimestres qu'il lui reste de nombreuses
réserves de croissance.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: VLV
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