PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le spécialiste des infrastructures électriques Legrand a confirmé jeudi ses objectifs financiers pour cette année, alors que ses résultats du premier trimestre ont dépassé les attentes des analystes.



Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, le directeur financier de Legrand, Franck Lemery, revient sur cette publication, tout en faisant le point sur l'état actuel de la demande, dans un contexte marqué par les difficultés d'approvisionnement. Le dirigeant détaille également la stratégie de croissance externe du groupe et sa politique tarifaire destinée à contrer l'inflation de ses coûts.



Agefi-Dow Jones : Comment Legrand compose-t-il avec cet environnement incertain depuis le début de l'année ?



Franck Lemery : "Les résultats du premier trimestre de cette année réunissent une robuste croissance globale du chiffre d'affaires, proche de 18%, profitant d'un effet de périmètre positif de 3,2%, et une rentabilité résiliente, dans un environnement de marché un peu plus chahuté que prévu. Mais Legrand a su tirer son épingle du jeu grâce à sa capacité à répondre aux besoins de ses clients, à prendre des initiatives commerciales et à lancer de nouveaux produits. Au cours de la période, nous avons par ailleurs dû cesser nos activités en Ukraine et décidé de geler nos investissements en Russie, qui comptent pour environ 2% de l'activité du groupe".



Agefi-Dow Jones : Quel est l'état de la demande depuis le début de cette année ? Legrand continue-t-il à pâtir de difficultés en matière d'approvisionnement ?



F. L. : "La demande évolue globalement de manière positive mais reste particulièrement dynamique dans le secteur des 'datacenters', et en Europe où toutes les offres liées à l'efficacité énergétique sont prisées. Aussi, le secteur du bâtiment non-résidentiel a redémarré aux Etats-Unis. Il s'agit d'un signal positif important pour Legrand, sachant que ce segment compte pour environ 55% de notre exposition à la zone Amérique du Nord, qui contribue elle-même à 40% du chiffre d'affaires du groupe. Mais la demande dans le non-résidentiel n'a encore pas retrouvé ses niveaux de 2019 aux Etats-Unis.



Les pénuries de composants et de matières ont fait perdre à Legrand quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021 et nous n'observons pas de changement de tendance depuis le début de cette année. A ceci près que ces pénuries se concentrent en 2022 sur les composants électroniques et sur les Etats-Unis, où s'ajoutent les pénuries de main d'œuvre et les difficultés liées au transport et à la logistique".



Agefi-Dow Jones : Dans quelle mesure avez-vous augmenté vos prix de vente pour compenser l'inflation de vos coûts ?



F. L. : "Nous avons subi une hausse d'environ 18% des coûts des matières premières et des composants au premier trimestre de cette année, et cette inflation se répercute sur nos prix de vente. Sur le premier trimestre 2022, nos prix ont augmenté de 8% par rapport à la même période de 2021, après avoir déjà augmenté de 6% au dernier trimestre de 2021. Cependant, la hausse de nos prix de vente reste raisonnable. Et Legrand a toujours augmenté ses tarifs, fort d'un 'pricing power' justifié par l'innovation produit".



Agefi-Dow Jones : Vous avez réalisé quatre acquisitions l'an dernier. Comptez-vous poursuivre la croissance externe ?



F. L. : "Oui, il faut souligner à quel point les acquisitions comptent dans notre modèle. Nous appartenons à un marché très fragmenté, dont nous sommes un consolidateur, grâce à notre rentabilité relativement élevée. Au cours des dix dernières années, nous avons racheté 54 sociétés, en investissant 5,3 milliards d'euros. L'an passé, nous avons réalisé 4 acquisitions (Emos en République Tchèque, Geiger en Allemagne, Ensto Building Systems en Finlande et Ecotap aux Pays-Bas), ce qui a représenté un investissement d'environ 480 millions d'euros, pour reprendre près de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires.



Nous comptons poursuivre cette politique d'acquisitions. Notre marché regroupe environ 3.000 petites et moyennes sociétés, mais nous ne sommes intéressés que par les meilleures. Nous suivons ainsi environ 300 leaders en permanence constituant des cibles à fort potentiel. Nous disposons toujours de marges de manœuvre importantes, alors que la dette nette du groupe ne représente pas plus de 1,6 fois son excédent brut d'exploitation".



Agefi-Dow Jones : Comment comptez-vous accélérer la croissance de vos revenus ?



F. L. : "Notre potentiel de croissance future repose principalement sur les 'datacenters', les produits connectés et les offres d'efficacité énergétique. C'est notamment pourquoi nous avons acquis 13 sociétés spécialisées dans les datacenters au cours des dix dernières années. Entre 2019 et 2021, ces trois segments ont enregistré une croissance organique de 15% de leurs revenus, et ils ont représenté 33% du chiffre d'affaires de Legrand, contre 18% en 2015. A moyen terme, nous voulons que ce segment compte pour 50% de l'activité du groupe. L'an passé, les 'datacenters' ont représenté 13% de notre chiffre d'affaires, les objets connectés 15% et les offres d'efficacité énergétique 21%".



-Propos recueillis par Capucine Cousin et Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones



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May 05, 2022 03:16 ET (07:16 GMT)




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