Stephen Wilmot,



The Wall Street Journal





LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Se détournant des grandes valeurs technologiques, les investisseurs s'intéressent à certaines stars déchues de l'ère des dot-com : les opérateurs de télécommunications tels que Vodafone, coté à Londres. Le pari a du sens, surtout si les dirigeants européens décident que les réseaux 5G constituent une priorité plus importante que les forfaits téléphoniques à prix réduit.



Les valeurs des télécommunications figurent parmi les rares gagnants de ce début 2002. A l'échelle mondiale, le secteur a progressé de 3%, contre un repli de 6% pour l'indice MSCI World. La hausse des taux améliore mécaniquement l'attrait des entreprises qui versent des dividendes par rapport à celles qui promettent de la croissance. Toutefois, des facteurs spécifiques entrent également en jeu, notamment en Europe. L'action Vodafone progresse ainsi de 20%, soutenue par des informations sur l'activisme des investisseurs et de potentielles transactions.



L'un des espoirs des investisseurs repose sur le fait que le groupe, qui a détenu à une époque 45% de Verizon Communications et qui opère toujours directement dans 21 pays, pourrait être en mesure de fusionner certaines de ses activités européennes avec des homologues locaux. De telles opérations suivraient l'exemple de la fusion entre T-Mobile et Sprint, qui a ramené le nombre d'opérateurs mobiles américains de quatre à trois.



Investissements massifs et explosion du trafic



Les synergies de coûts latentes dans les fusions dites de "quatre à trois" pourraient changer la donne pour l'ensemble du secteur des télécommunications en Europe. Depuis des années, les fournisseurs de réseaux de la région sont pris en étau entre les investissements massifs nécessaires pour faire face à l'explosion du trafic de données et leur incapacité à faire payer davantage les consommateurs pour une meilleure connectivité.



Toutefois, comme aux Etats-Unis, de telles opérations seraient politiquement sensibles, car les opérateurs auraient peut-être plus de latitude pour augmenter les prix dans un contexte de concurrence réduite. En 2014 et 2015, les espoirs de fusion et les hausses des titres qui les avaient accompagnés avaient été douchés par l'opposition farouche des autorités de la concurrence.



Plusieurs opérateurs semblent estimer que cette fois-ci, la situation est différente. La semaine dernière, Iliad a officiellement confirmé pour la première fois un accord potentiel très médiatisé entre son entité italienne et celle de Vodafone, qui avait rejeté une offre en numéraire de 11,25 milliards d'euros, selon l'opérateur français. La semaine dernière également, le journal économique espagnol Expansión a fait état de pourparlers entre la filiale espagnole d'Orange et son rival local MasMovil, société précédemment liée à des négociations avec Vodafone.



L'infrastructure numérique, un enjeu stratégique



Les règles en matière de concurrence sont devenues encore plus strictes depuis 2015. Pourtant, la première phase de la crise sanitaire a mis en lumière le caractère stratégique des infrastructures numériques. Lors d'une conférence téléphonique avec les analystes au début du mois, le directeur général de Vodafone, Nick Read, a indiqué que les mesures de confinement instaurées pour éviter la propagation du Covid-19 avaient "ouvert un nouveau courant de discussion" avec les gouvernements, portant notamment sur la nécessité d'améliorer les faibles rendements du secteur pour attirer les investissements.



Les arguments en faveur de l'achat de valeurs telles que Vodafone ou Orange ne reposent pas uniquement sur des fusions aux mérites discutables pour les consommateurs. Ces opérateurs cherchent en parallèle à améliorer leurs rendements et leurs valorisations en plaçant leurs tours de télécommunications et infrastructures de fibre optique au sein d'entreprises distinctes, amenées à être scindées et qui peuvent être présentées aux investisseurs comme des infrastructures de grande valeur.



L'année dernière, Vodafone a ainsi introduit en Bourse son activité de tours, Vantage Towers, et pourrait maintenant la fusionner avec ses équivalents chez Orange ou Deutsche Telekom. De telles transactions pourraient lui permettre de bénéficier de certains des avantages liés à des rapprochements plus vastes mais qui, pour des motifs politiques, sont compliqués à mettre en œuvre.



Quelle que soit l'issue de ces éventuelles transactions, Vodafone doit maintenant composer avec le premier gérant de fonds activiste d'Europe, Cevian Capital. Bien que ce dernier n'ait fait aucun commentaire officiel sur sa prise de participation dans Vodafone, le fonds appelle généralement les entreprises dans lesquelles il investit à vendre leurs actifs non stratégiques. La participation de 81% de Vodafone dans Vantage Towers, qui se négocie à des multiples bien plus élevés que son actionnaire, semble être un candidat idéal pour une première cession.



En ce début d'année 2022, les opérateurs européens de télécommunications ressemblent décidément de moins en moins à un piège à valeur pour leurs actionnaires et de plus en plus à de véritables bonnes affaires.





-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck et Eric Chalmet) ed: ECH - VLV



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February 16, 2022 05:18 ET (10:18 GMT)




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