L'espoir de M&A fait à nouveau vibrer les opérateurs de télécoms - Plus Europe
16 Février 2022 - 11:38AM
Dow Jones News
Stephen Wilmot,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Se détournant des grandes valeurs
technologiques, les investisseurs s'intéressent à certaines stars
déchues de l'ère des dot-com : les opérateurs de télécommunications
tels que Vodafone, coté à Londres. Le pari a du sens, surtout si
les dirigeants européens décident que les réseaux 5G constituent
une priorité plus importante que les forfaits téléphoniques à prix
réduit.
Les valeurs des télécommunications figurent parmi les rares
gagnants de ce début 2002. A l'échelle mondiale, le secteur a
progressé de 3%, contre un repli de 6% pour l'indice MSCI World. La
hausse des taux améliore mécaniquement l'attrait des entreprises
qui versent des dividendes par rapport à celles qui promettent de
la croissance. Toutefois, des facteurs spécifiques entrent
également en jeu, notamment en Europe. L'action Vodafone progresse
ainsi de 20%, soutenue par des informations sur l'activisme des
investisseurs et de potentielles transactions.
L'un des espoirs des investisseurs repose sur le fait que le
groupe, qui a détenu à une époque 45% de Verizon Communications et
qui opère toujours directement dans 21 pays, pourrait être en
mesure de fusionner certaines de ses activités européennes avec des
homologues locaux. De telles opérations suivraient l'exemple de la
fusion entre T-Mobile et Sprint, qui a ramené le nombre
d'opérateurs mobiles américains de quatre à trois.
Investissements massifs et explosion du trafic
Les synergies de coûts latentes dans les fusions dites de "quatre à
trois" pourraient changer la donne pour l'ensemble du secteur des
télécommunications en Europe. Depuis des années, les fournisseurs
de réseaux de la région sont pris en étau entre les investissements
massifs nécessaires pour faire face à l'explosion du trafic de
données et leur incapacité à faire payer davantage les
consommateurs pour une meilleure connectivité.
Toutefois, comme aux Etats-Unis, de telles opérations seraient
politiquement sensibles, car les opérateurs auraient peut-être plus
de latitude pour augmenter les prix dans un contexte de concurrence
réduite. En 2014 et 2015, les espoirs de fusion et les hausses des
titres qui les avaient accompagnés avaient été douchés par
l'opposition farouche des autorités de la concurrence.
Plusieurs opérateurs semblent estimer que cette fois-ci, la
situation est différente. La semaine dernière, Iliad a
officiellement confirmé pour la première fois un accord potentiel
très médiatisé entre son entité italienne et celle de Vodafone, qui
avait rejeté une offre en numéraire de 11,25 milliards d'euros,
selon l'opérateur français. La semaine dernière également, le
journal économique espagnol Expansión a fait état de pourparlers
entre la filiale espagnole d'Orange et son rival local MasMovil,
société précédemment liée à des négociations avec Vodafone.
L'infrastructure numérique, un enjeu stratégique
Les règles en matière de concurrence sont devenues encore plus
strictes depuis 2015. Pourtant, la première phase de la crise
sanitaire a mis en lumière le caractère stratégique des
infrastructures numériques. Lors d'une conférence téléphonique avec
les analystes au début du mois, le directeur général de Vodafone,
Nick Read, a indiqué que les mesures de confinement instaurées pour
éviter la propagation du Covid-19 avaient "ouvert un nouveau
courant de discussion" avec les gouvernements, portant notamment
sur la nécessité d'améliorer les faibles rendements du secteur pour
attirer les investissements.
Les arguments en faveur de l'achat de valeurs telles que Vodafone
ou Orange ne reposent pas uniquement sur des fusions aux mérites
discutables pour les consommateurs. Ces opérateurs cherchent en
parallèle à améliorer leurs rendements et leurs valorisations en
plaçant leurs tours de télécommunications et infrastructures de
fibre optique au sein d'entreprises distinctes, amenées à être
scindées et qui peuvent être présentées aux investisseurs comme des
infrastructures de grande valeur.
L'année dernière, Vodafone a ainsi introduit en Bourse son activité
de tours, Vantage Towers, et pourrait maintenant la fusionner avec
ses équivalents chez Orange ou Deutsche Telekom. De telles
transactions pourraient lui permettre de bénéficier de certains des
avantages liés à des rapprochements plus vastes mais qui, pour des
motifs politiques, sont compliqués à mettre en œuvre.
Quelle que soit l'issue de ces éventuelles transactions, Vodafone
doit maintenant composer avec le premier gérant de fonds activiste
d'Europe, Cevian Capital. Bien que ce dernier n'ait fait aucun
commentaire officiel sur sa prise de participation dans Vodafone,
le fonds appelle généralement les entreprises dans lesquelles il
investit à vendre leurs actifs non stratégiques. La participation
de 81% de Vodafone dans Vantage Towers, qui se négocie à des
multiples bien plus élevés que son actionnaire, semble être un
candidat idéal pour une première cession.
En ce début d'année 2022, les opérateurs européens de
télécommunications ressemblent décidément de moins en moins à un
piège à valeur pour leurs actionnaires et de plus en plus à de
véritables bonnes affaires.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck et Eric Chalmet) ed: ECH - VLV
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February 16, 2022 05:18 ET (10:18 GMT)
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