Bruno de Roulhac,



L'Agefi





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Vent de révolte chez Orange. Les actionnaires salariés du groupe télécoms manifestent leur opposition à l'arrivée d'un président non exécutif qui dépasserait les 70 ans en cours de mandat, selon un communiqué signé par la CFE-CGC Orange, qui se déclare première organisation syndicale du groupe Orange avec une représentativité de 27,3%, et par l'Association pour la défense de l'épargne et de l'actionnariat des salariés du groupe Orange (Adeas).



Avec le départ contraint du PDG Stéphane Richard, suite à sa condamnation en appel dans l'affaire Tapie, le conseil d'administration du groupe télécoms a décidé de dissocier les fonctions de direction. Christel Heydemann a été nommée directrice générale à compter du 4 avril, tandis que le nom du futur président sera dévoilé avant l'assemblée générale (AG) du 19 mai prochain.



Lors de cette AG, Orange propose de modifier les statuts sur l'âge du président du conseil. Actuellement, il est démissionnaire d'office à 70 ans. Demain, s'il atteint les 70 ans en cours de mandat, il pourra poursuivre ses fonctions jusqu'à la fin de son mandat, habituellement de quatre ans chez Orange.



Les salariés détiennent 10% des droits de vote



Cette résolution relève de l'assemblée générale extraordinaire et nécessite donc les deux tiers des voix. Si l'Etat, avec Bpifrance, est le premier actionnaire d'Orange avec 23% du capital et 29% des droits de vote, les salariés constituent le deuxième propriétaire du groupe avec 6% du capital et près de 10% des droits de vote, soit près de 14% en AG, sur la base du quorum de 74% de l'an dernier. Les trois organisations syndicales représentées au conseil de surveillance du FCPE Orange Actions, qui regroupent la plupart des actions du personnel, ont rejeté à l'unanimité cette résolution, précise le communiqué.



Seront-ils suivis par les autres actionnaires ? Dans leur politique de vote, les investisseurs institutionnels ne peuvent fixer de limite d'âge pour un administrateur ou pour un président, car ce serait de la discrimination. "Il ne saurait être question de voter contre un administrateur sur la base de son âge, mais uniquement sur la base de ses mérites et de sa contribution aux travaux du conseil d'administration (notamment en cas de doutes sur la qualité de son travail ou de son temps disponible) ainsi que de son indépendance (perdue au bout de 12 années de présence au conseil, par exemple)", précise Marie-Sybille Connan, analyste ESG chez Allianz GI. En 2016, les actionnaires de Valeo avaient rejeté la résolution limitant à 70 ans la nomination d'un administrateur, les investisseurs américains ayant crié à la discrimination.



Un indicateur de processus de succession



"Si nous n'émettons pas de recommandation sur l'âge limite statutaire d'un administrateur, l'âge constitue un indicateur dans le cadre du processus de succession, une des principales responsabilités du conseil", précise Loïc Dessaint, responsable de la gouvernance chez Proxinvest. Dans sa politique de vote, Proxinvest recommande que la limite d'âge fixée dans les statuts n'excède pas 65 ans pour le directeur général et 75 ans pour le président du conseil et que le processus de succession soit présenté au marché au moins deux ans avant l'atteinte de ces limites d'âge.



"Avant d'émettre notre recommandation de vote, nous attendrons de connaître les motivations du conseil et l'identité de l'administrateur pour lequel ce changement est destiné", poursuit Loïc Dessaint. "Parfois, nous recommandons que ces exceptions statutaires sur l'âge soient nominatives, car il est rare que les conseils d'administration fassent machine arrière une fois la personne partie."



Maîtrise demandée des enjeux technologiques



La dernière modification des statuts de France Télécom-Orange "avait été réalisée pour permettre à Didier Lombard de poursuivre son mandat en repoussant l'âge limite du président et en ramenant la durée du mandat à quatre ans. Difficile d'affirmer que cela fut favorable à l'entreprise", ajoute le communiqué.



"Comment un président issu de l'extérieur, ne connaissant pas l'entreprise et ne pouvant exercer qu'un seul mandat, serait-il à même d'animer un conseil d'administration dont la vocation est de définir les orientations stratégiques sur le temps long dont Orange a besoin ?", relèvent les actionnaires salariés, soulignant qu'Orange "appartient au secteur des nouvelles technologies et qu'il est difficile de nommer sa tête des dirigeants n'en ayant pas une parfaite maîtrise".



Cet argument en faveur d'un président moins âgé, "donc plus au fait des évolutions techniques et technologiques, compétent sur les enjeux sectoriels, fait sens pour Orange", ajoute Loïc Dessaint. Seraient en lice, Jacques Aschenbroich, actuel président de Valeo, bientôt 68 ans et Patricia Barbizet, bientôt 67 ans, selon Le Monde. En outre, Le personnel s'interroge sur la cohérence et l'exemplarité, alors qu'un plan de départs volontaires pour les plus de 57 ans vise jusqu'à 10.000 salariés.



La nomination de quelqu'un qui approche des 70 ans, donc pour un seul mandat "présente peu d'intérêt car il faut pouvoir se projeter dans le futur. Que nous proposerait alors le conseil à la fin du mandat ? Changer de président, rallonger une fois encore l'âge statutaire, regrouper les fonctions de président et de directeur général ? Aucune de ces trois options ne semblent a priori souhaitable pour une bonne gouvernance", conclut Proxinvest, attendant une dissociation pérenne des fonctions.





-Bruno de Roulhac, L'Agefi ed: VLV



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March 17, 2022 05:15 ET (09:15 GMT)




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