Gonflé par le Covid, Sartorius Stedim Biotech a péché par excès d'optimisme

Pierre-Jean Lepagnot,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le reflux de la pandémie de Covid-19 a fait une nouvelle victime au sein du SBF 120 : au lendemain du repli accusé par le fabricant de tests Eurofins, le titre Sartorius Stedim Biotech chute de 15,6% à 297,4 euros mercredi en début d'après-midi, encaissant de loin la plus forte baisse de l'indice. Les investisseurs ne pardonnent pas au fournisseur de produits pour l'industrie pharmaceutique la publication de résultats trimestriels inférieurs à leurs attentes et la révision à la baisse de sa prévision de chiffre d'affaires pour 2022.

Confronté à une baisse plus prononcée que prévu de la demande des fabricants de vaccins contre le Covid-19, le groupe basé à Aubagne table à présent sur une croissance de son chiffre d'affaires dans la moitié inférieure de la fourchette projection de 15% à 19% qu'il avait précédemment établie pour cette année. Au trimestre dernier, les activités liées à la pandémie ont largement chuté par rapport à la période correspondante de l'exercice précédent.

Mardi, Eurofins, dont l'action reste en recul, avait dressé le même constat. L'enjeu est d'importance pour Sartorius Stedim Biotech comme pour toutes les valeurs un temps associées au Covid et qui ont bénéficié à plein en 2020 et 2021 de la course à la fabrication de tests et de vaccins menée par les spécialistes de la bio-analyse et les laboratoires pharmaceutiques.

En 2021, le bénéfice de la filiale du groupe allemand Sartorius avait bondi de plus de 79% à 688 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 2,9 milliards d'euros, en hausse de 52,6%. La demande liée à la pandémie de coronavirus avait alors contribué à hauteur de près de 18 points de pourcentage à la croissance du chiffre d'affaires.

Une société réputée pour sa prudence

A la fin juillet, à l'occasion de la publication de ses résultats semestriels, Sartorius Stedim Biotech avait prévenu que la dynamique des ventes liées au Covid s'essoufflait. Mais le groupe ne s'attendait manifestement pas à la décélération observée depuis le cœur de l'été dont témoigne l'avertissement sur ses ventes lancé mercredi.

Cette alerte constitue un mauvais tour joué par Sartorius aux investisseurs. Ces dernières années, et même avant la pandémie, l'équipementier de la biotechnologie, réputé pour sa prudence, avait l'habitude de relever ses prévisions annuelles, ou tout du moins de les confirmer.

Une tradition d'excellence qui participe à la valorisation élevée du groupe à l'échelle du marché parisien. S'il accusait mardi soir une baisse de 28% depuis le début de l'année, le titre se négociait hier soir sur un multiple de 38,9 fois ses bénéfices attendus cette année, selon UBS, contre un multiple de 11,6 fois pour le CAC 40 et 12,7 fois pour le SBF 120.

Une sévère sanction

Pour autant, l'excès d'optimisme estival de Sartorius Stedim Biotech mérite-t-il une telle sanction ? Dans une note publiée mercredi, UBS souligne que "le resserrement" de la prévision de chiffre d'affaires se réflétait déjà dans le consensus des analystes.

Préférant voir le verre à moitié plein, l'intermédiaire financier a relégué au second plan des résultats trimestriels en dessous de ses attentes comme de celles du consensus pour saluer un niveau des prises de commandes depuis le début de l'année qu'il juge "très satisfaisant", en dépit d'un recul de 8,8% à 2,6 milliards d'euros. Dans ce cadre, le courtier a réitéré son conseil à "acheter" et son objectif de cours de 470 euros.

Malgré une base comparable élevée et une normalisation plus rapide que prévu de l'activité liée au coronavirus, cette vision positive est partagée par les analystes de Warburg Research. Ceux-ci apprécient la solide dynamique commerciale de Sartorius, la maison mère de Sartorius Stedim Biotech. Or, au troisième trimestre, le chiffre d'affaires de la société française a représenté plus de 80% de l'activité de sa maison mère.

Jusqu'à présent, les analystes ont partagé l'optimisme de Sartorius Stedim Biotech. Leur objectif de cours moyen s'élevait à 459,9 euros, conférant au titre un potentiel de 38% par rapport à la clôture de mardi soir. Les actionnaires suivront avec attention les recommandations que ces intermédaires pourraient faire au cours des prochains jours.

-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: ECH - VLV

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October 19, 2022 08:56 ET (12:56 GMT)

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