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SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Les géants technologiques se jettent à corps perdu dans l'intelligence artificielle (IA), même s'ils sont pour cela obligés de ralentir la cadence ailleurs.

La confirmation de cette tendance a récemment été apportée par un acteur inattendu. Broadcom, un fabricant de puces généralement associé aux composants de radiofréquence qui équipent l'iPhone d'Apple, a profité de la publication de ses résultats du premier trimestre, la semaine dernière, pour évoquer l'augmentation d'activité observée chez des clients qui s'empressent de renforcer leurs réseaux pour supporter l'intelligence artificielle générative - une technologie popularisée par l'agent conversationnel ChatGPT que Microsoft intègre actuellement à son moteur de recherche Bing pour concurrencer Google. En réaction, Google tente lui aussi d'intégrer sa propre technologie d'IA générative à son moteur de recherche.

Les annonces des deux géants technologiques en la matière sont intervenues le mois dernier et ne semblent pas être le fruit de longues années de discrets préparatifs. Le directeur général de Broadcom, Hock Tan, a déclaré jeudi lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats du groupe qu'un bond de la demande de composants pour centres de données fabriqués par son entreprise, en lien avec l'intelligence artificielle, "avait été observé au cours des trois derniers mois". Il s'attend à ce que les ventes de commutateurs réseaux (switch Ethernet) du groupe déployés pour l'utilisation de l'IA dépassent 800 millions de dollars cette année, contre 200 millions de dollars l'an dernier. Le dirigeant a également souligné que l'IA générative favorisait l'activité de déchargement de calcul de Broadcom auprès des grands acteurs de la Tech, dont il compte tirer 3 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur l'exercice en cours, contre 2 milliards l'an dernier.

Broadcom n'est pas le seul fabricant de semi-conducteurs qui cherche à tirer parti du boom de l'intelligence artificielle. Les besoins de calcul de l'IA générative sont tels que même les entreprises qui exploitent déjà de vastes réseaux d'informatique dématérialisée doivent augmenter leurs capacités pour gérer cette charge supplémentaire. Dans sa propre conférence téléphonique de présentation des résultats voilà deux semaines, Nvidia a prévu un redressement des ventes de son segment centres de données et annoncé la création d'une nouvelle division consacrée aux outils logiciels d'IA.

Ralentissement de la croissance des investissements

Les fournisseurs de centres de données n'obtiendront toutefois pas de chèques en blanc cette année. Les titans technologiques qui exploitent les plus grands réseaux - Amazon, Microsoft, Alphabet et Meta Platforms - ont investi au total 99 milliards de dollars l'an dernier dans leurs centres de données, selon les estimations de Dell'Oro Group. Ces dépenses ayant été supérieures de 36% à celles de 2021, on peut s'attendre à un ralentissement majeur de la croissance cette année, les entreprises étant également confrontées au ralentissement de leurs propres activités stratégiques. Baron Fung, directeur de la recherche de Dell'Oro, estime que les dépenses d'investissement dans les centres de données des quatre entreprises susmentionnées n'augmenteront que de 5% à 9% cette année.

Cette décélération ne sera pas équitablement partagée. Marvell Technology a vu son titre reculer de 11% depuis la publication vendredi de ses résultats, qui recelaient des prévisions de chiffre d'affaires décevantes pour le trimestre qui se terminera en avril. Son directeur général, Matt Murphy, a toutefois relevé en conférence téléphonique que ses clients "donnaient la priorité à des domaines de croissance clés comme l'IA et [l'apprentissage artificiel ou "machine learning"], avec des investissements potentiellement bien plus importants au cours des prochaines années".

Les vents sont très favorables pour Broadcom, resté relativement discret sur ses efforts en matière d'IA et parfois pénalisé par les investisseurs en raison de sa forte exposition à Apple, qui ambitionne de développer ses propres puces. Selon Stacy Rasgon, analyste chez Bernstein, les dernières annonces de Broadcom font du titre un atout sous-estimé dans le segment de l'IA, avec une valorisation bien moins coûteuse que d'autres fabricants de puces comme Nvidia et AMD qui ont largement participé au battage médiatique du marché autour de cette technologie.

C'est sans doute un bon moment pour en profiter.

-Dan Gallagher, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV

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March 08, 2023 05:04 ET (10:04 GMT)

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