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SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Une entreprise qui emploie plus de 1,5 million de salariés peut certainement supporter une légère baisse de ses effectifs. En revanche, si les quelques emplois supprimés concernent des segments clés, ils ont de quoi inquiéter le marché.

Amazon a annoncé lundi une nouvelle vague de suppressions de postes qui affectera 9.000 salariés, après les 18.000 licenciements déjà annoncés au début janvier. Ces deux mesures conjuguées affecteront un peu moins de 2% des effectifs déclarés à la fin 2022, ce qui n'est pourtant pas pour rassurer Wall Street.

Le cours de Bourse d'Amazon a terminé lundi en baisse de 1,3%. Alors que de précédentes réductions d'effectifs avaient concerné certaines activités plus spéculatives et non rentables comme ses produits électroniques à commande vocale, le directeur général d'Amazon, Andy Jassy, a indiqué lundi, dans un message adressé aux salariés, que les nouvelles suppressions de postes concerneraient essentiellement la division d'informatique dématérialisée Amazon Web Services (AWS), la publicité et la société de streaming vidéo Twitch.

Or la publicité, qui génère près de 38 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an, est l'une des activités à plus forte croissance d'Amazon. AWS est pour sa part deux fois plus importante et continue d'afficher des taux de croissance à deux chiffres. Le segment représente en outre la totalité du résultat opérationnel d'Amazon, la division de commerce électronique ayant perdu près de 12 milliards de dollars l'an dernier.

Le cloud n'est pas épargné par le ralentissement économique

Or l'informatique dématérialisée ("cloud") n'est pas non plus épargnée par le ralentissement économique. Les derniers résultats trimestriels d'Amazon ont montré que l'activité avait nettement décéléré lors du trimestre clos en décembre, aussi bien en termes de chiffre d'affaires que de bénéfices, et des tendances similaires ont été observées chez Microsoft et Google - les principaux concurrents d'Amazon sur le marché des services cloud. La situation ne semble pas s'améliorer non plus : Andy Jassy a notamment cité "l'incertitude qui règne dans un avenir proche" comme la principale raison ayant motivé la dernière vague de licenciements. L'action Microsoft a reculé de 2,6% lundi, tandis qu'Alphabet a cédé 0,5%.

La décision d'Amazon pourrait laisser présager de nouveaux licenciements chez ses deux concurrents et d'autres acteurs du secteur technologique. Google, en particulier, pourrait devoir se résoudre à de nouvelles réductions de postes, malgré l'annonce en janvier d'un plan de licenciements affectant 12.000 salariés. Le groupe tire encore l'essentiel de son chiffre d'affaires du marché publicitaire mondial qui reste en profonde dépression, et ses réductions d'effectifs semblent maintenant dérisoires par rapport à celles de Meta Platforms. La maison mère de Facebook a en effet annoncé une seconde vague de licenciements la semaine dernière dans le cadre de son "année d'efficacité", qui fera baisser ses effectifs de 23%, contre un repli de 6% chez Google.

Le cours de Bourse d'Alphabet est nettement à la traîne cette année par rapport à celui de son grand concurrent Meta et, selon les analystes, la meilleure façon pour le groupe de regagner le soutien des investisseurs serait d'améliorer sa rentabilité. Mark Shmulik, de Bernstein, a estimé la semaine dernière que Google pourrait même surprendre Wall Street en annonçant d'ici au troisième trimestre que sa division d'informatique dématérialisée atteint le seuil de rentabilité. Il a toutefois précisé que des réductions de coûts supplémentaires seraient nécessaires pour y parvenir.

Pour la Tech, l'année d'efficacité ne fait peut-être que commencer.

-Dan Gallagher, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV

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March 21, 2023 07:09 ET (11:09 GMT)

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