Corentin Chappron,



L'Agefi





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'indice S&P 500 aux Etats-Unis a toujours dépendu de quelques stars. Le surnom de l'indice est d'ailleurs "S&P 5". Pour autant, l'ampleur de la contribution des dix premiers titres à la performance totale de l'indice atteint en 2023 un niveau inégalé. Quelque 86% de la performance de l'indice est ainsi attribuable à un ensemble de titres homogènes : Apple, Microsoft, Nvidia, Meta, Amazon, Alphabet, Tesla, Salesforce, Eli Lilly et Advanced Microdevices dans l'ordre décroissant de leur contribution à la performance.



Une partie de l'explication tient au rattrapage du secteur technologique après une année 2022 difficile. "De nombreuses actions ont rebondi après avoir subi de lourdes pertes l'année dernière, la plupart des performances ayant suivi les gains du secteur", explique Robby Greengold, stratège chez Morningstar. Nvidia (+100,2% depuis janvier) a bénéficié de l'amélioration des perspectives des semi-conducteurs. "Des facteurs spécifiques aux entreprises ont également joué un rôle : le marché a favorisé les groupes qui ont amélioré leurs marges bénéficiaires, tout en essayant d'évaluer où se situeraient les pertes" liées au ralentissement de l'économie.



Meta (+89%), la maison mère des réseaux sociaux Facebook, Instagram et WhatsApp, a ainsi rassuré en rationalisant ses investissements liés au métavers. L'éditeur de logiciels Salesforce (+50,5%) a profité de sa discipline de contrôle des coûts, tandis que la résistance des ventes du géant Apple (+37,7%) a surpris positivement les marchés.



Le mouvement signale, par ailleurs, un changement de perspective sur des titres sensibles aux taux. "Les investisseurs traitent les méga-caps technologiques comme des valeurs défensives, puisque leurs revenus semblent se maintenir. De fait, le levier opérationnel est devenu négatif dans l'ensemble des sociétés du S&P 500, mais reste positif pour la tech. Toutefois, à mesure que les tensions économiques s'intensifient, la situation devra s'inverser pour elles aussi", remarque Raheel Siddiqui, stratégiste senior chez Neuberger Berman.



Des valeurs de moins en moins cycliques ?



Argument supplémentaire, le développement de l'intelligence artificielle (IA) fait espérer le développement de nouveaux relais de croissance pour ces valeurs, qui les rendraient moins cycliques. L'effet de mode a donc pour beaucoup contribué à la performance de ces titres. Microsoft (+28,6%), par exemple, pourrait profiter de l'IA dans ses activités de logiciels et d'informatique dématérialisée ("cloud") : l'espace de stockage est nécessaire à l'entraînement et au fonctionnement des modèles d'intelligence artificielle. Les fabricants de puces profiteraient d'une demande accrue.



"Pour le moment, les analystes n'ont aucune idée de l'impact de l'IA sur les revenus des groupes de la tech, et les investisseurs s'emballent sur les implications de cette thématique", résume Paul Jackson, responsable mondial de la recherche en allocation d'actifs chez Invesco. Cet emballement contribue à rendre la tech onéreuse : les sept principaux titres du secteur atteignent un multiple de bénéfices de 28,4 fois, contre 16,5 fois pour le reste des composants du S&P 500.



Des valorisations trop élevées



La situation des grandes entreprises technologiques reste pourtant unique au sein d'un marché qui commence à être rattrapé par la baisse de l'activité américaine. Deux tiers des composants du S&P 500 ont ainsi sous-performé l'indice cette année, et 45% sont en baisse.



La chute pourrait se poursuivre. Signe que les valorisations demeurent trop élevées, les titres qui ont dépassé les attentes des analystes lors de la saison des résultats n'ont gagné que 0,7% en moyenne, contre un gain historique moyen de 1,5%. "Le marché est cher, et le rallye n'est ni de grande ampleur - tiré par seulement sept titres - ni durable : la plupart des participants au rallye depuis octobre ont été des acteurs algorithmiques, sensibles à la volatilité", explique Raheel Siddiqui. Celle-ci a diminué sur les actions en 2023, incitant ces acteurs à s'exposer de nouveau.



Un rebond de la volatilité déclencherait à l'inverse un mouvement de sortie. Le déclencheur pourrait venir d'une économie qui souffrirait plus que prévu des hausses de taux. "De fait, les valorisations intègrent aujourd'hui, au pire, une récession mineure", précise le stratégiste. "Or les récessions ne sont pas des processus linéaires : une fois que les suppressions de postes sont enclenchées, la diffusion de la peur et de l'incertitude à l'économie peut faire caler l'économie au-delà de ce qu'anticipent les marchés", ajoute-t-il.



Pas sûr, dès lors, que l'euphorie autour de l'intelligence artificielle suffise à soutenir les cours.




-Corentin Chappron, L'Agefi ed: VLV


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May 10, 2023 03:59 ET (07:59 GMT)




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