La Tech tire l'indice S&P 500 à la force de l'intelligence artificielle - Plus USA
10 Mai 2023 - 10:19AM
Dow Jones News
Corentin Chappron,
L'Agefi
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'indice S&P 500 aux Etats-Unis a
toujours dépendu de quelques stars. Le surnom de l'indice est
d'ailleurs "S&P 5". Pour autant, l'ampleur de la contribution
des dix premiers titres à la performance totale de l'indice atteint
en 2023 un niveau inégalé. Quelque 86% de la performance de
l'indice est ainsi attribuable à un ensemble de titres homogènes :
Apple, Microsoft, Nvidia, Meta, Amazon, Alphabet, Tesla,
Salesforce, Eli Lilly et Advanced Microdevices dans l'ordre
décroissant de leur contribution à la performance.
Une partie de l'explication tient au rattrapage du secteur
technologique après une année 2022 difficile. "De nombreuses
actions ont rebondi après avoir subi de lourdes pertes l'année
dernière, la plupart des performances ayant suivi les gains du
secteur", explique Robby Greengold, stratège chez Morningstar.
Nvidia (+100,2% depuis janvier) a bénéficié de l'amélioration des
perspectives des semi-conducteurs. "Des facteurs spécifiques aux
entreprises ont également joué un rôle : le marché a favorisé les
groupes qui ont amélioré leurs marges bénéficiaires, tout en
essayant d'évaluer où se situeraient les pertes" liées au
ralentissement de l'économie.
Meta (+89%), la maison mère des réseaux sociaux Facebook, Instagram
et WhatsApp, a ainsi rassuré en rationalisant ses investissements
liés au métavers. L'éditeur de logiciels Salesforce (+50,5%) a
profité de sa discipline de contrôle des coûts, tandis que la
résistance des ventes du géant Apple (+37,7%) a surpris
positivement les marchés.
Le mouvement signale, par ailleurs, un changement de perspective
sur des titres sensibles aux taux. "Les investisseurs traitent les
méga-caps technologiques comme des valeurs défensives, puisque
leurs revenus semblent se maintenir. De fait, le levier
opérationnel est devenu négatif dans l'ensemble des sociétés du
S&P 500, mais reste positif pour la tech. Toutefois, à mesure
que les tensions économiques s'intensifient, la situation devra
s'inverser pour elles aussi", remarque Raheel Siddiqui, stratégiste
senior chez Neuberger Berman.
Des valeurs de moins en moins cycliques ?
Argument supplémentaire, le développement de l'intelligence
artificielle (IA) fait espérer le développement de nouveaux relais
de croissance pour ces valeurs, qui les rendraient moins cycliques.
L'effet de mode a donc pour beaucoup contribué à la performance de
ces titres. Microsoft (+28,6%), par exemple, pourrait profiter de
l'IA dans ses activités de logiciels et d'informatique
dématérialisée ("cloud") : l'espace de stockage est nécessaire à
l'entraînement et au fonctionnement des modèles d'intelligence
artificielle. Les fabricants de puces profiteraient d'une demande
accrue.
"Pour le moment, les analystes n'ont aucune idée de l'impact de
l'IA sur les revenus des groupes de la tech, et les investisseurs
s'emballent sur les implications de cette thématique", résume Paul
Jackson, responsable mondial de la recherche en allocation d'actifs
chez Invesco. Cet emballement contribue à rendre la tech onéreuse :
les sept principaux titres du secteur atteignent un multiple de
bénéfices de 28,4 fois, contre 16,5 fois pour le reste des
composants du S&P 500.
Des valorisations trop élevées
La situation des grandes entreprises technologiques reste pourtant
unique au sein d'un marché qui commence à être rattrapé par la
baisse de l'activité américaine. Deux tiers des composants du
S&P 500 ont ainsi sous-performé l'indice cette année, et 45%
sont en baisse.
La chute pourrait se poursuivre. Signe que les valorisations
demeurent trop élevées, les titres qui ont dépassé les attentes des
analystes lors de la saison des résultats n'ont gagné que 0,7% en
moyenne, contre un gain historique moyen de 1,5%. "Le marché est
cher, et le rallye n'est ni de grande ampleur - tiré par seulement
sept titres - ni durable : la plupart des participants au rallye
depuis octobre ont été des acteurs algorithmiques, sensibles à la
volatilité", explique Raheel Siddiqui. Celle-ci a diminué sur les
actions en 2023, incitant ces acteurs à s'exposer de nouveau.
Un rebond de la volatilité déclencherait à l'inverse un mouvement
de sortie. Le déclencheur pourrait venir d'une économie qui
souffrirait plus que prévu des hausses de taux. "De fait, les
valorisations intègrent aujourd'hui, au pire, une récession
mineure", précise le stratégiste. "Or les récessions ne sont pas
des processus linéaires : une fois que les suppressions de postes
sont enclenchées, la diffusion de la peur et de l'incertitude à
l'économie peut faire caler l'économie au-delà de ce qu'anticipent
les marchés", ajoute-t-il.
Pas sûr, dès lors, que l'euphorie autour de l'intelligence
artificielle suffise à soutenir les cours.
-Corentin Chappron, L'Agefi ed: VLV
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