Plus de quatre ans après avoir tweeté qu'il allait sortir Tesla
de la Bourse, Elon Musk doit rendre des comptes au tribunal face
aux investisseurs qui s'estiment lésés par ses déclarations, après
avoir déjà subi les foudres des autorités.
"Elon Musk, (alors) PDG de Tesla, a menti, et ses mensonges ont
fait perdre des millions de dollars à des personnes", a lancé
Nicholas Porritt, avocat des plaignants, des investisseurs
rassemblés dans une action collective.
Le 10 août 2018, ils avaient porté plainte contre le dirigeant
d'entreprises, pour avoir "artificiellement manipulé le prix du
titre de Tesla afin de complètement ruiner les investisseurs" qui
pariaient sur la baisse du cours.
Le procès pour fraude s'est ouvert mardi à San Francisco avec la
sélection d'un jury de neuf personnes, et doit durer trois
semaines. Elon Musk figure sur la liste des témoins.
Il avait créé la stupeur le 7 août 2018, affirmant qu'il voulait
retirer son groupe de la Bourse, lorsque l'action atteindrait 420
dollars.
Il avait ajouté que le financement était "sécurisé" pour effectuer
cette opération et indiqué quelques jours plus tard être en
discussion avec notamment le fonds souverain saoudien.
Le titre du constructeur de voitures électriques avait bondi
jusqu'à 386,48 dollars dans la foulée. Le 16 août, il était
redescendu à 335,45 dollars, selon les chiffres indiqués au jury
mardi par le juge Edward Chen.
- "Affirmations trompeuses" -
"Les plaignants entendent prouver que l'accusé a fait des
déclarations fausses ou trompeuses qui leur ont nui et qu'ils ont
encaissé des pertes sur cette période", a résumé le magistrat.
Outre Elon Musk, Tesla, en tant que personne morale, et les membres
du conseil d'administration du constructeur à l'époque des faits
sont également mis en cause dans cette procédure.
Depuis quatre ans et demi, Elon Musk n'en finit plus de s'expliquer
sur ce fameux tweet.
Tesla avait rapidement abandonné l'idée de sortir de la cote, mais
le gendarme boursier américain, la SEC, avait déposé plainte,
estimant que le patron n'avait pas apporté la preuve de son
financement.
"Ces affirmations trompeuses ont créé d'importantes perturbations
sur le marché dans les minutes qui ont suivi le tweet", causant du
tort aux investisseurs, avait souligné Steven Peikin de la SEC,
lors d'une conférence de presse.
Le régulateur avait imposé à Elon Musk de céder la présidence du
conseil d'administration de Tesla, de payer une amende de 20
millions de dollars et exigé par la suite que ses tweets
directement liés à l'activité de Tesla soient pré-approuvés par un
juriste compétent.
Le multimilliardaire a encore tenté au printemps de faire invalider
cette décision, en vain.
Mais l'intervention des autorités n'a pas modéré son appétit pour
les provocations sur Twitter, son réseau social favori, qu'il a
racheté en octobre après des mois de rebondissements, et sous la
menace d'un procès.
- "Doué mais barré" -
Depuis, ses décisions controversées à la tête de la plateforme
suscitent des indignations quasi quotidiennes, au point que ses
avocats ont demandé la semaine dernière au juge californien de
déplacer le procès au Texas.
Ils craignent que leur client ne puisse pas bénéficier d'un procès
impartial à San Francisco, où se trouve le siège de Twitter, et où
les médias locaux ont selon eux multiplié les "articles biaisés et
négatifs sur M. Musk".
Mardi, le juge et les avocats des deux parties ont interrogé les
membres potentiels du jury sur leurs réponses à un questionnaire
préliminaire, portant notamment sur leur opinion d'Elon Musk.
"Vous avez mis: +Il est trop nul+ (...) Que voulez-vous dire ?", a
par exemple demandé le juge à une femme.
L'homme d'affaires a aussi été décrit comme "arrogant, imprévisible
et parfois irrationnel" par l'un, ou encore "doué mais barré", par
une autre.
D'autres personnes voient en lui un "homme d'affaires en pleine
ascension" ou un "pionnier à succès".
Alex Spiro, l'avocat d'Elon Musk, a insisté mardi sur la nécessité
de ne pas évoquer "les événements récents chez Twitter" et demandé
aux futurs jurés de rester "ouverts d'esprit".
Dans une précédente décision liée à cette affaire, le juge avait
estimé que le fameux tweet de 2018 pouvait être considéré comme
"faux et trompeur".
Agefi-Dow Jones The financial newswire
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January 18, 2023 12:45 ET (17:45 GMT)
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