(Actualisation: précisions sur la transaction, déclarations des présidents d'UBS et Credit Suisse, des autorités suisses, de la secrétaire américaine au Trésor, du président de la Réserve fédérale et de la présidente de la Banque centrale européenne, contexte)



LONDRES/ NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--La banque suisse UBS a annoncé dimanche avoir accepté de racheter sa rivale de longue date Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses (3,04 milliards d'euros). UBS a été poussée à cette transaction par les régulateurs internationaux, soucieux d'enrayer une dangereuse perte de confiance dans le système bancaire mondial.



Le rapprochement entre les deux principaux piliers de la finance suisse est la première méga-fusion de banques jugées d'importance systémique au niveau mondial depuis la crise financière de 2008.



"Dans cette situation d'incertitude exceptionnelle, la reprise du Credit suisse par UBS a permis de trouver une solution afin de garantir la stabilité financière et de protéger l'économie suisse", a déclaré la Banque nationale suisse (BNS) dans un communiqué.



Selon les termes de l'accord, les actionnaires de Credit Suisse recevront 1 action UBS en échange de 22,48 titres Credit Suisse, ce qui représente un montant de 0,76 franc suisse par action ou 3 milliards de francs au total, a précisé UBS dans un communiqué séparé. La capitalisation de Credit Suisse avait été ramenée à 8 milliards de dollars vendredi à la clôture des marchés, après une chute de 25% de son cours de Bourse en l'espace d'une semaine.



Le Conseil fédéral suisse a pour sa part indiqué qu'il accordait une garantie de 9 milliards de francs à UBS afin de couvrir certaines pertes qu'UBS pourrait subir en reprenant Credit Suisse. Le Conseil fédéral a également créé les bases légales requises pour que la BNS puisse octroyer une aide supplémentaire à Credit Suisse et UBS, sous forme de liquidités jusqu'à concurrence de 100 milliards de francs.



Des retraits de fonds de près de 10 milliards de dollars par jour



Les autorités suisses se trouvaient sous pression pour parvenir à un accord avant l'ouverture des places financières en Asie. Elles souhaitaient également éviter un démantèlement de Credit Suisse sous administration judiciaire, qui risquait de s'éterniser et d'aggraver la défiance croissante envers le système bancaire.



L'urgence de la situation s'explique par la détérioration rapide des perspectives de Credit Suisse, confronté cette semaine à des retraits massifs de ses clients avoisinant les 10 milliards de dollars par jour, selon une source proche du dossier.



Axel Lehmann, le président de Credit Suisse, a indiqué que les récentes turbulences qui ont débuté aux Etats-Unis étaient trop importantes pour être supportées par la banque. "L'accélération de la perte de confiance et l'aggravation constatée ces derniers jours ont clairement montré que Credit Suisse ne pouvait pas continuer à exister sous sa forme actuelle", a-t-il affirmé.



Le président d'UBS, Colm Kelleher, a précisé qu'UBS réduirait la voilure de la banque d'investissement de Credit Suisse et l'alignerait sur la "culture de risque conservatrice" d'UBS. Il a ajouté que la transaction soutenait "la stabilité financière en Suisse et cré[ait] une valeur durable significative pour les actionnaires d'UBS".



L'effondrement soudain de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) voilà une dizaine de jours a amené les investisseurs à rechercher les points faibles du système financier international. Credit Suisse, affaibli par des années de scandales et de pertes auto-infligées, figurait déjà parmi les établissements les plus en difficulté.



Son cours de Bourse et ses obligations étant en chute libre, Credit Suisse avait reçu la semaine dernière une ligne de crédit de 50 milliards de francs de la BNS jeudi, ce qui lui a permis de tenir jusqu'au week-end. Cependant, les autorités suisses, ainsi que les régulateurs de l'Union européenne, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, qui supervisent tous des activités de la banque, craignaient qu'elle ne devienne insolvable cette semaine si aucune mesure n'était prise. Ils redoutaient également que la perte de confiance se propage à d'autres banques.



Lagarde, Powell et Yellen saluent la réaction des autorités suisses



La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, et le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, ont salué dans un communiqué commun les mesures adoptées par le gouvernement suisse pour "soutenir la stabilité financière". "Les positions de fonds propres et de liquidités du système bancaire américain sont robustes et le système financier des Etats-Unis est résilient", ont-ils ajouté.



Saluant elle aussi les annonces de la Confédération helvétique, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a indiqué que les mesures adoptées étaient "essentielles pour rétablir des conditions de marché ordonnées et garantir la stabilité financière".



La Finma, l'autorité suisse des marchés financiers, qui a approuvé la fusion dimanche, a estimé que Credit Suisse traversait "une crise de confiance". "Il y avait donc un risque d'incapacité de paiement pour la banque, même si celle-ci restait solvable. Les autorités ont dû prendre des mesures afin d'éviter des dommages graves pour les marchés financiers suisse et international", a précisé l'autorité.



La Finma a ajouté que "toutes les activités commerciales des banques peuvent être poursuivies sans restriction et sans interruption".



Le sauvetage de Credit Suisse, une institution créée voilà 167 ans, constitue l'un des plus importants événements pour le milieu de la finance depuis la crise financière de 2008. Contrairement à Silicon Valley Bank, dont les activités étaient concentrées sur une seule zone géographique et un seul secteur d'activité, Credit Suisse est un acteur bancaire international, même s'il a redoublé d'efforts ses derniers mois pour réduire la voilure de certaines activités risquées telles que les prêts aux fonds spéculatifs.



Fin 2022, Credit Suisse affichait un bilan de 500 milliards de dollars et employait environ 50.000 personnes, dont plus de 16.000 en Suisse. Le groupe possède des activités de banque d'investissement dans des villes comme New York, Londres et Singapour, et emploie des milliers de personnes dans le domaine de la technologie en Inde et en Pologne.



UBS emploie environ 74.000 personnes dans le monde. Son bilan est à peu près deux fois plus important que celui de Credit Suisse, avec un total de 1.100 milliards de dollars d'actifs. Après l'absorption de Credit Suisse, le bilan d'UBS rivalisera avec celui de Goldman Sachs et de Deutsche Bank en termes d'actifs.



Colm Kelleher, le président d'UBS, a indiqué qu'il était trop tôt pour annoncer le nombre de suppressions d'emplois à venir. Avant son rachat par UBS, la banque prévoyait déjà de supprimer 9.000 emplois.



L'opération entraînera la disparition totale d'environ 17 milliards de dollars d'obligations AT1 de Credit Suisse. Ces obligations ont été créées après la dernière crise financière et sont dépréciées en période de crise. Les autorités ont indiqué que cette mesure était nécessaire pour que les créanciers partagent le fardeau avec la Confédération helvétique et qu'il existait une base juridique claire pour l'annulation.



Comme UBS, Credit Suisse est l'un des principaux gérants de fortune au monde. Jusqu'à l'année dernière, la banque était régulièrement classée parmi les dix premières banques d'investissement internationales. Elle a rencontré de graves difficultés après l'effondrement, en 2021, de deux clients importants, la société financière Greensill Capital et le hedge fund Archegos Capital Management.



UBS prévoit que la transaction ait un effet relutif sur son bénéfice par action à compter de 2027 et son ratio de fonds propres reste "nettement supérieur à l'objectif de 13%", a indiqué la banque, qui anticipe des réductions de coûts de plus de 8 milliards de dollars par an d'ici à 2027.



-Margot Patrick, Ben Dummett et Dana Cimilluca, The Wall Street Journal



(Version française et contribution Valérie Venck)





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March 19, 2023 17:13 ET (21:13 GMT)




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