Porsche mérite une gouvernance à la hauteur de ses ambitions - Plus Europe
21 Juillet 2022 - 10:06AM
Dow Jones News
Stephen Wilmot,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Porsche fait valoir à raison les atouts
que la marque partage avec les grands noms du luxe : un marché en
pleine croissance, des marges élevées et une résilience face aux
aléas économiques. Mais le constructeur allemand de voitures de
sport partage également le même point faible que ces marques : un
puissant actionnaire de contrôle.
Lundi, Dr. Ing. h.c. F. Porsche, le nom officiel de la société, a
annoncé qu'elle augmenterait potentiellement ses revenus de 18%
cette année et atteindrait une marge d'exploitation supérieure à
20% à long terme, contre 16% l'an dernier. Voilà le genre
d'engagement que les investisseurs souhaitaient obtenir en amont de
l'introduction en Bourse de la société, prévue au quatrième
trimestre. Une marge supérieure à 20% placerait Porsche dans une
catégorie exclusive, légèrement derrière Ferrari, dont la
valorisation est très élevée.
Porsche soutient que son positionnement le place entre les marques
de luxe "de niche", telles que Ferrari et Bentley, d'une part, et
les marques "premium", telles que Mercedes-Benz, BMW et Tesla,
d'autre part. Avec ses nouveaux objectifs de marge, le constructeur
adresse le message suivant : malgré sa plus grande envergure, ses
performances financières - et sa valorisation - doivent être
considérées comme étant proches de celles d'une marque de
"niche".
L'histoire plaide en sa faveur : au cours des deux dernières
décennies, Porsche est passé du créneau des voitures de sport
rapides à des segments de produits plus grand public, sans pour
autant diluer sa marque et sa rentabilité. Le constructeur a dégagé
une marge de près de 10% même en 2009, alors que certains
constructeurs automobiles implosaient en pleine crise
financière.
Reste à déterminer jusqu'où cette stratégie tiendra la route. Les
véhicules électriques ouvrent certes un nouveau boulevard à
Porsche, mais il s'agit d'un débouché cannibalisant un marché
existant. Le constructeur s'est lancé très tôt dans cette
technologie et dispose d'une bonne longueur d'avance sur
Ferrari.
De potentiels conflits d'intérêt avec Volkswagen
La principale question posée par l'introduction en Bourse porte sur
la manière dont l'entreprise gérera ses relations avec son actuel
propriétaire, le groupe Volkswagen. Volkswagen s'est longtemps
appuyé sur les flux de trésorerie de Porsche pour financer ses
marques moins rentables. Le groupe conservera une participation
d'au moins 75% même après l'introduction en Bourse. Des conflits
d'intérêts liés aux investissements, au partage des plateformes ou
à la fourniture de composants rares tels que les semi-conducteurs
et les batteries ne manqueront pas se manifester.
Lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes, la
direction de Porsche a indiqué qu'elle aspirait à une "indépendance
entrepreneuriale" et à pouvoir prendre des décisions plus
rapidement. Signe que Volkswagen lui lâche du lest en prévision de
l'introduction en Bourse, Porsche s'est retiré d'un projet de
groupe visant à développer un logiciel de nouvelle génération ayant
accusé du retard.
Fait moins encourageant, un accord de coopération avec Volkswagen
reste "en cours de réalisation". Une bataille tripartite ne peut
être écartée entre Volkswagen, Porsche et la famille fondatrice
Porsche-Piëch qui, à l'issue de l'introduction en Bourse, détiendra
une participation économique directe de 12,5% dans Porsche en plus
de sa participation économique de 25% dans Volkswagen. La structure
reposant sur deux catégories d'actions, qui renforce le contrôle
des familles, sera reproduite chez Porsche. Or, il ne semble pas
prévu d'augmenter le flottant des actions sans droit de vote
au-delà d'un pourcentage plutôt modeste de 12,5%.
Bernstein estime qu'une valorisation de 75 milliards de dollars (73
milliards d'euros) serait réaliste pour Porsche. Mais pour obtenir
ce chiffre, Porsche et Volkswagen devront certainement passer moins
de temps à parler de l'entreprise et à expliquer comment ils lui
accorderont l'indépendance qu'elle mérite.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Eric Chalmet) ed: VLV
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July 21, 2022 03:46 ET (07:46 GMT)
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