Stephen Wilmot,



The Wall Street Journal





LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Porsche fait valoir à raison les atouts que la marque partage avec les grands noms du luxe : un marché en pleine croissance, des marges élevées et une résilience face aux aléas économiques. Mais le constructeur allemand de voitures de sport partage également le même point faible que ces marques : un puissant actionnaire de contrôle.



Lundi, Dr. Ing. h.c. F. Porsche, le nom officiel de la société, a annoncé qu'elle augmenterait potentiellement ses revenus de 18% cette année et atteindrait une marge d'exploitation supérieure à 20% à long terme, contre 16% l'an dernier. Voilà le genre d'engagement que les investisseurs souhaitaient obtenir en amont de l'introduction en Bourse de la société, prévue au quatrième trimestre. Une marge supérieure à 20% placerait Porsche dans une catégorie exclusive, légèrement derrière Ferrari, dont la valorisation est très élevée.



Porsche soutient que son positionnement le place entre les marques de luxe "de niche", telles que Ferrari et Bentley, d'une part, et les marques "premium", telles que Mercedes-Benz, BMW et Tesla, d'autre part. Avec ses nouveaux objectifs de marge, le constructeur adresse le message suivant : malgré sa plus grande envergure, ses performances financières - et sa valorisation - doivent être considérées comme étant proches de celles d'une marque de "niche".



L'histoire plaide en sa faveur : au cours des deux dernières décennies, Porsche est passé du créneau des voitures de sport rapides à des segments de produits plus grand public, sans pour autant diluer sa marque et sa rentabilité. Le constructeur a dégagé une marge de près de 10% même en 2009, alors que certains constructeurs automobiles implosaient en pleine crise financière.



Reste à déterminer jusqu'où cette stratégie tiendra la route. Les véhicules électriques ouvrent certes un nouveau boulevard à Porsche, mais il s'agit d'un débouché cannibalisant un marché existant. Le constructeur s'est lancé très tôt dans cette technologie et dispose d'une bonne longueur d'avance sur Ferrari.



De potentiels conflits d'intérêt avec Volkswagen



La principale question posée par l'introduction en Bourse porte sur la manière dont l'entreprise gérera ses relations avec son actuel propriétaire, le groupe Volkswagen. Volkswagen s'est longtemps appuyé sur les flux de trésorerie de Porsche pour financer ses marques moins rentables. Le groupe conservera une participation d'au moins 75% même après l'introduction en Bourse. Des conflits d'intérêts liés aux investissements, au partage des plateformes ou à la fourniture de composants rares tels que les semi-conducteurs et les batteries ne manqueront pas se manifester.



Lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes, la direction de Porsche a indiqué qu'elle aspirait à une "indépendance entrepreneuriale" et à pouvoir prendre des décisions plus rapidement. Signe que Volkswagen lui lâche du lest en prévision de l'introduction en Bourse, Porsche s'est retiré d'un projet de groupe visant à développer un logiciel de nouvelle génération ayant accusé du retard.



Fait moins encourageant, un accord de coopération avec Volkswagen reste "en cours de réalisation". Une bataille tripartite ne peut être écartée entre Volkswagen, Porsche et la famille fondatrice Porsche-Piëch qui, à l'issue de l'introduction en Bourse, détiendra une participation économique directe de 12,5% dans Porsche en plus de sa participation économique de 25% dans Volkswagen. La structure reposant sur deux catégories d'actions, qui renforce le contrôle des familles, sera reproduite chez Porsche. Or, il ne semble pas prévu d'augmenter le flottant des actions sans droit de vote au-delà d'un pourcentage plutôt modeste de 12,5%.



Bernstein estime qu'une valorisation de 75 milliards de dollars (73 milliards d'euros) serait réaliste pour Porsche. Mais pour obtenir ce chiffre, Porsche et Volkswagen devront certainement passer moins de temps à parler de l'entreprise et à expliquer comment ils lui accorderont l'indépendance qu'elle mérite.





-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Eric Chalmet) ed: VLV



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July 21, 2022 03:46 ET (07:46 GMT)




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