(Actualisation: détails sur les modalités de l'opération à l'étude, commentaires d'analystes, contexte.)



LONDRES/NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--UBS Group a engagé des négociations pour acquérir en totalité ou en partie Credit Suisse Group, dans le cadre d'un plan de sauvetage d'urgence élaboré en coordination avec les autorités suisses afin de restaurer la confiance dans le système financier, ont indiqué des sources proches du dossier.



Les deux banques ont discuté de plusieurs scénarios, dont une reprise partielle ou totale des actifs de Credit Suisse par UBS, ont précisé les personnes interrogées. Un accord de principe impliquant les autorités suisses pourrait être conclu avant l'ouverture des marchés lundi.



La Banque nationale suisse (BNS) et l'autorité suisses des marchés (Finma) n'ont pas souhaité commenter ces informations. Une porte-parole du ministère suisse des Finances a indiqué que le ministère ne commentait pas les rumeurs.



Les négociations entre les deux principales banques suisses avaient initialement été rapportées par le Financial Times. Rien ne garantit à ce stade que les discussions en cours permettront d'aboutir à un accord avec UBS.



Vendredi, l'action Credit Suisse a de nouveau dévissé de 8% à Zurich, l'injection de 50 milliards de francs suisses de liquidtés dans l'institution de la part de la banque centrale suisse n'ayant pas permis de restaurer la confiance des investisseurs. Après avoir essuyé de lourdes pertes l'année dernière, Credit Suisse a été victime cette semaine de la défiance croissante du marché à l'égard du secteur bancaire, dans un contexte marqué par la remontée rapide des taux d'intérêt et la faillite de plusieurs établissements régionaux aux Etats-Unis.



La capitalisation boursière d'UBS est actuellement d'environ 65 milliards de dollars, contre seulement 8 milliards de dollars pour Credit Suisse, dont la valorisation en Bourse a été divisée par 5 depuis 2018, selon FactSet. Les deux banques sont considérées comme ayant une importance systémique à la fois en Suisse et dans le monde, compte tenu de la taille de leurs activités de banque d'investissement et de gestion d'actifs, notamment aux Etats-Unis.



Retraits de fonds



UBS était vue depuis longtemps comme un acteur incontournable de tout éventuel plan de soutien public à Credit Suisse. Le bilan d'UBS totalise actuellement environ 1.100 milliards de dollars d'actifs, soit le double de son homologue. Une acquistion pure et simple permettrait à UBS de mettre la main sur les activités phares de Credit Suisse, comme sa division de gestion de patrimoine en Asie et au Moyen-Orient, mais impliquerait également les métiers en difficulté comme la banque d'investissement. Une opération d'une telle ampleur pourrait également fragiliser la stratégie de la banque et la réputation de stabilité dont elle jouit auprès des investisseurs.



D'autres acteurs privés pourraient se joindre à UBS dans le cadre du plan de sauvetage négocié avec les autorités. Plusieurs institutions examinent actuellement la situation pour déterminer si elles peuvent acquérir certains actifs ou apporter des fonds à l'opération.



Les principaux gestionnaires d'actifs convoitent depuis longtemps certaines divisions du groupe suisse, comme ses branches d'immobilier en Europe et de gestion d'actifs aux Etats-Unis. Les dirigeants ont repoussé à plusieurs reprises ces offres, maintenant que la gestion d'actifs restait un des piliers de leur activité.



Credit Suisse se trouve désormais acculé à négocier un plan d'aide nécessitant une forme de garantie des autorités suisses alors que plusieurs grandes banques et sociétés d'investissement ont décidé cette semaine de couper les ponts avec le groupe sous l'effet des craintes de contagion de la crise bancaire déclenchée par la défaillance de Silicon Valley Bank aux Etats-Unis. D'autres sociétés d'investissement avaient déjà cessé leur collaboration avec Credit Suisse à l'automne dernier en raison de l'aggravation de ses difficultés financières, ont indiqué des sources proches du dossier.



Les analystes se sont dits préoccupés de l'éventualité de retraits importants de la part des clients fortunés du groupe souhaitant mettre leurs fonds à l'abri. Des dirigeants d'autres instiutions bancaires ont par ailleurs indiqué avoir observé un afflux de dépôts de la part de clients de Credit Suisse au cours de la semaine écoulée.



Le plan de sauvetage actuellement à l'étude marquerait un retournement de situation par rapport à la crise financière de 2008. A l'époque, le gouvernement suisse avait dû venir en aide à UBS, plombée par plusieurs milliards de dollars d'actifs toxiques dans ses activités américaines. De son côté, Credit Suisse avait repoussé les offres d'aide de l'Etat et était sortie renforcé de la crise.



-Margot Patrick, Justin Baer et Ben Dummett, The Wall Street Journal (Version française Thomas Varela)



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March 18, 2023 13:08 ET (17:08 GMT)




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