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CORR: Les entreprises françaises saisies d'une fièvre acheteuse, grâce à la BCE - DJ Plus

Mercredi 22 Mai 2019

(Correction: Bien lire au quatrième paragraphe que Sanofi a réalisé deux acquisitions importantes, dont celle de Bioverativ, en 2018 et non cette année.)

 

Patricia Kowsmann et Tom Fairless,

The Wall Street Journal

 

FRANCFORT (Agefi-Dow Jones)--Les efforts déployés par la Banque centrale européenne (BCE) pour raviver la croissance en zone euro ont entraîné une vague d'investissements et d'opérations de fusion-acquisition. Les entreprises françaises ont particulièrement profité de la politique monétaire accommodante de la BCE pour racheter des concurrentes étrangères et se développer au-delà de l'Hexagone, fuyant une croissance anémique et des taux d'imposition élevés à domicile.

Les entreprises françaises ont consacré quelque 100 milliards de dollars, soit le montant le plus élevé depuis 2008, à des acquisitions à l'étranger au cours de chacune des deux dernières années, selon des données fournies par Dealogic. Les Etats-Unis ont été la destination étrangère préférée des sociétés françaises lors de quatre des cinq dernières années. Dix-huit transactions ont été annoncées ou finalisées par des entreprises françaises dans ce pays depuis le début de 2019.

En avril, le groupe de communication Publicis a annoncé l'acquisition d'Epsilon, l'activité de gestion de la relation client de la société texane Alliance Data Systems, pour 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros). Cette opération est en partie financée par des emprunts bon marché. Le directeur financier de Publicis, Jean-Michel Etienne, a déclaré aux investisseurs que cette acquisition serait relutive dès sa finalisation en raison de la faiblesse des coûts de financement.

De son côté, le laboratoire pharmaceutique Sanofi a réalisé deux importantes acquisitions l'année dernière, dont celle de la société américaine Bioverativ pour 11,6 milliards de dollars. La dette de Sanofi s'établissait à 25 milliards d'euros environ en décembre, à comparer à 14 milliards d'euros en 2013. Le laboratoire a eu recours au marché obligataire pour la dernière fois en mars, avec l'émission de 2 milliards d'euros de titres à des taux allant de 0% à 1,25%.

"De toute évidence, le coût du financement est l'un des éléments clés à prendre en compte pour les acquisitions financées par emprunt", a déclaré un porte-parole de l'entreprise.

Si Sanofi profite de la faiblesse des taux d'intérêt, le groupe met aussi en avant sa capacité à générer suffisamment de flux de trésorerie, en particulier après acquisition, pour rembourser sa dette.

La BCE a racheté pour 180 milliards d'euros de "dette corpo"

En place depuis 2014, les politiques de relance agressives de la BCE s'appuient sur des taux d'intérêt négatifs et un important programme de rachat de dettes des entreprises. Les rachats ont cessé l'an dernier après que le programme a culminé à près de 180 milliards d'euros d'obligations d'entreprises, mais le produit des obligations arrivant à échéance continue à être réinvesti.

Le groupe alimentaire Danone a racheté le producteur américain d'aliments biologiques WhiteWave Foods pour 10,4 milliards de dollars en 2017. Il a remplacé une partie de l'encours de la dette américaine de WhiteWave, qui portait un intérêt de 5,375% par une obligation en euros à coupon de 1,75%, "tirant parti des conditions actuelles exceptionnellement attrayantes du marché hybride", avait déclaré le groupe à l'époque.

Dans le cadre de sa politique de rachat d'actifs, la BCE a acquis de la dette de Publicis, de Sanofi et de Danone à des taux d'intérêt nuls ou proches de zéro.

L'un des facteurs ayant freiné une utilisation encore plus importante de la dette en euros pour les achats à l'étranger est le coût que les entreprises doivent payer pour convertir les euros en dollars et couvrir le risque de taux d'intérêt. Un indicateur très utilisé par les entreprises est le "Cross currency basis swap", soit le taux payé par un emprunteur pour échanger sa devise contre une autre. Le spread payé sur cet indicateur rend parfois coûteux d'emprunter en euros pour financer des opérations en dollars.

Sanofi, par exemple, a également emprunté en dollars, en payant des taux plus élevés, mais le groupe a gardé son emprunt aligné sur les revenus qu'il réalise en dollars.

La France compte le plus important nombre de grandes sociétés cotées de la zone euro, représentant plus d'un tiers de l'indice Euro Stoxx 50 des principales valeurs de la zone euro. Les entreprises allemandes ont tendance à être plus petites et dépendantes du financement bancaire, tout en étant plus méfiantes à l'égard de la dette.

Envol de l'endettement des sociétés françaises

Les régulateurs français et la BCE craignent que la forte augmentation de la dette des entreprises ne menace le système financier de la région.

La dette des entreprises françaises s'est envolée, atteignant plus de 143% du produit intérieur brut, soit une hausse de 27 points de pourcentage depuis la crise financière de 2008, selon les données de la Banque des règlements internationaux. Et ce, bien que les entreprises européennes aient généralement remboursé une partie de leur dette.

En Allemagne, la dette des entreprises a diminué et représente 55% du produit intérieur brut (PIB). La dette des entreprises américaines équivaut pour sa part à 74% du PIB des Etats-Unis.

"La politique monétaire de la BCE est trop accommodante pour la France et l'Allemagne", estime Joerg Kraemer, chef économiste de Commerzbank à Francfort.

Les entreprises françaises utilisent également les marchés de la dette pour davantage prêter à leurs filiales à l'étranger. Les prêts intragroupe ont ainsi plus que doublé pour atteindre 16,9% du PIB en 2017, contre 6,7% en 1999, selon l'agence de notation Standard & Poor's.

A la fin de l'année dernière, le spécialiste des gaz industriels Air Liquide avait prêté 15,4 milliards d'euros à des entités du groupe, soit plus du double par rapport à 2013.

Les investissements français à l'étranger offrant des rendements beaucoup plus élevés que les investissements étrangers en France, "cela s'apparente à une stratégie de capital-risque", remarque Sylvain Broyer, économiste chez S&P Global Ratings.

 

-Patricia Kowsmann et Tom Fairless, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck, François Berthon, Eric Chalmet) ed: ECH - VLV

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May 22, 2019 04:23 ET (08:23 GMT)

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