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ENTRETIEN: La BCE pourrait laisser l'inflation dépasser son objectif - Lane

Lundi 12 Octobre 2020

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), Philip Lane, a déclaré que l'institution de Francfort adopterait des mesures aussi énergiques que la Réserve fédérale (Fed) américaine pour soutenir l'économie de la région face à la pandémie de coronavirus, laissant ainsi entendre que la BCE pourrait laisser l'inflation dépasser son objectif "proche de mais inférieur à 2%".

Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, le banquier central a indiqué que l'économie de la zone euro était confrontée à une période difficile après le rebond observé lors de la mise en place des premières mesures de déconfinement au printemps et que l'inflation était encore bien trop faible.

"La prochaine phase sera plus difficile", a affirmé Philip Lane. "Le niveau d'inflation actuel reste très éloigné de notre objectif". L'inflation en zone euro est tombée à -0,3% sur un an en septembre.

Le responsable a fait valoir que la BCE poursuivait déjà une stratégie d'inflation similaire à la nouvelle approche de la Fed. "Je ne pense pas que la BCE ait une orientation structurellement plus stricte pour la politique monétaire" que la Réserve fédérale, a-t-il indiqué.

"Quiconque prête attention à nos politiques et à nos indications prospectives sait que nous ne resserrerons pas notre politique sans que l'inflation apparaisse solidement dans les données", a-t-il ajouté.

Ces propos laissent penser que les dissensions au sein du conseil des gouverneurs de la BCE au sujet de nouvelles mesures de soutien monétaire pourraient être moins marquées que ne le pensent les investisseurs.

Philip Lane a indiqué que la BCE surveillerait attentivement les indicateurs économiques pendant l'automne afin de déterminer s'il convient de renforcer la relance monétaire, qui comprend des taux d'intérêt négatifs, un vaste programme d'achats d'actifs et des prêts bon marché pour les banques.

"La grande question, et c'est pourquoi il existe tant d'incertitude, est : comment stabiliser rapidement la dynamique actuelle, avec des cas [de Covid-19] en hausse", a-t-il souligné. "Réunion après réunion, nous devrons déterminer où se dirige, selon nous, l'inflation. Car si les perspectives restent à 1,3% [en 2022], nous sommes loin de notre objectif".

De nombreux analystes s'attendent à ce que la BCE augmente ses achats d'obligations à l'issue de sa réunion du 10 décembre. Philip Lane a indiqué qu'une décision pourrait être prise dans les semaines à venir, à mesure que de nouvelles données arriveront, notamment sur les prix du pétrole, le taux de change de l'euro et les projets de budget des gouvernements européens pour l'année prochaine.

Si une augmentation des achats d'actifs de la BCE aurait un impact plus prononcé dans les circonstances actuelles, une baisse des taux d'intérêt reste également à l'ordre du jour, a-t-il indiqué.

Le responsable a également prévenu les gouvernements européens que la générosité de la BCE ne durerait pas éternellement et a exhorté les responsables à se préparer à réduire leurs dettes une fois la crise passée. Il a indiqué que la banque centrale finirait par réduire son portefeuille d'actifs si les conditions le permettaient.

"Il faut savoir créer une certaine marge de manœuvre les bonnes années, lorsque l'économie européenne croît", a-t-il expliqué à propos de la dette publique. "Nous voudrons donc voir les ratios d'endettement diminuer dans une certaine mesure. Ce message doit être présent", a-t-il précisé.

-Tom Fairless, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck) ed: ACD

Agefi-Dow Jones The financial newswire

(END) Dow Jones Newswires

October 12, 2020 01:23 ET (05:23 GMT)

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