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La volatilité des prix du gaz, enjeu majeur pour l'inflation et la BCE - Plus Europe

Vendredi 15 Octobre 2021

Rochelle Toplensky,

The Wall Street Journal

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--La brutale envolée des prix du gaz en Europe a étonnamment peu d'impact sur l'inflation dans la région. Les répercussions pourraient néanmoins se révéler beaucoup plus importantes à l'avenir.

Les prix de gros du gaz sur les marchés au comptant ont globalement triplé cette année en Europe, mais les prix moyens au détail pour les particuliers n'ont augmenté que de 9% environ, selon UBS. L'économiste Anna Titareva en estime l'impact sur l'inflation dans la région à environ 0,4 point de pourcentage. En comparaison, une hausse plus modérée de 50% des prix du pétrole a fait gonfler l'inflation de 0,6 point de pourcentage.

UBS s'attend à ce que le taux d'inflation dans la zone euro ressorte cette année à 2,4%, un niveau supérieur à l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE), qui vise un taux de 2%. L'énergie représente l'essentiel du taux d'inflation, aussi bien avec les hausses actuelles qu'avec les prix extrêmement bas de l'an dernier. Comme leurs homologues de la Réserve fédérale américaine, les dirigeants de la BCE expliquent l'inflation actuelle par des facteurs "transitoires", ce qui n'a pas empêché le marché de revoir ses prévisions ces dernières semaines, estimant que la BCE procèdera à un relèvement des taux d'intérêt plus tôt qu'anticipé précédemment.

Les pressions sur les banquiers centraux de la zone euro pourraient être bien plus importantes, et vont peut-être effectivement s'accentuer à l'avenir. Les factures d'énergie pèsent lourd dans les indices de prix à la consommation : 9,5% dans la zone euro, et 6% au Royaume-Uni. Pour l'heure, les consommateurs sont protégés pour la plupart de la volatilité des prix du gaz, mais la situation ne semble pas vraiment tenable.

Des gouvernements plafonnent les tarifs

Les gouvernements européens recourent à la réglementation et au contrôle des prix pour protéger les ménages des brusques envolées des coûts de l'énergie. Dans de nombreux pays, gaz et électricité font l'objet d'une tarification standard qui est réajustée périodiquement. En réaction à la dernière crise, certains gouvernements ont également plafonné les tarifs, baissé les taxes sur l'énergie et mis en place des aides au profit de certains ménages ou petites entreprises à bas revenus.

Les dirigeants politiques redoutent qu'une hausse des factures énergétiques les affaiblisse dans les sondages ou sape le soutien de l'opinion publique à la transition énergétique, aboutissant à des mouvements comme celui des Gilets Jaunes en 2018 en réaction à la hausse programmée des taxes sur les carburants.

Ces mesures de protection des consommateurs génèrent toutefois des effets secondaires inconfortables. Le plafonnement des prix affecte notamment les fournisseurs de services aux collectivités : les valeurs du secteur affichent une performance inférieure à l'indice de référence européen depuis février, et une poignée de fournisseurs d'énergie aux particuliers ont fait faillite au Royaume-Uni.

Impact sur les "utilities"

Certains changements structurels finiront également par corréler plus étroitement au fil du temps les prix du gaz naturel à l'inflation. Beaucoup d'entreprises assurent leur approvisionnement grâce à des contrats de long terme, mais elles sont de plus en plus nombreuses à ne plus le faire. Passer des contrats de long terme utilisant des prix indexés sur le pétrole à des achats plus importants de gaz sur les marchés spot aura pour effet d'augmenter les effets inflationnistes du gaz et de réduire ceux du pétrole. La hausse des prix du gaz est en outre susceptible de se répercuter sur les nouveaux contrats de long terme.

Autre facteur : le gaz est voué à jouer un rôle plus important dans le mix énergétique européen à mesure que la région réduira ses émissions carbone, en remplaçant l'électricité produite au charbon et en prenant le relais des énergies renouvelables en cas de creux. L'exposition varie selon les pays : le Royaume-Uni est au cœur de la crise actuelle, en partie parce qu'il produit environ un tiers de son électricité au gaz, contre un quart en Allemagne et 15% en France, dont l'électricité provient essentiellement des centrales nucléaires.

A la prochaine envolée des prix du gaz en Europe, les investisseurs pourront s'attendre à ce que l'inflation devienne une vraie source d'inquiétude.

-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH

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October 15, 2021 05:52 ET (09:52 GMT)

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