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Les géants de la consommation peinent à se délester de leurs fardeaux - Plus Europe

Lundi 27 Janvier 2020
 

Carol Ryan,

The Wall Street Journal

LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Le moyen le plus rapide pour les fabricants de produits de consommation d'améliorer la croissance de leurs ventes -- leur objectif numéro un -- consiste à se délester des marques passées de mode qui pèsent sur leur performance. Il est donc assez déconcertant d'observer si peu de cessions.

La pause prolongée des opérations de fusions-acquisitions des entreprises américaines et européennes de produits alimentaires et d'hygiène laisse entendre que les stratégies de recentrage des portefeuilles sont en panne. Les groupes du secteur de l'alimentation et des boissons, comme Unilever, Nestlé et Kraft Heinz, ont cédé en 2019 pour 24 milliards de dollars seulement d'anciennes marques, soit une baisse de 74% par rapport à 2018.

L'activité de fusions-acquisitions de l'an dernier s'est en outre révélée bien inférieure aux normes habituelles. Depuis 2010, la valeur des cibles dans cette catégorie avoisinait les 101 milliards de dollars par an, selon les données de Refinitiv.

Cette brusque chute de tension a de quoi surprendre compte tenu de l'importance que revêt désormais la croissance du chiffre d'affaires pour les titres du secteur de la consommation. Dans la mesure où les sociétés de capital-investissement disposaient à la fin 2019 d'une trésorerie de 1.430 milliards de dollars, selon Preqin, la situation semblait pourtant idéale pour les vendeurs.

Faible rentabilité et valorisations élevées se côtoient

Si les cessions de portefeuilles ont marqué le pas, c'est principalement parce qu'elles semblent peu rentables. Ce problème est exacerbé par le niveau élevé des valorisations dans le secteur des produits de consommation courante. La cession d'actifs peu performants à des valorisations plus faibles est en théorie destructrice de valeur pour les actionnaires.

La valeur d'entreprise de Procter & Gamble équivaut actuellement à 17,3 fois l'excédent brut d'exploitation (ebitda) attendu, un niveau supérieur de 24% à sa moyenne sur cinq ans. Nestlé et Campbell Soup s'échangent eux aussi bien au-delà de leurs moyennes. Dans le même temps, le genre de marques à faible croissance dont ils ont besoin de se défaire atteignent des multiples d'ebitda d'environ 11 ou 12.

D'autres cessions sont vouées à l'échec en raison des taxes qu'elles impliqueraient. De nombreuses marques font partie des portefeuilles des groupes de produits de consommation depuis des décennies, créant des plus-values susceptibles de donner lieu à une imposition monumentale. Pour les entreprises à fort levier financier, comme Kraft Heinz, les cessions d'actifs risquent donc, contre toute attente, de gonfler leurs ratios d'endettement.

Les fonds deviennent plus sélectifs

Les fonds de capital-investissement se montrent par ailleurs plus sélectifs que prévu. Certains sont prêts à débourser des sommes très élevées : KKR a versé l'an dernier à Campbell Soup un montant représentant un juteux multiple de 13,5 fois l'ebitda pour les biscuits Arnott's. La division produits dermatologiques de Nestlé a atteint un montant représentant une valorisation impressionnante de 21 fois l'Ebitda, parce que la concurrence à l'oeuvre pour mettre la main sur des marques de produits de beauté à forte croissance est effrénée. La plupart des sociétés financières se refusent à payer les prix exigés par les géants du secteur de la consommation pour des marques qui ont déjà perdu leur éclat.

Les dirigeants peuvent toujours essayer de remettre eux-mêmes ces divisions sur les rails, mais ils sont jusqu'à présent rencontré des succès inégaux. La création de coentreprises avec des sociétés de capital-investissement, comme l'a fait Nestlé avec Froneri dans les crèmes glacées, pourrait se révéler être un bon compromis si la manoeuvre aboutit à une cession ou à une introduction en Bourse à une valorisation supérieure d'ici à quelques années. Le risque, c'est qu'en multipliant les partenariats, la direction risque de ne plus accorder toute l'attention nécessaire à l'activité stratégique du groupe concerné.

Tant que les cessions resteront au point mort, une bonne partie des portefeuilles du secteur continueront à pâtir d'une performance insuffisante. La division alimentation et rafraîchissements d'Unilever, qui abrite les glaces Magnum et la mayonnaise Hellmann, a généré 38% du chiffre d'affaires du groupe sur les neuf premiers mois de l'année 2019, avec une croissance de seulement 1,5%. Chez Nestlé, les marques qui ont généré 54% du chiffre d'affaires total du groupe suisse ont progressé de moins de 3% sur la même période.

Il semblerait que la solution consistant à céder des actifs à des acheteurs disposant d'une belle trésorerie ne soit finalement pas la recette miracle sur laquelle comptait les investisseurs pour relancer la croissance. Le secteur de la grande consommation risque d'avoir du mal à honorer ses promesses -- et de justifier ses valorisations.

-Carol Ryan, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH

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January 27, 2020 06:41 ET (11:41 GMT)

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