Au terme d'une laborieuse nuit de négociation, le G20 devrait dire
lundi sa "détermination" à respecter l'objectif de limiter le
réchauffement climatique à 2°C, et éviter l'échec de la COP21 de Paris
dans deux semaines.
Selon un extrait du communiqué qui
doit encore être validé par les chefs d'Etat et de gouvernement réunis
en Turquie, le G20 souhaite que la grande conférence de l'ONU sur le
climat accouche d'un "protocole, autre instrument ou accord ayant force
juridique" et "s'appliquant à toutes les parties".
"Nous reconnaissons que 2015 est une année décisive", écrivent les vingt
premières puissances économiques mondiales dans ce texte que l'AFP a pu
voir. Elles plaident pour la conclusion à Paris d'un accord "juste,
équilibré, ambitieux, durable et dynamique".
Ce futur
accord doit aussi respecter les "responsabilités différenciées et les
capacités de chacun", selon le G20. En clair, faire une distinction
entre les pays riches, responsables historiques du réchauffement, et les
économies en développement.
- Difficile consensus autour des 2°C -
Le texte vu par l'AFP cite aussi en toutes lettres "l'objectif de 2
degrés" de réchauffement maximum, une mention en apparence consensuelle
qui a pourtant fait l'objet de discussions acharnées.
La France, qui va accueillir du 30 novembre au 11 décembre les 195 pays
participant à la grande conférence sur le climat, avait tapé du poing
sur la table dimanche en exigeant une réécriture du projet de communiqué
soumis aux chefs d'Etat à leur arrivée dans la station balnéaire
d'Antalya, où doit s'achever dans l'après-midi le sommet.
Elle a été soutenue par les pays développés, qui craignent de voir se
rejouer à Paris le fiasco de la conférence de Copenhague sur le climat
en 2009.
"C'est le seul point que nous avons renvoyé
aux +sherpas+", ces diplomates qui pendant des semaines négocient mot à
mot ce si sensible communiqué final, avait dit dimanche soir aux
journalistes le ministre français des Finances Michel Sapin, critiquant le "niveau de très grande généralité" du texte provisoire.
"Il faut quelque chose de politiquement beaucoup plus fort", avait
exigé pour sa part le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Selon une source proche des discussions, les "sherpas" ont négocié
jusque vers trois heures du matin, pour livrer ce texte à la formulation
prudente, qui "devrait convenir" aux chefs d'Etat et de gouvernement.
- 'Pas sur la même planète' -
Une source européenne a elle relaté des débats laborieux, qui ont donné l'impression
que les pays industrialisés d'un côté, et les pays émergents de
l'autre, emmenés par l'Inde et l'Arabie saoudite, "ne vivaient pas sur
la même planète".
"Nous avons besoin d'une vision
commune et d'une action collective, c'est tout simplement normal et
logique", a-t-elle dit, déplorant que cette vision de "bon sens" n'ait
"pas été vraiment partagée".
La source européenne a
toutefois aussi souligné la volonté des pays émergents de ne pas trop
mêler le G20 aux négociations de préparation de la COP21 elle-même, qui
se tient sous l'égide des Nations unies.
Pour Tristram
Sainsbury, expert du Lowy Institute de Sydney, le communiqué final du
G20 est "bien plus positif que ce qui était attendu avant le sommet".
L'expert a toutefois souligné que le projet de communiqué ne
mentionnait pas le financement de la lutte contre le réchauffement
climatique, qu'il a comparé en anglais à un "éléphant dans la salle", un
sujet épineux dont tout le monde évite de parler.
La
chancelière Angela Merkel a confirmé lors d'un point presse que la
question du financement n'avait "pas été abordée" à Antalya, et qu'elle
le serait à Paris.
John Kirton, vice-directeur du G20
Research Group de l'université de Toronto, livre un avis général sévère
sur le texte: "Il n'y a rien de neuf, tout a déjà été dit".
Pour lui, "tout va dépendre d'une ultime tentative désespérée" à Paris.
(END) Dow Jones Newswires
November 16, 2015 06:32 ET (11:32 GMT)
VIVA COP21