Le marché des matières premières se porte mal, en particulier pour les banques. En effet, en raison des règlementations de plus en plus strictes, des mobilisations de capitaux de plus en plus importantes, d’une baisse de la volatilité et des conditions météorologiques de plus en plus favorables, les marges ont nettement baissé ces dernières années. En 2013, les revenus des dix plus grandes banques actives sur les matières premières ont été divisés par trois comparé à 2008, pour atteindre 4.5 milliards de dollars contre 14.1 en 2008.
En raison des nombreuses accusations de manipulation, les autorités financières et en particulier la Fed envisagent de contrôler encore plus les activités des banques sur le marché des commodities.
En effet, le Crédit Suisse va restructurer sa division macro et ne restera que dans le courtage des métaux précieux et le financement du négoce des matières premières.
Barclays, qui faisait partie des cinq acteurs les plus importants de ce marché, a décidé d’arrêter ses activités de courtage dans la plupart des marchés des matières premières.
Entre autres, la Deutsche Bank, JP Morgan et Morgan Stanley ont réduit leurs activités ou quitté le marché des commodities. La Deutsche Bank a décidé de ne plus pratiquer de négoce dans l’énergie, l’agriculture, les produits secs et les métaux de base. La banque allemande ne conservera que ses activités sur les métaux précieux et les dérivés financiers. En mars 2014, JP Morgan Chase a vendu pour 3,5 milliards de dollars, sa branche spécialisée dans le commerce de matières premières au suisse Mercuria, et Morgan Stanley a vendu son activité de pétrole au russe Roseneft, mais reste présent sur le marché de l’électricité et du gaz naturel.
En ce qui concerne les banques françaises, la BNP et la Société générale ne sont pas prêtes de quitter ce marché. En effet, même si la rentabilité des deux banques est touchée par les évènements actuels, elles restent quand même rentables sur les matières premières. Les deux banques sont surtout spécialisées dans la couverture de positions pour les clients. Cela consiste à offrir aux entreprises des produits pour se couvrir contre la hausse des cours des matières premières, par exemple le pétrole pour une compagnie aérienne. La Société général opère toujours dans le négoce des matières premières, et en particulier sur le marché physique des métaux, du gaz, du pétrole et de l’électricité.
Que se passe-t-il sur le marché du gaz et de l’énergie ?
Sans tenir compte des tensions géopolitiques, le marché du pétrole en Europe est copieusement ravitaillé. Cela pèse sur les contrats à terme du Brent qui ont des dates d’échéances assez proches. Par conséquent, le prix du baril à baissé de plus de 5% en juillet, le Brent et le WTA ont perdu près de 12% sur l’année. Aux États-Unis, l’été a été frais, ce qui a fait baisser la demande de gaz pour la production d’électricité, et par conséquent, les cours du gaz ont plongé.
Récoltes abondantes = baisse des cours des produits agricole :
Pour des raisons météorologiques plutôt favorables, le maïs, le soja et le blé ont perdu 50% de leur valeur en quelques mois. Le sucre n’est pas épargné par cette baisse de valeur, en particulier due aux messages de consommations néfastes pour la santé. Au contraire, le café et le cacao se portent très bien. Les récoltes de cacao cette année sont meilleures que prévue, mais le marché reste sous-approvisionné en raison des demandes de plus en plus fortes de la part des USA et des pays émergents. Cela a fait monter le cours du cacao à plus 3000$ la tonne. En ce qui concerne le café, l’appréhension que la production d’arabica chute l’année prochaine en raison de la sècheresse au Brésil fait monter les cours de plus de 11%. Le coton subit le déstockage de la Chine et retrouve ses plus bas depuis quatre ans.
Quand le dollar enfonce les métaux précieux…
Les métaux précieux n’ont pas servi de valeur refuge ces derniers temps. L’or et l’argent qui ont généralement été en hausse ces dix dernières années voient leurs prix se stabiliser de plus en plus. On note une baisse de 5% pour ces métaux sur une année glissante. En effet, le renforcement du dollar a fait chuter les cours des métaux. La remontée du dollar pèse sur les matières premières libellées dans la monnaie américaine en les rendant plus onéreuses pour les investisseurs munis d’une autre devise. Si l’accélération de l’activité économique des Etats-Unis continue, les métaux précieux risquent de suivre le chemin des produits agricoles. Selon le responsable de la recherche de Goldman Sachs, la perspective d’une carence mondiale de nickel, de zinc, d’aluminium ou de palladium devrait maintenir ces métaux, alors que le soja, le pétrole, le minerai de fer ou le cuivre devraient faire les frais d’une production qui surpasse les besoins de la planète.
Les actions et les sociétés de négoce sont les gagnants…
Comme l’indice mondial des matières premières le CRB (Commodity Research Bureau), l’ensemble du marché des commodities est en baisse. La tendance initiale des matières premières étant souvent opposée à celle primant sur les indices actions, ces derniers affichent une bonne tenue avec une hausse de 22% sur une année glissante du SP500.
Au final, pour le moment, les grands gagnants sont les sociétés de négoce de matières premières telles que Mercuria of Switzerland, Roseneft ou encore Glencore Xstrata qui rachètent les pôles commodities des banques, et qui en plus ne sont pas soumises aux règlementations de ces dernières.