Athènes attendra fin avril pour un accord avec ses créanciers
31 Mars 2015 - 10:10PM
Dow Jones News
Après trois jours de négociations techniques entre Athènes et
ses créanciers sur les réformes que le pays doit réaliser, le ton
semble un peu plus conciliant de part et d'autre et un accord reste
possible d'ici fin avril, même s'il reste beaucoup à faire.
Depuis samedi, les discussions techniques entre les experts grecs
et ceux des créanciers, UE et FMI, ont porté sur les détails de la
liste des réformes proposée par le gouvernement d'Alexis Tsipras,
avant de se terminer lundi soir "dans un bon climat", selon le
gouvernement grec.
Pas suffisamment cependant pour qu'un accord soit trouvé dès cette
semaine au niveau des ministres des Finances de la zone euro, comme
l'espérait Athènes. "J'espère que nous pourrons parvenir à un
accord d'ici à fin avril, cela me paraît possible", a prudemment
avancé le président du Conseil européen, Donald Tusk, à Madrid,
excluant une issue avant Pâques.
Quelques heures plus tôt, les responsables grecs semblaient plus
optimistes. "Nous allons vers un accord avec les partenaires demain
(mercredi) ou après-demain (jeudi)", avait anticipé le ministre
adjoint des Finances Dimitris Mardas. De son côté, le porte-parole
du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis avait dit à la télévision
Antena espérer "la tenue imminente d'une réunion des ministres des
Finances de la zone euro (Eurogroupe)".
Mais "le processus d'évaluation du plan (grec) est très complexe",
a rappelé M. Tusk, lors d'une conférence de presse aux côtés du
chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.
- après la négociation, la négociation se poursuit -
Les deux parties "ont convenu d'intensifier le processus
d'évaluation des comptes grecs ("fact finding") à Athènes", selon
une source gouvernementale grecque.
Une téléconférence des experts de la zone euro (Euroworking group)
aura lieu mercredi, "une occasion de faire le point", a brièvement
indiqué à Bruxelles une porte-parole de la Commission, Mina
Andreeva. Selon une source européenne, "les négociations entre
Athènes et Bruxelles vont continuer après la téléconférence".
Si Athènes misait sur un accord cette semaine ou au plus tard d'ici
le début de la semaine prochaine, c'est que sa situation financière
est limite, avec une obligation de rembourser 820 millions d'euros
en créances diverses (principal et intérêts) en avril, dont 460 M
EUR au FMI, et de renouveler 2,4 milliards d'euros de bons du
Trésor, tout en faisant tourner l'État.
Le feu vert des créanciers sur la liste des réformes que la Grèce
doit réaliser est une condition indispensable pour le déblocage
d'une partie des prêts internationaux. L'UE et le FMI veulent
s'assurer que le nouveau gouvernement de gauche radicale, qui ne
cesse de prôner la fin de l'austérité, s'engage sur des réformes
chiffrées, sans faire dérailler le budget, et en augmentant les
recettes publiques.
- "dynamique constructive" -
Après de nombreux allers-retours, la liste des réformes, plus
concrète que dans sa version initiale, a finalement été envoyée le
week-end dernier à Bruxelles. Elle inclut des mesures fiscales, de
lutte contre diverses fraudes et des projets de privatisations,
dont celle du port du Pirée, le tout censé rapporter 3,7 milliards
d'euros par an.
Lors d'un débat au Parlement lundi soir, le Premier ministre grec
Alexis Tsipras a dit chercher "un compromis honnête" avec les
créanciers. Il a cependant répété qu'il y avait des "lignes rouges"
et que le gouvernement n'allait accepter ni "baisse des salaires et
des retraites" ni "aucune mesure récessive".
Alexis Tsipras a estimé qu'il était "crucial que les recettes
provenant de l'utilisation de la propriété publique ne soient pas
jetées dans un gouffre sans fond pour le remboursement de la dette
(...) mais placées là où le pays en a besoin, la sécurité sociale,
la croissance (...)".
Mais Bruxelles ne semble pas avoir renoncé aux mesures les plus
rigoureuses demandées initialement. "Ce serait mieux d'avoir une
liste complète qu'une énième liste qui ne répond pas aux
exigences", relève une source européenne, qui exclut actuellement
le versement d'une partie de la tranche des prêts de 7,2 milliards
d'euros, qu'Athènes attend impatiemment.
Plus conciliante, une autre source européenne a relevé mardi "qu'il
y a du pain sur la planche", mais que "clairement les Grecs se sont
mis dans une dynamique constructive, travaillent, et ça c'est très
positif".