Fessenheim: le gouvernement lance le pilotage de la fermeture de la doyenne des centrales françaises
19 Janvier 2018 - 5:21PM
Dow Jones News
La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, doyenne du
parc français, a été engagée vendredi avec la mise en place d'un
comité de pilotage pour la reconversion du site par le secrétaire
d'Etat Sébastien Lecornu, venu en démineur sur un dossier sensible
qui met en péril 2.000 emplois et prive les collectivités de 14
millions d'euros de recettes fiscales.
"La centrale fermera, j'assume cette décision, (...) Je ne viens
pas avec un chèque, mais je ne viens pas les mains vides. Il s'agit
de construire un projet pour le territoire qui soit exemplaire", a
déclaré M. Lecornu, secrétaire d'Etat à la Transition écologique et
solidaire, lors de l'inauguration du comité en préfecture de
Colmar.
Après avoir abandonné le conflictuel projet d'aéroport de
Notre-Dames-des-Landes, l'Etat s'est emparé depuis jeudi de
l'épineux dossier de la fermeture de la centrale nucléaire de
Fessenheim, planifiée entre fin 2018 et début 2019, au moment de la
mise en place de l'EPR de Flamanville (Manche).
Ce sera une première pour le parc électronucléaire français qui
compte 58 réacteurs en fonctionnement, dont 2 à Fessenheim. EDF
évalue à 79 milliards d'euros le coût du démantèlement de tous les
réacteurs en France.
Sébastien Lecornu savait que l'accueil serait froid. Chahuté par
une trentaine de manifestants à son arrivée jeudi à Colmar pour une
réunion avec les syndicats, il a dit comprendre le désarroi et la
colère. Le site emploie directement 850 salariés d'EDF et 330
salariés permanents d'entreprises prestataires, sans compter les
2.000 emplois indirects et induits.
Lors d'une réunion vendredi avec des élus locaux, les services de
l'État, des représentants d'EDF, des associations et des acteurs
économiques français et allemands, il a esquissé "des pistes
opérationnelles" pour assurer une reconversion du site "vers des
activités durables et prometteuses".
"La réponse sera franco-allemande"
Des pistes variées seront soumises "dans les prochains jours" aux
membres du gouvernement et un délégué interministériel sera nommé
"sous quinzaine" pour suivre le dossier, a-t-il annoncé.
L'une des priorités de l'Etat seront les 330 emplois liés à la
sous-traitance. "Sur cette question, la réponse sera
franco-allemande", a-t-il expliqué. Une cellule spécifique traitera
avec les salariés, "au cas par cas", en collaboration avec
l'Allemagne "qui a besoin de ce genre de profil", a-t-il
précisé.
Le rapprochement avec l'Allemagne se fera également au niveau
fiscal grâce à "une harmonisation des conditions fiscales" entre le
territoire autour de Fessenheim et la zone limitrophe du
Bade-Wurtemberg.
L'Etat s'est engagé à "neutraliser les pertes fiscales" des
collectivités locales concernées et veut lancer un appel à projets
dans les domaines des énergies renouvelables (photovoltaïque,
éolien...) pour "ouvrir une nouvelle page de l'histoire
industrielle de l'Alsace", a expliqué Sébastien Lecornu.
"On s'est fait une raison"
Les discussions ont "ouvert des perspectives" pour une partie du
Haut-Rhin et de l'Alsace, a estimé le président de la région Grand
Est, Jean Rottner. "On s'est fait une raison, il faut maintenant
travailler à apporter une nouvelle ambition pour le territoire",
a-t-il ajouté.
Les représentants syndicaux ont pour leur part jugé "constructive"
leur première rencontre avec M. Lecornu.
"On ne peut qu'être content d'avoir ce dialogue, quand les
gouvernements précédents n'ont strictement rien fait", a ainsi
souligné Alain Basserer, délégué syndical FO du site nucléaire.
Sébastien Lecornu ne s'est pas rendu sur le site vendredi où
l'attendaient une centaine de manifestants. Mais il reviendra à
Colmar pour la réunion du comité de pilotage les 12 et 13 avril. Le
calendrier de la fermeture de la centrale et de son démantèlement
seront discutés à cette occasion.
Située tout près de la frontière avec la Suisse et avec
l'Allemagne, la centrale de Fessenheim a été mise en service en
1977. Elle comporte deux réacteurs à eau pressurisée d'une
puissance de près de 900 mégawatts (MW) chacun qui produisent
l'équivalent de 65% de l'électricité consommée en Alsace.
Depuis de nombreuses années, les écologistes français, allemands et
suisses dénoncent sa vétusté. L'installation est construite sur une
zone sismique et en contrebas du Rhin.
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January 19, 2018 11:01 ET (16:01 GMT)
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