La blockchain s'apprête à être déployée dans la gestion d'actifs - Market Blog
12 Janvier 2018 - 11:47AM
Dow Jones News
Par Jade Grandin de l'Eprevier
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les promesses de réduction de coûts et
d'amélioration de la transparence dans la souscription et la
distribution de fonds grâce à la blockchain donnent lieu à de
multiples preuves de concept (POC). Deux projets sortent du lot :
ayant réussi leur phase de test, ils sont en préproduction pour un
déploiement industriel et commercial au cours de 2018.
D'un côté, la plate-forme Iznes, développée par la start-up Setl
pour le compte de cinq gestionnaires d'actifs : OFI AM, Groupama
AM, La Financière de l'Echiquier, Arkéa Investment Services et La
Banque Postale AM (cette dernière n'ayant pas communiqué sur son
engagement dans l'initiative). Iznes réalise de la tenue de
registre du passif des OPC (organismes de placement collectif)
grâce à une blockchain privée fournie par Setl. Son test
opérationnel, rendu public jeudi, a consisté à passer des ordres
d'achat et de vente de parts d'OPC gérés par OFI AM, pour le compte
de Macif et Matmut. En outre, "une communauté élargie de
gestionnaires d'actifs, en plus des cinq de départ, sont en train
de rejoindre le projet", se réjouit Christophe Lepitre, président
du comité de suivi d'Iznes et directeur général délégué d'OFI
AM.
D'importantes différences entre les deux solutions
D'autre part, la plate-forme FundsDLT, créée et administrée par
Fundsquare (filiale de la Bourse de Luxembourg), en partenariat
avec KPMG Luxembourg et la société informatique In'Tech. Elle
utilise une blockchain privée tournant sur Ethereum pour effectuer
le routage d'ordres, la liquidation (déplacer la trésorerie) et la
tenue de registre. Elle a été testée par Natixis Asset Management
(NAM) l'année dernière, puis par BNP Paribas Asset Management (BNPP
AM) qui a communiqué dessus mercredi.
Dans les deux cas, la blockchain réduit les coûts et améliore la
transparence, surtout pour les gestionnaires d'actifs, qui
connaîtront mieux l'identité des détenteurs de leurs parts de
fonds. Dans le système actuel, les ordres de souscription et de
rachat sont agrégés lors de leur passage par le dépositaire des
fonds (en France) ou l'agent de transfert (au Luxembourg), en
l'occurrence souvent une grande banque (comme BNP Paribas
Securities Services, BP2S, ou Société Générale Securities Services,
SGSS).
Mais d'importantes différences opposent les deux projets.
Contrairement à FundsDLT, Iznes ne fait pas passer le paiement des
parts de fonds par la blockchain, préférant emprunter le circuit
classique des banques. Elle estime ainsi minimiser le risque pour
l'investisseur de convertir ses euros en tokens lors de leur
passage par la blockchain. Deuxièmement, Iznes "seule matérialise
la propriété juridique des titres, alors que dans d'autres
initiatives le registre du passif des OPC continue d'être tenu par
un acteur classique", explique Pierre Davoust, président d'Iznes et
directeur général de Setl France. Pour cela, OFI AM a simplement
changé les prospectus de ses fonds pour indiquer que les parts
émises seraient tenues dans le registre Iznes.
"La solution Iznes est plus révolutionnaire car elle s'appuie sur
le cahier des charges des gestionnaires d'actifs qui souhaitaient
revenir à ce qui se faisait dans les années 80, à savoir une
inscription en compte directe", explique un expert. "La solution
FundsDLT a été développée de manière défensive par des agents de
transfert, elle donne une meilleure maîtrise du passif mais reste
coûteuse car toujours intermédiée."
Quoi qu'il en soit, l'heure est désormais au déploiement.
"Techniquement tous les feux sont au vert", estime Jean-François
Marchand, directeur commercial France de SGSS, qui a participé au
test d'Iznes. "[…] Mais il faut que les investisseurs adoptent
cette plate-forme et choisissent d'y passer leurs ordres de rachat
ou de souscription plutôt que de se tourner vers les banquiers
traditionnels. Cela prendra du temps et de la communication."
Parallèlement, les plates-formes concurrentes discutent déjà de
leur compatibilité et de leur interopérabilité. BNPP AM a ainsi
utilisé une API (interface de programmation) pour connecter
FundsDLT à Fund Link, une blockchain précédemment créée avec Axa
IM. "Le test a permis de démontrer que cette interopérabilité entre
deux partenaires importants dans l'univers de la blockchain était
rendue possible", souligne Fabrice Silberzan, directeur de
l'exploitation de BNPP AM.
Ajoutez à cela la bienveillance du régulateur français, qui a
choisi l'échange de titres non cotés (notamment des parts de fonds)
comme premier cas d'application pour légiférer sur la blockchain…
en 2018, les étoiles sont alignées entre la gestion d'actifs et la
technologie du registre distribué.
-Jade Grandin de l'Eprevier, L'Agefi. ed: ECH
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