Le secteur de la bière refait de la mousse. A près de 20 fois les bénéfices, les valorisations des grands groupes brassicoles sont revenues à leur plus haut niveau depuis la crise financière. Et quand Heineken confirme dimanche qu'il a été approché pour un rachat par son concurrent SABMiller, l'impact est immédiat sur les cours de bourse: ils progressent encore. Et ce, même si la famille qui contrôle Heineken souhaite que le brasseur néerlandais reste indépendant.



SABMiller demeure au centre des espoirs de consolidation dans ce segment des boissons. La croissance chez le numéro un mondial, Anheuser-Busch InBev, est en train de ralentir, avec des bénéfices attendus en hausse de 8% annuellement entre 2013 et 2016, selon Société Générale, contre une progression moyenne de près de 15% lors des trois dernières années.



SABMiller a peu d'options sur la table



En se rapprochant du numéro deux SABMiller - qui réalise 70% de ses bénéfices sur les marchés émergents - AB InBev pourrait remédier à cela. Et selon des informations recueillies par Dow Jones Newswires, le groupe belgo-brésilien discuterait justement d'un financement de 75 milliards de livres (94,26 milliards d'euros) avec les banques pour parvenir à ce rapprochement.



Mais une combinaison entre Heineken et les marques haut de gamme de SABMiller aurait également du sens en dépit de possibles problèmes de concurrence sur plusieurs marchés en Europe et en Afrique. D'autant que le groupe britannique est limité dans ses options. Il pourrait toujours tenter de racheter le solde de la branche africaine du groupe français Castel dont il détient déjà 20% du capital. Mais il devra, là aussi, composer avec une cible dont l'actionnariat est familial. Quant au rapprochement souvent envisagé avec Diageo, il apparaît improbable. Les avantages d'une alliance entre producteurs de bières et de spiritueux n'ont pas été prouvés et SAB n'a guère manifesté d'intérêt pour un élargissement de sa gamme d'alcools.



Obtenir un meilleur prix d'AB InBev



Entretenir la flamme autour de ces discussions de fusion peut seulement aider SABMiller à obtenir un meilleur prix si AB InBev se manifeste pour un rachat. Une transaction serait cependant complexe à exécuter étant donné les doublons aux Etats-Unis et en Chine ainsi que les différents partenariats et associations existants de SAB. Son coût serait également très élevé. Les transactions dans le secteur de la bière ont toutes été conclues sur la base d'une valorisation représentant en moyenne 10 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) entre 1999 et 2005 - et même 11 fois entre 2008 et 2010- selon Goldman Sachs. Le ratio moyen observé sur les trois dernières années s'établissant plus volontiers à 15.



AB InBev pourrait également avoir davantage de difficultés à identifier des économies de coûts que lors de ses précédentes acquisitions. En définitive, la bière de SABMiller pourrait se révéler vraiment coûteuse.



-Helen Thomas, THE WALL STREET JOURNAL



(Version française Jérôme Batteau)

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