ENTRETIEN: Icade est en "ordre de bataille" pour récolter les bénéfices d'un Brexit
01 Juillet 2016 - 11:55AM
Dow Jones News
Un mouvement de délocalisation des établissements financiers
britanniques pourrait avoir un impact "significatif" sur le marché
de l'immobilier de bureaux en Ile-de-France et Icade s'y prépare,
affirme le directeur général de la foncière, Olivier Wigniolle. Le
groupe est "en ordre de bataille", a-t-il souligné.
"Il est un peu tôt pour savoir si ce mouvement aura lieu, mais il
pourrait être significatif à l'échelle du marché parisien", a
indiqué le dirigeant à Dow Jones Newswires, après le vote
britannique pour sortir de l'Union européenne de la semaine
dernière.
Si une entreprise basée au Royaume-Uni décide de relocaliser 10.000
personnes en région parisienne, cela représenterait 200.000 mètres
carrés loués, soit un volume de 10% de transactions
supplémentaires, calcule Olivier Wigniolle.
"Le taux de vacance - de l'ordre de 7% à 8% en Ile-de-France -
pourrait chuter rapidement et il y aurait très vite une situation
de tension sur les surfaces disponibles et donc sur les prix",
indique-t-il.
"Le stock existant de bureaux n'est pas suffisant pour répondre à
une forte demande, on pourrait donc imaginer un impact sur le
lancement de nouveaux immeubles", ajoute Olivier Wigniolle.
Pour faire face à un éventuel afflux de demandes, Icade envisage
d'accélérer deux ou trois projets de construction de bureaux en
région parisienne, comme le projet Campus Défense, afin d'avancer
les lancements à septembre et octobre prochains.
"En cas de délocalisation à Paris, il y aura une prime à celui qui
sera prêt en premier", prédit Olivier Wigniolle, qui envisage de
renforcer ses équipes dans la production d'immeubles.
Icade, filiale de la Caisse des Dépôts, dispose d'un patrimoine
immobilier de 9,2 milliards d'euros, dont 80% est composé de
bureaux ou de parcs d'affaires. Le groupe est notamment présent à
Paris, avec un immeuble de bureaux sur les Champs Elysées et dans
le quartier d'affaires de la Défense. Icade y détient la tour Eqho,
qui accueille les équipes de KPMG, d'Air Liquide et de la Banque de
France.
Les contacts se multiplient avec Londres
Pour l'heure, Icade indique n'avoir pas reçu de "demandes
concrètes" de sociétés basées au Royaume-Uni pour des bureaux. Mais
la société foncière multiplie les contacts commerciaux avec les
directions immobilières des groupes financiers britanniques pour
présenter ses projets immobiliers, indique Olivier Wigniolle. Le
dirigeant estime que les premières annonces concrètes de
délocalisation d'entreprises basées au Royaume-Uni interviendront
avant la fin de l'année.
Après le vote sur une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne
(UE), les établissements financiers attendent de savoir s'ils
pourront continuer à bénéficier du "passeport européen". Cette
réglementation permet à une institution financière basée
outre-Manche d'opérer des transactions financières dans n'importe
quel pays de l'UE.
Si les établissements financiers de la City perdent ce "passeport
européen", la relocalisation des équipes sera très probable et
Paris devrait en bénéficier plus que Francfort en raison de son
cadre de vie, estime Olivier Wigniolle.
Le dirigeant prévient toutefois que la question de la fiscalité
risque d'être un frein à un mouvement de délocalisation en France.
Ce qui pourrait permettre à d'autres places financières aux
conditions fiscales plus avantageuses, comme Dublin et Lisbonne,
d'émerger au dépend de Paris.
-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53;
blandine.henault@wsj.com ed: ECH
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July 01, 2016 05:35 ET (09:35 GMT)
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