Areva/EDF: dernière ligne droite pour parvenir à un accord
28 Juillet 2015 - 2:30PM
Dow Jones News
Areva et EDF doivent lever le rideau jeudi matin sur les
modalités de leur rapprochement, un processus qui devrait ensuite
s'étaler jusqu'à fin 2016 et qui ne constitue que l'un des piliers
du sauvetage de l'ex-fleuron du nucléaire français.
Les négociations entre les deux groupes, commencées il y a
plusieurs mois en raison de la situation financière critique
d'Areva (4,9 milliards d'euros de pertes l'an dernier), sont
toujours en cours. Mais leurs conseils d'administration respectifs
devraient entériner un accord mercredi soir, et une partie du
suspense sera levée jeudi matin, lors de la publication de leurs
résultats semestriels.
On devrait connaître l'offre de l'énergéticien pour acquérir la
majorité d'Areva NP, l'activité réacteurs du spécialiste du
nucléaire.
L'offre initiale d'EDF, qui valorisait l'ensemble de la division à
2 milliards d'euros, aurait été relevée à 2,7 milliards d'euros,
selon plusieurs médias. Ce chiffre est "assez proche de la vérité",
reconnaît une source proche du dossier.
EDF devrait prendre 75% du capital d'Areva NP, même si le
pourcentage est encore susceptible d'évoluer. L'entrée éventuelle
d'autres investisseurs ne se ferait que dans un deuxième temps.
L'appétit d'acteurs chinois et japonais a notamment été évoqué.
Les équipes d'ingénierie des réacteurs d'Areva seront placées dans
une coentreprise entre EDF et Areva NP, donc très majoritairement
sous le contrôle de l'électricien.
Les deux groupes feront aussi le point sur leurs contrats
commerciaux de fourniture de combustible nucléaire et de
retraitement des déchets.
Ce dernier sujet semble faire partie des points d'achoppement de la
négociation. Une fois recentré sur le cycle du combustible, Areva
sera en effet beaucoup plus dépendant de ces contrats, et ses
dirigeants veulent s'assurer que le "nouvel Areva" pourra être
rentable.
De son côté, EDF a fait une offre qu'il n'entend pas modifier.
L'électricien, qui avait ces dernières années diversifié ses
fournisseurs de combustible et dont la situation financière est
elle aussi tendue, ne veut pas "surpayer" ces services.
"On n'est vraiment pas loin d'un accord", assure toutefois une
source au fait des négociations.
Areva devrait aussi annoncer des cessions d'actifs - il a déjà
engagé celle de sa filiale américaine Canberra, spécialisée dans
les instruments et systèmes de mesures nucléaires.
Le groupe précisera également ses besoins de financement pour les
prochaines années, qui devraient avoisiner les 7 milliards
d'euros.
- Une finalisation avant fin 2016 -
Mais il lui manquera un élément essentiel pour expliquer aux
investisseurs comment les combler, puisque le gouvernement refuse
de chiffrer pour le moment l'effort de recapitalisation qu'il est
prêt à faire.
"En aucun cas l'État ne mettra un chèque sur la table" dès cette
semaine, a ainsi déclaré le ministre de l'Economie Emmanuel Macron
mardi dernier, évoquant "un rendez-vous en septembre".
La facture pourrait s'avérer plus salée qu'anticipé par Bercy,
puisqu'au lieu des 2 à 3 milliards d'euros envisagés, l'effort
devrait être porté à 4 ou 5 milliards, selon Les Echos.
L'Elysée avait toutefois assuré début juin que l'Etat, actionnaire
à 84,5% d'EDF et à 87% d'Areva, renflouerait le groupe "à la
hauteur nécessaire".
Après la présentation de l'offre indicative d'EDF jeudi, s'ouvrira
une période dite de "due diligence" d'environ trois mois, pendant
laquelle l'énergéticien pourra examiner les comptes d'Areva NP en
vue de formuler une offre ferme, d'ici fin octobre.
Interviendront ensuite tous les processus d'autorisation par les
autorités de la concurrence concernées, notamment à Bruxelles, et
la finalisation de la transaction ne devrait donc pas intervenir
avant fin 2016.
En parallèle, Areva poursuivra la mise en oeuvre de son plan de
restructuration destiné à réaliser un milliard d'euros d'économies
d'ici à 2017. Il pourrait se traduire par la suppression de 6.000
emplois dans le monde - dont 3.000 à 4.000 en France via des
départs volontaires - sur un total de 44.000 employés.