Les électeurs britanniques compliquent (un peu) la tâche des spécialistes des M&A
09 Juin 2017 - 3:35PM
Dow Jones News
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Mener à bien des acquisitions de
plusieurs milliards de dollars comporte assez de difficultés sans
que viennent s'y ajouter les variations de changes, la volatilité
des marchés d'actions et l'incertitude relative aux politiques
commerciale et fiscale que peut engendrer un résultat inattendu aux
élections.
Cette incertitude et ces facteurs de risque sont précisément ce que
les électeurs britanniques ont offert aux banquiers et avocats
spécialisés dans les fusions-acquisitions (M&A) pour la
deuxième fois un en an.
En effet, en juin 2016, les électeurs ont une première fois pris au
dépourvu les spécialistes des M&A en votant en faveur du
Brexit. Jeudi, alors que les négociations sur la sortie du
Royaume-Uni de l'Union européenne sont sur le point de commencer,
ils ont récidivé en refusant d'accorder au Parti conservateur de la
Première ministre Theresa May la majorité absolue au Parlement.
"L'incertitude est néfaste et aura irrémédiablement un impact [sur
les opérations de fusion-acquisition], et je ne pense pas que
quiconque sur le marché ait une opinion différente ce matin",
affirmait Bob Bishop, coprésident du service des fusions et
acquisitions du cabinet d'avocats DLA Piper, après l'annonce du
résultat des élections.
"Les retombées du Brexit risquent d'être plus défavorables encore
et, par conséquent, ceux qui envisagent d'investir au Royaume-Uni
surveilleront avec encore plus de circonspection comment les choses
vont se dérouler", ajoute Bob Bishop.
D'autres observateurs se montrent plus optimistes, malgré
l'incertitude accrue qui entoure le projet du Royaume-Uni de sortir
de l'Union européenne.
"Le dossier épineux du Brexit encourage toujours les vendeurs à
vendre maintenant, et les acheteurs prêts à considérer qu'il s'agit
de simples difficultés politiques locales sont plus nombreux qu'il
n'en faut", souligne Phil Sanderson, avocat spécialisé dans le
capital-investissement chez Ropes & Gray.
La conjoncture reste favorable aux fusions-acquisitions
La vigueur des marchés d'actions et la possibilité d'émettre de la
dette à bas coût entretiennent néanmoins un environnement favorable
aux opérations de M&A. La chute de la devise britannique,
vendredi, consécutive au résultat des élections, avantage les
opérations transfrontalières. En effet, les conglomérats
britanniques qui réalisent la majeure partie de leur chiffre
d'affaires en dollars mais publient leurs résultats en livres
sterling devraient dégager des bénéfices plus élevés grâce aux
effets de change. Aussi, leur cours de Bourse devrait être tiré à
la hausse et leur permettre de financer des opérations à moindres
frais en utilisant leurs actions.
Le mouvement de vente qu'a subi la livre sterling après le vote en
faveur du Brexit a représenté un élément déterminant pour
l'acquisition de Reynolds American par British American Tobacco,
une opération d'un montant de 49 milliards de dollars qui doit
donner naissance au plus grand cigarettier mondial coté en
Bourse.
En outre, une livre faible peut également rendre l'acquisition
d'entreprises britanniques moins onéreuse pour des groupes
étrangers. Le géant américain 21st Century Fox a ainsi profité de
la baisse de la livre pour réduire les coûts de financement de son
offre d'achat sur Sky en décembre. Cependant, l'action Sky perdait
1% à la Bourse de Londres vendredi, les investisseurs craignant que
le résultat des élections de jeudi ne retarde la validation de
l'opération par les autorités britanniques des médias et de la
concurrence.
-Ben Dummet, Dow Jones Newswires
(Version française Aurélie Henri) ed : LBO
(END) Dow Jones Newswires
June 09, 2017 09:15 ET (13:15 GMT)
Copyright (c) 2017 Dow Jones & Company, Inc.