Ambroise Ecorcheville



AGEFI - DOW JONES





PARIS (Agefi-Dow Jones)--En transférant les 12,7% qu'il détient dans Groupe PSA (UG.FR) de l'APE à Bpifrance, l'Etat français a monétisé sa participation dans le constructeur automobile pour financer d'autres investissements, comme la refondation de sa filière nucléaire en crise.



Mais la décision de vendre ou pas ses parts dans l'emblématique propriétaire des marques Peugeot et Citroën, après son sauvetage par Carlos Tavares et alors qu'il s'apprête à reprendre l'allemand Opel, dépendra plutôt du vainqueur des prochaines élections présidentielles.





Bpifrance officiellement là pour rester





Certes, Bpifrance a affirmé mercredi que l'Etat français resterait "un actionnaire de référence" de PSA.



"Bpifrance reprendra les droits et obligations du pacte d'actionnaires conclu avec la société, la famille Peugeot et le constructeur automobile chinois Dongfeng et disposera en conséquence de deux sièges et d'un censeur au conseil de surveillance de PSA", a souligné l'organisme public dans un communiqué.



Le fonds souverain à la française, qui est comme l'APE contrôlé par l'Etat, a même rappelé que ses actions PSA bénéficieraient de droits de vote doubles deux ans après leur acquisition.





Pas d'obligation de conservation





Mais dans les faits, rien n'empêcherait le prochain locataire de l'Elysée de vendre les parts de l'Etat dans Groupe PSA. Signé en 2014 pour 10 ans, le pacte d'actionnaires entre l'Etat français, Groupe PSA, Dongfeng et la famille Peugeot ne les engage pas à conserver leurs titres dans le constructeur automobile.



Selon les termes de ce pacte, l'Etat pourrait même descendre jusqu'à 5% de PSA sans perdre son droit de veto aux éventuelles velléités de montée au capital de ses partenaires. Une disposition dont profitent également Dongfeng et la famille Peugeot.



Comme l'Etat français, Dongfeng et la famille Peugeot détiennent chacun 12,7% de PSA.





Entre politique et finance





Dès lors, le futur chef de l'Etat pourrait avoir deux grandes raisons de rester ou pas au capital de PSA.



La première est politique.



L'Etat pourrait rester au capital du groupe parce qu'il juge PSA stratégique et/ou pour éviter toute tentative de prise de contrôle de l'industriel par le chinois Dongfeng.



Il pourrait au contraire estimer que l'équilibre des pouvoirs est assuré par la famille Peugeot, dans le cadre du pacte d'actionnaires signé il y a trois ans pour sauver le groupe, et considérer qu'il n'a plus sa place dans une entreprise commerciale.



La seconde est financière.



L'Etat français pourrait décider de rester au capital de PSA pour profiter de la création de valeur potentielle liée au rachat et à la relance de l'allemand en difficultés Opel.



Ou vendre pour financer d'autres projets.



En tout état de cause, toute décision de vendre avant que PSA se lance dans le redressement d'Opel pourrait être perçue comme un désaveu pour sa direction.



A l'inverse, une sortie de son capital permettrait de lever les craintes récurrentes d'interférence du gouvernement dans la gestion du groupe.





Une probabilité élevée, selon Exane





Dans une récente étude, Exane BNP Paribas a estimé que la probabilité d'une cession des parts de l'Etat dans PSA par le prochain exécutif était élevée.



Si c'est le cas, l'investisseur n'a plus qu'à espérer que l'Etat saura conjuguer au mieux intérêts politiques et financiers, notamment dans le respect de ceux des autres actionnaires. Qui parfois divergent...





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



March 28, 2017 09:33 ET (13:33 GMT)




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