L'industrie automobile mondiale réunie à Pékin mise sur la résistance du marché chinois
17 Avril 2014 - 2:28PM
Dow Jones News
Réunis à partir de dimanche au salon de Pékin, les constructeurs
automobiles du monde entier misent toujours sur l'insolente
croissance du marché chinois, en dépit du net ralentissement de
l'économie et des nouvelles préoccupations environnementales des
autorités.
Selon ses organisateurs, quelque 1.100 modèles de véhicules seront
exposés pour l'évènement qui ouvrira lundi ses portes au public et
devrait attirer plusieurs centaines de milliers de visiteurs.
Tous les grands noms de l'industrie mondiale, de General Motors à
Toyota, de Volkswagen à Hyundai, y seront présents, aux côtés des
géants chinois SAIC Motor -- premier constructeur du pays -- et
Dongfeng Motor, lequel vient d'entrer en fanfare au capital du
français PSA Peugeot Citroën.
Le marché chinois, le plus grand du monde, est crucial pour les
constructeurs, à un moment où ils voient leurs ventes ralentir
ailleurs.
En Chine, ces ventes ont ainsi bondi de presque 14% en 2013, à
21,98 millions de véhicules, soit une nette accélération en dépit
d'un contexte économique fragile.
- 'Le marché le plus prometteur' -
"Les professionnels, notamment les équipementiers, restent
extrêmement confiants sur les perspectives d'activité en Chine: le
pays représente entre 26 et 28% de la demande mondiale et ça reste
le marché le plus porteur pour les années à venir", observe Yann
Lacroix, analyste du cabinet Euler Hermes.
"Les crédits bancaires dans le pays sont repartis à la hausse",
après plusieurs coups de vis de la banque centrale, "et malgré une
petite inflexion, la demande automobile reste globalement très bien
orientée", a-t-il indiqué à l'AFP.
Le ciel chinois n'est pourtant pas sans nuages et les ventes
automobiles pourraient se voir rognées à court et moyen termes par
le net ralentissement économique du géant asiatique.
La croissance du pays a trébuché à 7,4% au premier trimestre de
l'année et pourrait enregistrer cette année sa moins bonne
performance depuis près d'un quart de siècle.
Surtout, le secteur pourrait pâtir d'une salve de restrictions
adoptées par les autorités, aussi soucieuses de s'attaquer aux
embouteillages qui paralysent les métropoles que d'endiguer une
sévère pollution atmosphérique devenue endémique.
Hangzhou (est) est ainsi devenue fin mars la sixième grande ville
du pays, après notamment Pékin, Shanghai et Canton, à restreindre
drastiquement le nombre de plaques d'immatriculation qu'elle
délivre tous les ans.
- Refroidissement -
Signe que le marché automobile chinois n'est pas épargné par le
refroidissement de la conjoncture, les ventes de voitures y ont
accusé un net coup de frein en mars, avec une hausse de seulement
6,6% sur un an, contre un bond de 17,8% le mois précédente, selon
une fédération professionnelle.
Prenant en compte "la probabilité de nouvelles mesures des
gouvernements locaux contre la pollution", les experts de Moody's
Investors tablent sur une croissance annuelle de 8% des ventes de
voitures en Chine en 2014 et 2015, en net ralentissement par
rapport à 2013.
Malgré tout, même ralentie, la progression des ventes chinoises
demeure insolente par rapport aux prévisions de Moody's d'une
hausse de 3,2% des ventes de voitures dans le monde -- pénalisées
notamment par le ralentissement aux Etats-Unis et les replis
attendus au Brésil et en Russie.
De quoi pousser les constructeurs à accroître leur présence, voire
leur production, en Chine: ainsi, le sud-coréen Hyundai vient de
confirmer l'ouverture d'une quatrième usine dans le pays.
L'allemand Daimler a quant à lui indiqué en mars avoir signé un
accord avec son partenaire chinois BAIC pour investir conjointement
un milliard d'euros pour doper leur production commune.
Et lors de l'entrée de Dongfeng au capital de PSA à hauteur de 14%,
les deux groupes ont indiqué vouloir tripler d'ici à 2020 les
ventes de leur coentreprise en Chine.
De son côté, le français Renault, allié depuis décembre avec
Dongfeng, devrait commencer la production en Chine dès 2016. Alors
que les ventes de voitures électriques ou hybrides peinent à
décoller, c'est sur ce créneau que la marque française au losange
entend à terme faire la différence.