PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le SBF 120 a clôturé vendredi en hausse de
0,1%, à 5.732,18 points, une progression similaire au CAC 40 qui a
terminé la dernière séance de l'année 2023 à 7.543,18 points. En
2023, les deux indices ont respectivement gagné 15,3% et 16,5%,
s'en tirant ainsi un peu mieux que le Stoxx Europe 600, qui a
avancé de 12,7%.
Après avoir débuté sous le signe de l'inflation et de hausses
musclées des taux d'intérêt, l'année 2023 s'est achevée dans un
climat plus optimiste sur les marchés, les investisseurs misant
pour 2024 sur une position plus accommodante des grandes banques
centrales. Ce pivot très attendu, au calendrier encore incertain,
s'accompagne toutefois de perspectives économiques peu
réjouissantes, la zone euro démarrant l'année 2024 au bord de la
récession, tandis que les Etats-Unis espèrent encore un
atterrissage en douceur de leur économie.
Ignorant les risques de récession et des tensions géopolitiques
élevées avant de nombreux scrutins dans le monde en 2024, dont
l'élection présidentielle aux Etats-Unis, les investisseurs ont
porté les indices boursiers à de nouveaux sommets fin 2023. Au
niveau mondial, les grands vainqueurs de l'année ont été les "Sept
Magnifiques" - Apple, Amazon, Microsoft, Alphabet, Meta Platforms,
Tesla et Nvidia - qui ont notamment profité de l'essor de
l'intelligence artificielle. Ce thème devrait rester dominant sur
les marchés en 2024, aux côtés de la transition énergétique.
Au sein du SBF 120, le secteur automobile, en pleine mutation vers
les véhicules électriques, a tiré son épingle du jeu, tandis que
les entreprises les plus endettées ont pâti de la remontée des taux
d'intérêt. Alors que la question des coûts d'emprunt restera
centrale en 2024, le secteur immobilier et les valeurs bancaires
pourraient être particulièrement surveillés par les
investisseurs.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT REALISE LES MEILLEURS PARCOURS EN
2023:
-Avec une progression de 59,3%, Stellantis a semé toutes les autres
composantes de l'indice SBF 120 en 2023. Le constructeur automobile
a profité à plein de son statut d'acteur le plus rentable du
secteur, alors que sa marge opérationnelle est attendue autour de
13% pour 2023 par les analystes. Les flux de trésorerie qui
découlent de ce haut niveau de rentabilité ont permis à
l'industriel né de la fusion entre Groupe PSA et Fiat Chrysler
Automobiles de généreusement récompenser ses actionnaires en 2023.
Le programme de rachat d'actions d'un montant de 1,5 milliard
d'euros conduit par Stellantis a apporté un peu plus de carburant
pour entretenir l'accélération de son cours de Bourse.
L'organisation matricielle du groupe en trois dimensions - marques,
fonctions et régions - constitue un sérieux atout à l'approche
d'une année à risque. Le secteur automobile devrait être confronté
en 2024 à une normalisation des volumes, les ventes mondiales ayant
pratiquement retrouvé leur niveau d'avant la crise sanitaire, et
des prix, notamment en Europe sous l'effet d'une concurrence
exacerbée par l'arrivée des marques chinoises.
-Le laboratoire vétérinaire Virbac (+57,7%) a terminé l'année 2023
au triple galop et monte ainsi sur le podium des plus fortes
hausses du SBF 120. La course était pourtant loin d'être gagnée
d'avance. Au premier semestre, le groupe a averti sur ses
résultats, pénalisé par un tassement de ses ventes, une
cyberattaque et des contraintes de production plus importantes que
prévu pour ses vaccins destinés aux chiens et aux chats. Cependant,
Virbac a ensuite relevé à deux reprises ses objectifs annuels,
grâce à une accélération de ses ventes pendant la seconde partie de
l'année, une marge sur coût de production plus importante
qu'attendu et le décalage de certaines dépenses, en particulier de
recherche et développement. En 2024, Virbac sera à surveiller sur
le plan de la croissance externe, souligne Oddo BHF.
-La ligne est désormais rétablie entre Solutions 30 et le marché.
Après avoir perdu les trois quarts de sa valeur boursière en 2022,
le fournisseur de services d'assistance numérique (+56,3%) a entamé
un rebond en 2023 grâce au redressement progressif de ses
performances. L'ex-PC 30 a pu s'appuyer sur l'excellente dynamique
de son activité au Benelux, où il profite du déploiement de la
fibre optique et du démarrage de nouveaux contrats dans les
activités liées aux énergies nouvelles et à la mobilité électrique.
La vigueur de la croissance dans cette zone, qui regroupe la
Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, permet de contrebalancer
une situation qui reste plus difficile en France. Dans le courant
de l'exercice 2024, Solutions 30 compte renouer avec une marge
d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) à deux chiffres, alors que
cette dernière est tombée à 5,2% en 2022 et pourrait atteindre 6,1%
en 2023, selon le consensus FactSet. Le développement du groupe en
Allemagne sera au centre de l'attention en 2024, souligne TP ICAP
Midcap.
-Le belge X-Fab (+53,9%), entré au SBF 120 en septembre, s'est
hissé au quatrième rang des plus fortes hausses de l'année 2023. Il
faut dire que ce "fondeur" de semi-conducteurs s'est transformé en
sprinter pour satisfaire la forte demande de puces au sortir de la
crise sanitaire. Sur les neuf premiers mois de 2023, son chiffre
d'affaires a progressé de 20% et le groupe vise un taux de
croissance moyen d'environ 18,5% pour les trois prochains
exercices, soutenu par la demande en provenance de l'industrie
automobile, son principal marché. En dépit d'un récent coup de
frein des constructeurs sur leurs programmes de véhicules
électriques, X-Fab devrait continuer de profiter d'un marché
porteur en 2024 même s'il n'a pas encore fourni de prévisions. La
demi-douzaine d'analystes qui suivent la valeur sont tous à
l'achat.
-Le groupe hôtelier Accor (+48,2%) a bénéficié du rebond du
tourisme en 2023, notamment en Europe où les prix moyens des
nuitées restent nettement supérieurs à ce qu'ils étaient avant la
crise sanitaire. Le sponsor du PSG n'a cessé de relever ses
prévisions de résultats au cours de l'année écoulée, ce qui a plu
au marché. Les analystes se montrent toutefois plus prudents pour
2024 en raison des incertitudes macroéconomiques et géopolitiques.
La guerre au Proche-Orient pourrait peser sur les réservations du
groupe, premier hôtelier de la région, souligne Barclays.
Néanmoins, les trois quarts des analystes continuent de recommander
Accor à l'achat. "Les prochains catalyseurs sur le titre seront les
résultats 2023 et le lancement d'une nouvelle tranche de rachats
d'actions", indique Oddo BHF, à "surperformance" sur la valeur.
Avec les Jeux olympiques en ligne de mire, l'hôtelier pourrait
également viser plus haut en Bourse et frapper à nouveau à la porte
du CAC 40, quatre ans après son éviction.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT ACCUSE LES PLUS FORTS REPLIS EN
2023:
-Orpea (-95,7%) a évité la faillite en 2023 mais ne vaut plus rien
en Bourse. Victorieux d'un combat judiciaire de plusieurs mois
contre une partie de ses créanciers et actionnaires, l'exploitant
de cliniques et de maisons de retraite a lancé un vaste plan de
restructuration au caractère hautement dilutif. Pour apurer une
partie de sa dette de 9,7 milliards d'euros, le groupe a procédé à
deux augmentations de capital d'un montant total de plus de 5
milliards d'euros, qui ont permis sa prise de contrôle par un
groupement mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). A
l'issue d'une dernière levée de fonds prévue au début 2024, ce
groupement détiendra 50,1% du capital d'Orpea et les créanciers en
posséderont 48,8%. Les actionnaires actuels ne détiendront plus que
0,4% du capital. Financièrement sauvé, Orpea s'emploiera en 2024 à
restaurer sa crédibilité, perdue depuis les révélations voilà deux
ans du livre-enquête "Les Fossoyeurs" sur la gestion de ses
établissements. Des cessions d'actifs, le lancement d'une foncière,
la transformation en une société à mission et un changement de nom
sont au programme.
-Clariane a vu sa capitalisation boursière fondre de 76,3% en 2023.
L'exploitant de maisons de retraite et de cliniques a été frappé de
plein fouet par l'inflation, la remontée des taux d'intérêt et la
quasi-fermeture du marché des financements immobiliers. Menacé d'un
défaut de paiement, l'ex-Korian a conclu un accord avec le groupe
Crédit Agricole, son premier actionnaire avec 24,75% du capital, en
vue d'un refinancement global. L'opération prévoit notamment une
augmentation de capital d'un montant de 300 millions d'euros et des
cessions d'actifs pour 1 milliard d'euros. Ce plan de sauvetage
vise à ramener le ratio de levier à un niveau sensiblement
inférieur à 3 fois d'ici à fin 2025, contre 4,1 fois au 30 juin
2023. Clariane devrait ainsi être mieux armé pour tenter de
redresser le taux d'occupation de ses établissements, mis à mal par
la crise du Covid-19 et le scandale qui a frappé son concurrent
Orpea.
-Euroapi (-58,6%) a scellé son divorce avec le marché en 2023. Déjà
échaudés par le creusement des pertes du fabricant de principes
actifs pharmaceutiques en 2022, les investisseurs ont été sidérés à
l'automne par un sévère avertissement sur résultats et la
suspension des objectifs de moyen terme. L'ex-filiale de Sanofi a
pâti de ventes plus faibles que prévu et de pressions sur les prix.
Cette potion amère a provoqué le départ du directeur général Karl
Rotthier, remplacé de manière temporaire par la présidente du
conseil d'administration, Viviane Monges, et a conduit plusieurs
analystes à abandonner leur recommandation d'achat sur la valeur.
Pour faire face à ses difficultés, Euroapi a engagé une revue
stratégique, dont les conclusions seront communiquées au plus tard
le 29 février prochain. En attendant l'arrivée d'un directeur
général permanent, rendez-vous est pris.
-Worldline (-57,1%) a connu une fin d'année 2023 particulièrement
éprouvante, entre des perturbations sur l'une de ses plateformes de
paiement, sa sortie de l'indice CAC 40 et le décès soudain de son
président. La débâcle boursière du spécialiste des paiements
électroniques a surtout été déclenchée fin octobre par un
avertissement sur résultats qui a surpris le marché. Après un
premier semestre jugé rassurant, Worldline a prévenu que la
détérioration de la conjoncture mondiale au début du second
semestre pèserait sur ses performances en 2023. Les déboires de sa
filiale Payone en Allemagne, interdite d'effectuer certaines
transactions en raison de risques élevés de blanchiment d'argent et
de systèmes de sécurité jugés insuffisants, ont également pesé sur
le cours. D'autant que l'impact de l'arrêt de ces services pourrait
être sous-évalué, selon les analystes d'UBS. Ces événements ont
ébranlé la confiance des opérateurs dans la gouvernance du groupe
et alimenté les spéculations sur une évolution de son actionnariat,
voire sur une consolidation au niveau européen. Autant de sujets
qui devraient continuer d'influer sur le cours de Bourse de
Worldline en 2024.
-L'équipementier ferroviaire Alstom (-46,6%) a déraillé en 2023, en
raison notamment d'un sévère avertissement sur sa génération de
trésorerie pour l'exercice qui s'achèvera fin mars 2024. Le groupe
a été pénalisé par une hausse des stocks liée à l'accélération de
sa production, mais aussi par les retards pris par un programme de
matériel roulant au Royaume-Uni et le décalage de certaines
commandes. Pour apaiser les inquiétudes sur sa situation
financière, Alstom a présenté un vaste plan de restructuration,
comprenant 1.500 suppressions d'emplois et une éventuelle
augmentation de capital, dont le montant et la date n'ont pas été
fixés. La crédibilité de la direction a été mise à mal par ces
annonces et il faudra du temps à Alstom pour regagner la confiance
des investisseurs, prévenait récemment JPMorgan. Pour y parvenir,
le PDG Henri Poupart-Lafarge laissera en juillet 2024 la présidence
du conseil d'administration à Philippe Petitcolin, l'ancien
directeur général de Safran, augurant le début d'une nouvelle
ère.
-Valérie Venck, Vincent Alsuar, Dimitri Delmond, Alice Doré,
Pierre-Jean Lepagnot et François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1
41 27 48 25; vvenck@agefi.fr ed: LBO - VLV
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December 29, 2023 12:47 ET (17:47 GMT)
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