« Participer à la plus importante acquisition de l’histoire d’Air Liquide »
La vie des actionnaires
Par Rémi Le Bailly |investir.fr |Le 16/09/16 à 17:35@remilebailly
L’augmentation de capital destinée à financer l’achat d’Airgas a débuté.
La Bourse a bien réagi. Benoît Potier, le PDG du groupe revient sur les
enjeux de cette acquisition et confirme son effet positif dès 2016.
BENOÎT POTIER, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL D’AIR LIQUIDE | Crédits photo : Patrick Lazic Vous venez de lancer votre augmentation de capital, le ref...
« Participer à la plus importante acquisition de l’histoire d’Air Liquide »
La vie des actionnaires
Par Rémi Le Bailly |investir.fr |Le 16/09/16 à 17:35@remilebailly
L’augmentation de capital destinée à financer l’achat d’Airgas a débuté.
La Bourse a bien réagi. Benoît Potier, le PDG du groupe revient sur les
enjeux de cette acquisition et confirme son effet positif dès 2016.
BENOÎT POTIER, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL D’AIR LIQUIDE | Crédits photo : Patrick Lazic Vous venez de lancer votre augmentation de capital, le refinancement de l’acquisition d’Airgas il y a un an est terminé?Nous
avons annoncé en même temps que l’augmentation de capital de
3,283 milliards d’euros, une émission obligataire en dollars de
4,5 milliards. Nous avions déjà réalisé en juin une émission en euros
pour 3 milliards. Ce sont les trois étapes du refinancement. A cela
s’ajoutent les cessions d’actifs aux Etats-Unis
réalisées à la demande de l’Autorité américaine de la concurrence dans
le cadre de l’acquisition d’Airgas, qui ont été bouclées ces derniers
jours.PUBLICITÉinRead invented by TeadsContrairement
à d’autres groupes qui ont financé leurs acquisitions uniquement par de
la dette, vous avez opté en partie pour une émission d’actions.
Pourquoi?Tout d’abord, nos actionnaires nous
demandaient régulièrement, lors des assemblées générales, de participer
plus activement au développement du groupe. Ils nous interrogeaient
ainsi sur la possibilité de souscrire à nos émissions obligataires.
J’étais contraint de leur répondre que ce n’était pas possible, en
particulier en raison du calendrier toujours très serré et rapide de ces
opérations. Cette fois, alors que nous réalisons une acquisition
historique, la plus importante de l’histoire du groupe, il m’a semblé
naturel d’offrir la possibilité aux actionÂnaires d’y participer via une
augmentation de capital et de contribuer ainsi à une nouvelle étape du
développement du groupe. C’est la première depuis trente ans ! Je
souligne que c’est une opération que nous avons voulue simple, avec une
parité de 1 pour 8 et une décote d’environ 20 %.Ensuite, il est bon de conserver une capacité de manœuvre si des opportunités de croissance externe se présentent.Enfin,
quand nous signons des contrats à long terme avec de grands clients
internationaux dans notre activité de grande industrie, il est important
d’avoir un bilan solide c’est-à -dire une notation A. Avec le
financement retenu pour Airgas, notre dette a été légèrement abaissée, Ã
A–, mais est restée dans la catégorie A. Ce qui est essentiel. Grâce Ã
l’augmentation de capital et à notre génération de cash-flow, notre taux
d’endettement devrait repasser sous la barre des 100 % à la fin de
l’année. Ce qui traduit aussi, pour les actionnaires, la solidité de la
société.L’augmentation de capital va entraîner une dilution,
dans ces conditions, l’intégration d’Airgas aura-t-elle un effet positif
sur le bénéfice par action dès cette année?Dans une
première estimation, nous avions annoncé que l’effet serait positif sur
la première année complète d’intégration, c’est-à -dire sur 12 mois
glissants. Nous avons ensuite affiné nos calculs et je confirme que
l’effet sera « relutif » dès l’exercice 2016, c’est-à -dire en tenant
compte de l’intégration d’Airgas à partir de la fin du mois de mai et de
l’augmentation du nombre d’actions sur les trois derniers mois de 2016,
une fois l’augmentation de capital réalisée.Vous insistez sur
l’importance du rééquilibrage géographique vers les Etats-Unis
qu’apporte Airgas, mais cette acquisition concerne le secteur de
l’industriel marchand, l’activité la moins dynamique ces dernières
années. On attendait plutôt une opération sur des activités en plus
forte croissance, comme la santé ou l’environnement?L’industriel
marchand est l’activité la plus corrélée à l’évolution de la production
industrielle et à l’inflation, c’est donc la moins dynamique
actuellement. Nos autres métiers ont plus une évolution qui leur est
propre.Mais il faut bien voir qu’à un instant T, une fenêtre
d’opportunité s’est présentée pour augmenter fortement notre
implantation sur le marché le plus important au monde, les Etats-Unis.
Il ne fallait pas la rater. Et nous avons mené jusqu’à son terme cette
opération. Par ailleurs, en dehors de son poids aux Etats-Unis, Airgas
nous apporte, grâce à un réseau de distribution multicanal unique, son
expérience dans le numérique, en particulier dans l’e-commerce. Et, plus
globalement, l’impact du numérique s’applique aussi bien aux ventes
qu’à la traçabilité ou la logistique. Cela peut apporter des gains
considérables.Enfin, rien n’a changé quant à la recherche
d’opportunités dans les domaines de la santé, de l’environnement et de
la transition énergétique. Ils vont continuer à contribuer à la
croissance du groupe.Comment vont se répartir les 300 millions de dollars de synergies apportées par Airgas?70 %
seront des synergies de coûts et d’efficacité qui se concrétiseront
dans les deux à trois prochaines années. Les 30 % restant concerneront
des synergies liées aux ventes, au développement, notamment grâce Ã
l’introduction de nos innovations. Elles seront un peu plus longues Ã
mettre en place, mais nous attendons un résultat d’ici quatre ans.L’intégration
d’Airgas va être assez facile car c’est une intégration verticale. Par
exemple, cette société n’avait que peu d’usines de production, elle
utilisera celles d’Air Liquide. Nous allons aussi réaliser des économies
en regroupant certains sites.La tentative de rapprochement
entre vos concurrents Linde et Praxair n’est-elle pas symptomatique de
l’entrée du secteur dans une période de croissance plus faible?Depuis
plusieurs trimestres, Air Liquide enregistre une croissance Gaz &
Services de l’ordre de 4 %, assez nettement supérieure à celle de ses
concurrents en dépit d’une conjoncture difficile aux Etats-Unis, avec le
ralentissement dans le secteur pétrolier, et d’un environnement sans
inflation. Nous traversons une période où l’économie mondiale est
ralentie.Mais je suis confiant ; quand on analyse l’évolution du
groupe sur les trente dernières années, il a démontré sa capacité Ã
résister aux évolutions conjoncturelles et à générer une croissance
rentable sur le long terme.La traditionnelle distribution d’actions gratuites n’a pas eu lieu cette année. Comptez-vous la reprendre l’an prochain?Nos
actionnaires ont bien compris pourquoi nous n’avons pas distribué
d’actions gratuites cette année. Mais nous savons aussi qu’ils sont très
attachés à ce principe et nous aussi. Mais il est encore trop tôt pour
parler de ce que nous ferons l’an prochain.En savoir plus sur http://investir.lesechos.fr/actionnaires/interview...
Montre plus