Actualisé: Conseil des ministres franco-allemand: Macron et Merkel misent beaucoup sur la défense
13 Juillet 2017 - 5:48PM
Dow Jones News
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont de nouveau multiplié jeudi
les signes de relance du couple franco-allemand, avec une mesure
phare: le développement sous la "direction" des deux pays d'un
nouvel avion de combat européen.
"C'est une révolution profonde, mais nous n'avons pas peur des
révolutions quand elles sont menées de manière pacifique,
construite et dans la durée", a déclaré le président français à
l'issue du 19e Conseil des ministres franco-allemand, réuni dans la
matinée à l'Elysée.
Cette nouvelle génération d'avions de combat qui doit faire l'objet
d'une feuille de route conjointe d'ici à mi-2018, succéderait aux
Rafale français ainsi qu'aux Tornado et aux Eurofighter
allemands.
Elle aura vocation à "être exportée", a souligné Emmanuel Macron
dans une allusion aux difficultés rencontrées pendant de longues
années par Dassault Aviation pour exporter le Rafale.
"Aujourd'hui, on se retrouve avec des projets lourds, trop de
standards et de qualification au niveau européen et parfois une
concurrence intra-européenne pour les porter à l'international",
a-t-il également fait valoir, alors que la France défendait depuis
des décennies le cavalier seul de Dassault au nom de son autonomie
stratégique.
"Je salue ce projet", a enchaîné la chancelière allemande qui a
toutefois mis en exergue d'autres projets de coopération
industrielle militaire comme les Eurodrones, les satellites, la
coopération numérique et la cybersécurité.
De sources gouvernementales proches du dossier, on précise
toutefois que ce nouvel avion de combat ne verrait le jour qu'à
"l'horizon 2035, 2040".
En amont de ce Conseil des ministres commun, Emmanuel Macron avait
par ailleurs mis la pression sur Berlin dans une interview à Ouest
France et à un groupe de presse régional allemand, appelant
l'Allemagne à "bouger" pour corriger les "dysfonctionnements" de la
zone euro dont sa compétitivité économique a selon lui profité.
Concrètement, il se prononçait pour "des mécanismes de solidarité
plus puissants" passant par un "budget" de la zone euro, "un
gouvernement qui décide de l'allocation de ce budget et un contrôle
démocratique qui n'existe pas aujourd'hui".
La chancelière allemande, Angela Merkel, a laissé la porte ouverte
à de telles évolutions à l'issue du Conseil des ministres mais
souligné qu'elles devront attendre en tout état de cause les
élections générales du 24 septembre en Allemagne, qui la verront
briguer un quatrième mandat.
- 'Nous n'allons pas traîner' -
"Je n'ai rien contre un budget de la zone euro", a-t-elle déclaré,
se disant favorable à "un calendrier très ambitieux pour la zone
euro". Quant au "ministre européen des Finances, on peut en
parler", a-t-elle enchaîné.
"Nous n'allons pas traîner", a-t-elle encore promis, même si, "pour
de telles évolutions de fond", l'Allemagne a "besoin" de consulter
son Parlement.
Angela Merkel a rappelé aussi qu'elle avait elle-même proposé, mais
sans succès, un "petit budget" de la zone euro dès 2012.
Le président et la chancelière avaient entamé cette matinée de
travail par un acte symbolique, assistant dans le nord de Paris à
un atelier linguistique organisé par l'Office franco-allemand pour
la jeunesse (OFAJ) pour favoriser l'insertion professionnelle
croisée d'une trentaine de jeunes Français et Berlinois.
Une manière pour Emmanuel Macron de rappeler la dimension
culturelle et éducative qu'il entend donner à la relance du couple
franco-allemand avec la réouverture de 1.200 classes bilangues
menacées par la réforme des collèges de l'ancienne majorité
socialiste.
Il s'agit de porter l'enseignement de l'allemand à "un niveau qu'il
n'a jamais connu", a-t-il assuré dans cet entretien accordé au
quotidien Ouest France et au groupe de journaux allemands
Funke.
Depuis son élection, Emmanuel Macron a manifesté une très claire
volonté de relancer le couple franco-allemand.
Le nouveau président français en avait donné le ton dès sa première
visite à la chancellerie, le 15 mai, au lendemain de son
investiture, répondant par un "oui" dénué de toute ambiguïté à une
question sur sa volonté de restaurer la densité de cette
relation.
Dans la foulée du Conseil franco-allemand, Emmanuel Macron a reçu
Donald Trump aux Invalides. Le président américain doit assister
vendredi en sa compagnie au traditionnel défilé militaire du 14
Juillet sur les Champs-Elysées. Il n'a toutefois pas croisé la
chancelière.
(END) Dow Jones Newswires
July 13, 2017 11:28 ET (15:28 GMT)
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