Pierre-Jean Lepagnot



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le numéro un mondial des avantages aux salariés Edenred fait ce lundi ses premiers pas au sein de l'indice CAC 40, récompense d'un parcours boursier et opérationnel exemplaires.



"Edenred représente une 'success story' [un modèle de réussite, ndlr]. D'abord actif noyé dans Accor, le groupe a été introduit en Bourse sur un cours de référence de 13,50 euros en 2010 pour coter aujourd'hui [autour] de 62 euros", rappelle André Juillard, analyste chez Deutsche Bank. Lundi dans les premiers échanges, le titre évolue à 61,34 euros.



"Après une période de transition de 2010 à 2015 où le dirigeant d'Edenred, Jacques Stern, a initié la digitalisation du groupe, sa diversification et le rééquilibrage de son activité, trop dépendante de l'Amérique latine et de la volatilité des monnaies locales par rapport à l'euro, son successeur Bertrand Dumazy a pu accélérer autant via la croissance organique qu'externe et améliorer la rentabilité", ajoute le professionnel.



L'ancienne filiale d'Accor avait ainsi toutes les cartes en main pour rejoindre l'indice phare de la Bourse de Paris : un flottant de 100%, une capitalisation boursière multipliée par plus de 3 en moins de huit ans et qui atteint désormais 15,4 milliards d'euros, ainsi qu'une performance opérationnelle très solide que le groupe entretient à coups d'acquisitions.



Cap sur les Etats-Unis et l'Australie



Le mois dernier, Edenred a signé la plus grosse opération de son histoire en s'offrant la pépite britannique 100% digitale des avantages aux salariés, Reward Gateway, pour 1,3 milliard d'euros. Cette opération permettra à Edenred "de s'étendre notamment aux Etats-Unis, un marché très lucratif, et de s'implanter en Australie", commente Nupar Gupta, analyste financier chez AlphaValue.



Par ailleurs, "la digitalisation permet à Edenred d'attaquer beaucoup plus de clients, notamment des PME, élargissant ainsi fortement la profondeur du marché", indique André Juillard. L'offre digitale permet également au groupe de se diversifier dans "l'engagement des salariés", un terme qui recouvre les Tickets Restaurants, des offres promotionnelles sur des biens et services, des cartes cadeaux, des programmes de bien-être comme un accès facilité à des salles de sport ou à un psychologue, ou encore de l'épargne salariale.



"Ce modèle diversifié offre l'avantage de générer des revenus récurrents. Par ailleurs, il constitue une vraie innovation pour les directions des ressources humaines en raison des économies de temps et de coûts qu'il permet", précise André Juillard.



Le groupe bénéficie aussi d'un contexte économique qui lui est favorable. L'inflation incite en effet certains pays à augmenter les plafonds d'exonération des avantages aux salariés, la hausse des taux d'intérêt gonfle ses revenus issus des capitaux placés, tandis que le marché de l'emploi dans de nombreux pays, dont la France, s'est rarement aussi bien porté.



Fort de ces atouts, Edenred entend multiplier par 2,5 son chiffre d'affaires d'ici à 2030, à 5 milliards d'euros. Pour la période 2022-2025, le groupe table également sur une croissance organique de son excédent but d'exploitation (Ebitda) supérieure à 12% par an.



Sérieuse avance sur la concurrence



Face au succès d'Endered, la concurrence aiguise ses couteaux. En France, Swile s'est hissé à la deuxième place du marché des chèques-repas après avoir racheté Bimpli, la filiale de BPCE spécialisée dans les avantages sociaux. Fort du soutien de la banque mutualiste, qui détient 22% du capital, la licorne française ne compte pas arrêter son expansion. Parmi les acteurs déjà établis, Sodexo prépare la scission et l'introduction en Bourse courant 2024 de son activité Services avantages et récompenses, récemment renommée Pluxee.



Cependant, "Edenred jouit d'une sérieuse avance par rapport à son principal concurrent, Pluxee, dans la digitalisation et la diversification, tandis que Swile ne prévoit d'être à l'équilibre qu'en 2024", observe André Juillard.



Le trône d'Edenred ne semble ainsi pas près de vaciller. "Edenred est une entreprise de grande qualité, qui opère sur des marchés finaux largement sous-pénétrés, à savoir les avantages aux salariés (30% de pénétration), les flottes et la mobilité (35%), et les paiements aux entreprises (10%). De plus, les avantages aux salariés sont un marché en croissance structurelle", ajoute Nupar Gupta.



Outre son robuste profil de croissance, le groupe peut se targuer d'une forte génération de free cash-flow (FCF) et d'une capacité d'endettement élevée, lui conférant "suffisamment de puissance de feu pour continuer à réaliser des fusions et acquisitions", estime l'analyste d'AlphaValue.



Un cours de Bourse au plus haut



Les investisseurs ne s'y trompent pas. En Bourse, le titre Edenred affiche un bond de 20,6% depuis le début de l'année et évolue près de ses plus hauts historiques.



L'embellie pourrait se poursuivre car les gérants indiciels qui répliquent le CAC 40 doivent désormais inclure Edenred à leur portefeuille, renforçant la demande de titres.



Au-delà de cet effet de court terme, les analystes affichent une confiance relative. Si près de 90% des intermédiaires financiers suivant la valeur sont à l'achat, selon FactSet, l'objectif de cours moyen se situe à 65,7 euros, représentant un potentiel de hausse de 6,6% seulement.





-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: VLV



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June 19, 2023 03:17 ET (07:17 GMT)




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