Le Brexit ne freine pas les M&A britanniques, et les favorise même - Market Blog
29 Mars 2017 - 5:30PM
Dow Jones News
Par Christine Lejoux
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Contre toute attente, les incertitudes
économiques liées au Brexit, dont le déclenchement a été
officialisé ce mercredi, ne freinent pas le marché des
fusions-acquisitions au Royaume-Uni. Depuis le début de l'année,
les M&A (mergers and acquisitions) annoncées impliquant au
moins une société britannique, que celle-ci soit la cible ou
l'acquéreur, représentent un total de l'ordre de 70 milliards de
dollars (65 milliards d'euros), selon Dealogic. Ce montant est
supérieur de 18 milliards de dollars environ à celui enregistré sur
la même période de 2016, et il équivaut quasiment aux 71,5
milliards cumulés sur les trois premiers mois de 2015.
Cette performance résulte notamment de transactions d'envergure,
comme le projet de rachat du spécialiste américain de la nutrition
infantile Mead Johnson par le britannique Reckitt Benckiser, pour
16,6 milliards de dollars (15,43 milliards d'euros). Ou comme la
fusion annoncée entre les sociétés de gestion d'actifs britanniques
Standard Life et Aberdeen Asset Management, une opération de 11
milliards de livres sterling (13,67 milliards de dollars, 12,71
milliards d'euros).
L'acquisition d'Unilever par Kraft Heinz aurait étoffé la liste,
mais le fabricant anglo-néerlandais de biens de grande consommation
a décliné l'offre d'achat de 115 milliards de livres (142,95
milliards de dollars, 132,86 milliards d'euros) formulée par le
groupe agro-alimentaire américain.
Des cibles meilleur marché
Le marché des fusions-acquisitions impliquant au moins une
entreprise britannique pourrait continuer sur cette lancée au cours
des prochains mois : des rumeurs de presse ont récemment fait état
d'un éventuel intérêt du groupe pétrolier américain Exxon Mobil
pour son concurrent britannique BP.
La sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne
représente pourtant un saut dans l'inconnue pour l'économie et les
entreprises du pays. Mais le Brexit est également source
d'opportunités. La chute de 20% de la livre depuis juillet 2016 a
rendu les cibles britanniques bien meilleur marché pour les
prétendants étrangers. Quant aux acquéreurs britanniques, les
sommets historiques atteints par le FTSE 100 depuis le début de
l'année renforcent leur capacité à financer des opérations en
titres.
Autre explication à la résistance des M&A, les groupes
britanniques "achètent" de la croissance à l'étranger, en raison de
la menace potentielle que le Brexit représente pour l'économie
britannique. Celle-ci devrait croître de 1% seulement en 2018,
après une progression de 1,6% en 2017, selon l'OCDE. C'est tout le
sens de l'acquisition de Mead Johnson par Reckitt ou du rachat du
solde du capital du cigarettier Reynolds American par son
concurrent britannique BAT, pour 49,4 milliards de dollars.
Le Brexit n'est donc pas synonyme de cauchemar pour les banquiers
d'affaires, du moins pour le moment.
-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14,
clejoux@agefi.fr ed : ECH
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