Les annulations de projets se multiplient dans l'industrie pétrolière, confrontée à une chute vertigineuse des cours depuis juin qui grève les comptes des compagnies et entraîne des suppressions d'emplois, particulièrement en mer du Nord.



Le géant BP a annoncé jeudi une coupe de 300 emplois en mer du Nord, essentiellement des postes basés dans la ville écossaise d'Aberdeen, la "capitale" pétrolière britannique, un mois après avoir enregistré des charges supplémentaires d'un milliard de dollars.



"Compte tenu des difficultés bien connues dans cette région mature et du durcissement des conditions de marché, nous prenons des mesures spécifiques pour nous assurer que notre entreprise demeure compétitive et robuste", a expliqué Trevor Garlick, président pour la région mer du Nord de cette compagnie britannique.



Plusieurs majors du secteur, comme l'Anglo-Néerlandaise Shell et les Américaines Chevron et ConocoPhillips, avaient déjà annoncé dernièrement des suppressions d'emplois d'ampleur comparable, mais l'annonce de jeudi prend un relief particulier à la lumière du plongeon de 60% des cours du Brent depuis juin.



Cette référence européenne du brut ne valait plus jeudi qu'autour de 49 dollars sur le marché londonien, contre 115 dollars il y a sept mois. Le baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine de l'"or noir", évoluait dans les mêmes eaux.



Le secteur reste certes opulent mais se voit contraint de réduire ses coûts dans ses opérations les moins rentables. C'est le cas en mer du Nord, où les gisements marins exigent, pour être exploités, des techniques de plus en plus pointues et onéreuses, mais aussi ailleurs.



Mercredi, les compagnies Qatar Petroleum et Shell ont ainsi annoncé l'abandon d'un important projet pétrochimique au Qatar, d'une valeur de 6,4 milliards de dollars, tandis que la Norvégienne Statoil renonçait à trois licences d'exploration au Groenland dans l'océan Arctique.



- Sommet russo-vénézuélien -



Des sociétés britanniques de taille intermédiaire font aussi les frais du retournement du marché. Le directeur général de Premier Oil a prévenu qu'elle ne s'engagerait pas dans un nouveau projet au large de la Norvège, Beam, tant que le baril serait sous les 50 dollars, a rapporté le Financial Times. Et jeudi, sa concurrente Tullow Oil a déploré quelque 2,3 milliards de dollars de charges supplémentaires et dépréciations.



"Tout ceci est assez clairement lié au plongeon des cours. Les compagnies vont renoncer à des projets coûteux dans lesquels elles n'ont pas encore trop investi", a expliqué à l'AFP Thomas Pugh, expert du secteur au centre de recherche Capital Economics.



M. Pugh s'est refusé toutefois à parler de véritable crise pour les compagnies pétrolières. "Ces sociétés pensent à long terme, au-delà des fluctuations des cours qui pourraient très bien remonter jusqu'à 70 dollars l'année prochaine, un niveau plus acceptable pour elles".



Elles conservent donc leur production existante mais cherchent à rogner sur les dépenses les moins porteuses de rentabilité future, par exemple sur des projets pharaoniques dans l'Arctique ou dans des bassins jugés "matures" comme celui de la mer du Nord.



Dans cette zone, le géant français Total a mis du baume au coeur d'Aberdeen en annonçant jeudi un renforcement de ses capacités de production. Mais toutes compagnies confondues, les projets d'exploration y sont résolument en baisse, au grand dam des autorités écossaises qui pressent le gouvernement britannique d'adopter des mesures fiscales d'urgence pour soutenir la filière.



Au-delà des compagnies, plusieurs pays producteurs de pétrole souffrent de la dégringolade des cours, provoquée par une surabondance de production et une demande en berne à cause du ralentissement économique mondial.



Le président russe Vladimir Poutine devait ainsi recevoir jeudi à Moscou son homologue vénézuélien Nicolas Maduro pour évoquer, entre autres, cette situation douloureuse pour les budgets de ces deux grands pays producteurs.

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