Les ouragans réveillent le marché de la réassurance
12 Septembre 2017 - 10:37AM
Dow Jones News
MONACO (Agefi-Dow Jones)--Les ouragans Harvey et Irma qui ont
frappé le Texas et la Floride ces derniers jours aux Etats-Unis
donnent aux réassureurs des arguments de vente, à défaut de
bouleverser le marché. Le secteur a entamé samedi ses négociations
annuelles de tarifs, lors des rencontres de la réassurance à
Monte-Carlo (Monaco). Dimanche, Munich Re a estimé les pertes
assurées dues à Harvey entre 20 et 30 milliards de dollars. Le
cabinet spécialisé AIR Worldwide a chiffré entre 20 et 40 milliards
de dollars celles causées par Irma.
Selon plusieurs agences de notation, les réassureurs les plus
exposés à ces pertes sont des groupes spécialisés de taille
moyenne, la plupart basés aux Bermudes ou membres du marché
londonien du Lloyd's, dont Renaissance Re, Lancashire, Everest Re,
Validus Holdings, ou encore XL Group. "Au cours des cinq dernières
années, les grands réassureurs ont réduit leur exposition aux
risques climatiques en Floride car la profitabilité n'était pas
satisfaisante", explique Benjamin Serra, analyste chez Moody's.
C'est par exemple le cas de Scor.
A quelques kilomètres près, un coût dix fois pire
Au titre de l'année 2017, les deux ouragans pourraient donc entamer
les profits de certains réassureurs, mais pas leur capital. Même si
la facture finale n'est pas encore établie, les budgets annuels
dédiés aux catastrophes sont suffisants pour absorber les pertes.
Hannover Re a ainsi maintenu son objectif de bénéfice net de 1
milliard d'euros sur l'année. "Ce ne sera pas une secousse pour
l'industrie où l'on verrait de nombreux petits réassureurs faire
faillite", ajoute Benjamin Serra.
La tendance baissière des prix de la réassurance observée depuis
plusieurs années ne devrait pas non plus changer, au grand dam des
réassureurs. Les agences Moody's et S&P Global Rating
s'attendent encore à ce que les prix baissent de 0 à -5%. "Ce n'est
pas un événement de nature à faire bouger le marché. Il n'y a pas
de pression pour remonter les prix", commente Graham Coutts,
directeur chez Fitch Ratings. En outre, «les discussions sur les
prix se font localement», rappelle Antonello Aquino, directeur chez
Moody's. Certes, les Etats-Unis représentent la moitié du marché
mondial de la réassurance, mais les négociations concernant les
autres zones géographiques ne seront pas affectées.
Malgré tout, les réassureurs voient dans cet événement matière à
sortir le secteur de sa torpeur. Pas du point de vue des prix, mais
du volume d'activité. Les dégâts et donc les pertes auraient pu
être beaucoup plus graves. "Les comités de management du risque des
entreprises vont sûrement se poser de nombreuses questions", a
souligné Victor Peignet, directeur général de la division grands
risques d'entreprises de Scor. "Si l'ouragan était passé une
poignée de kilomètres plus près, le coût aurait pu être dix fois
pire. Cela pourrait changer la politique de souscription dans le
marché", espère le dirigeant.
Améliorer les modèles de calcul
En outre, grâce aux données tirées des caractéristiques de Harvey
et d'Irma, les réassureurs travaillent déjà à améliorer leurs
modèles de calcul des risques en les rendant plus précis. Jürgen
Gräber, responsable de la réassurance internationale chez Hannover
Re, croise les doigts : "Les compagnies d'assurance pourraient
réduire leur taux de rétention des risques."
De fait, certains assureurs ont déjà demandé à Munich Re "une
protection additionnelle pour le reste de la saison des ouragans
aux Etats-Unis, qui n'en est qu'à sa moitié", a glissé Torsten
Jeworrek, PDG de la réassurance du groupe allemand. "La semaine
dernière, certains cherchaient de la réassurance ex post et ex
ante", s'amuse le dirigeant d'un des plus grands réassureurs
mondiaux.
Interrogations sur les cat bonds
"Il n'y a pas eu de catastrophe naturelle aussi grande depuis
2005", rappelle Benjamin Serra. "Une situation comme celle-ci
montre le rôle de la réassurance."
Le point d'interrogation demeure néanmoins quant au marché de la
réassurance alternative, composé surtout d'obligations catastrophes
(cat bonds) ou de produits analogues, qui représente 15% des
capitaux de la réassurance traditionnelle. "Il n'est pas sûr que
les cat bonds seront mis à contribution [pour Harvey et Irma], car
leur seuil de déclenchement ne sera peut-être pas atteint",
explique Antonello Aquino. "Mais ils sont passés près de grosses
pertes." Les investisseurs qui ne comprenaient pas les risques
sous-jacents retireront peut-être leur capital, mais les
connaisseurs "vont sûrement réinvestir et profiter de hausse des
prix. Nous avons discuté avec plusieurs fonds de pension et
investisseurs de long terme qui veulent encore investir dans les
cat bonds pour diversifier leurs actifs".
-Jade Grandin de l'Eprevier, L'Agefi. ed: ECH
L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones
(END) Dow Jones Newswires
September 12, 2017 04:17 ET (08:17 GMT)
Copyright (c) 2017 Dow Jones & Company, Inc.
Lancashire (LSE:LRE)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2024 à Mai 2024
Lancashire (LSE:LRE)
Graphique Historique de l'Action
De Mai 2023 à Mai 2024