Brésil: les accusations contre Temer passent le cap de la Cour suprême
21 Septembre 2017 - 7:19AM
Dow Jones News
Une nouvelle étape a été franchie mercredi vers l'ouverture d'un
procès contre le président Michel Temer, avec le rejet par la cour
suprême d'un appel de ses avocats pour bloquer la procédure, qui a
toutefois peu de chances d'aboutir.
La séance a été suspendue quand le score était de 7 à 1 contre ce
recours, ce qui permet de soumettre cette demande de mise en examen
à la Chambre des députés, seule habilitée à autoriser un
procès.
Jeudi, les débats reprendront à Brasilia et trois juges doivent
encore voter. Les autres pourraient en théorie changer leur vote,
un scénario fort improbable.
"La parole est à la Chambre des députés", a annoncé le juge Roberto
Barroso, au moment de justifier son vote.
Il s'agit d'un nouveau revers pour M. Temer, 76 ans, qui a
multiplié les recours pour tenter de freiner une procédure qui
pourrait lui coûter son mandat.
Si les deux-tiers des parlementaires considèrent cette demande
recevable, le président sera alors écarté du pouvoir pour six mois,
le temps d'être jugé. Cette éventualité est néanmoins jugée peu
probable par la plupart des analystes en raison du fort soutien
dont dispose M. Temer à la chambre basse.
En juin, une autre demande de mise en examen avait été présentée
pour "corruption passive", mais le président était parvenu à sauver
son mandat en obtenant une large majorité au Parlement.
La seconde demande concerne deux autres chefs d'accusation, pour
"obstruction à la justice et participation à une organisation
criminelle".
- Preuves contestées -
Le président est accusé d'être le "leader d'une organisation
criminelle" qui aurait détourné 587 millions de réais (environ 158
millions d'euros au taux de change actuel).
Des dessous de table auraient été versés notamment dans l'objectif
d'obtenir des faveurs pour des entreprises privées cherchant à
décrocher des contrats avec des compagnies d'État, comme le géant
pétrolier Petrobras.
Les avocats de M. Temer avaient présenté un recours pour empêcher
bloquer la procédure le de déterminer si l'obtention de preuves a
été entachée d'irrégularités.
Mais la majorité des juges de la Cour suprême décidé mercredi que
le dossier devait être soumis au Parlement avant que cette question
ne soit tranchée.
L'accusation est fondée principalement sur les révélations de
Joesley Batista, un des propriétaires de l'entreprise, qui a
déclenché un véritable séisme politique en remettant aux autorités
un enregistrement sonore au contenu hautement compromettant pour M.
Temer.
Dans cet enregistrement clandestin, rendu public en mai, le chef de
l'État semble donner son accord pour l'achat du silence d'un ancien
député aujourd'hui en prison.
Mais l'accord noué par les cadres de JBS en échange d'immunité a
depuis été annulé et Joesley Batista placé en détention provisoire,
soupçonné d'avoir omis de fournir des éléments aux enquêteurs.
Les avocats du président ont aussi déposé un autre recours, arguant
que les accusations sont liées à des faits qui auraient été commis
avant le début de son mandat.
Ce recours a été rejeté mardi par Edson Fachin, un des juges de la
Cour suprême, mais la défense du président a demandé à ce qu'il
soit analysé par l'ensemble des magistrats.
Michel Temer est arrivé à la tête du Brésil en mai 2016, remplaçant
Dilma Rousseff (gauche), dont il était le vice-président, destituée
pour maquillage des comptes publics.
Son mandat a été entaché de nombreux scandales de corruption qui
éclaboussent aussi un grand nombre de ses proches collaborateurs,
mais il est parvenu à s'accrocher au pouvoir contre vents et
marées.
Fortement impopulaire, le président dispose néanmoins d'un atout de
taille: le soutien des marchés, qui voient d'un bon oeil ses
mesures d'austérité pour assainir les comptes publics dans un pays
qui émerge lentement de la récession.
(END) Dow Jones Newswires
September 21, 2017 00:59 ET (04:59 GMT)