Actualités:les Sociétés De Recouvrement, "Baromètres" De La Crise Économique

- 17/10/2008 10:49

AFIN

Par Jérémy TORDJMAN

PARIS, Oct 17 (Thomson Financial) - Confrontées à la fois aux problèmes de
liquidités des entreprises et aux difficultés pour les particuliers de
rembourser leurs dettes, les sociétés de recouvrement de créances font figure de
"baromètre" de la crise et de ses conséquences sur l'économie réelle.

"De par notre activité qui consiste principalement à obtenir des débiteurs
qu'ils paient leurs dettes, nous sommes des baromètres de la crise", estime
Alexandre Gonzva, président de l'Association nationale des cabinets de
recouvrement (ANCR).

S'agissant des particuliers, les 300 à 500 sociétés du secteur constatent "une
hausse croissante du nombre de débiteurs qui ont du mal à régler leurs
factures", affirme Jean-Charles Ortega, directeur commercial de la société
Actorec.

Que ce soit pour des factures de téléphonie ou des cotisations d'assurances,
"les particuliers demandent de plus en plus de délais de paiement", ajoute
Philippe Brocca, directeur de la Coface, numéro deux du secteur.

"Ils n'arrivent tout simplement pas à joindre les deux bouts. Mais dans 90% des
cas, un recouvrement à l'amiable avec des lettres de relance (et sans recours à
la justice, ndlr) est suffisant", ajoute Pascal Labru, directeur général chez
Intrum Justitia, leader du marché en France.

Avec la crise financière, les sociétés de recouvrement sont également témoins
de "la psychose" qui s'est emparée des entreprises, selon l'expression de Gérard
Corrias, ancien président de l'ANCR.

Fragilisées par l'asséchement du crédit, les entreprises sont en quête de
liquidités et cherchent à obtenir "bien plus vite qu'auparavant" le paiement de
leurs créances, explique M. Brocca.

Alors que les faillites d'entreprises se profilent, "elles accélèrent également
les procédures par crainte que leurs débiteurs ne mettent la clé sous la porte",
le recouvrement laissant alors place à une procédure de redressement judiciaire
à l'issue plus incertaine et plus lointaine, ajoute-t-il.

Autre signe de la frilosité ambiante, les sociétés de recouvrement sont de plus
en plus sollicitées pour renseigner leurs clients sur la santé financière des
entreprises.

"Avant de signer un contrat avec un sous-traitant, les sociétés veulent savoir
si leur partenaire est fiable et solvable et elles nous demandent donc de mener
notre enquête", explique Bertrand Lacampagne, président de Pouey, société fondée
en 1884.

L'investigation se fonde alors sur le bilan de l'entreprise, son actionnariat,
mais également sur un "travail de terrain" qui permet d'évaluer la solidité
financière "actuelle et non passée" de l'entreprise, précise-t-il.

"Ce sont les équipementiers automobiles, les entreprises de construction et de
travail temporaire qui inquiètent le plus nos clients", ajoute-t-il, précisant
que cette activité d'enquête progresse actuellement de "15 à 20%"

La crise ne fait pourtant pas que des heureux dans le secteur. Hormis Intrum
qui avance une hausse de 50% de créances traitées depuis janvier, la plupart des
sociétés de recouvrement font grise mine.

"La baisse du +business+ provoque mécaniquement une baisse de notre activité",
souligne M. Gonzva.

Du coup, les acteurs du recouvrement ont le regard tourné vers 2009. "Notre
activité va être dopée par les dépôts de bilans auxquels on assiste
actuellement", prédit M. Lacampagne.

Pas de quoi se réjouir, nuance toutefois M. Gonzva: "Les dossiers seront plus
sinistrés et, in fine, cela va devenir de plus en plus difficile d'obtenir le
paiement des dettes".

jt/mw/dk

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