Ambroise Ecorcheville,



AGEFI-DOW JONES





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Aussi vite retirée qu'elle avait été déposée, l'offre de 143 milliards de dollars effectuée par l'américain Kraft Heinz (KHC) pour le rachat de l'anglo-néerlandais Unilever (ULVR.LN) n'en a pas moins mis le secteur de l'agroalimentaire en effervescence.



En France, elle a brièvement fait sursauter l'action Danone en Bourse. Mais seulement sursauter, car la dimension spéculative du champion français des produits laitiers, de l'eau et de la nutrition infantile demande à être relativisée.





La concentration régulière d'un secteur fragmenté





Dans le principe, une poursuite de la concentration du secteur de l'agroalimentaire peut paraître d'actualité. L'industrie reste très fragmentée et les taux d'intérêt sont encore bas. Confrontés au ralentissement de leur croissance, les grands acteurs du marché peuvent être tentés de racheter des entreprises pour accroître leur exposition à des segments de marché en plus forte croissance, ou pour réaliser des économies pour soutenir leurs bénéfices.



Plusieurs acquisitions ont ainsi récemment animé les marchés, comme celles en cours de Mead Johnson (MJN) par Reckitt Benckiser (RB.LN) ou de l'américain WhiteWave (WWAV) par Danone, ou de The Hillshire Brands par Tyson Foods (TSN) en 2014.



Avec un capital fragmenté, une décote par rapport à ses pairs et des positions de leader sur des marchés jugés porteurs à long terme, Danone peut faire figure de cible pour un prédateur. Le groupe avait d'ailleurs fait l'objet de rumeurs persistantes de rachat par PepsiCo (PEP) en 2005.





Un obstacle politique à ne pas négliger





Mais d'autres éléments rendent plus fragile le scénario d'un rachat du propriétaire des marques Evian, Actimel, Activia et Blédina.



Une acquisition du champion français semble exclue en pleine campagne présidentielle, notamment au vu de la levée de boucliers politiques qu'avaient provoqué les rumeurs d'intérêt de PepsiCo en 2005. D'autant que l'issue du scrutin semble pour le moins incertaine et pourrait rendre moins attractive un investissement en France.



Par ailleurs, la performance décevante de Danone depuis 2015 et sa faiblesse relative par rapport à ses pairs traduisent la difficulté du groupe à convaincre de sa capacité à faire croître ses bénéfices autrement qu'en réduisant ses coûts. A cet égard, le groupe doit également convaincre de la pertinence du rachat de WhiteWave pour une valeur d'entreprise de 12,5 milliards de dollars. La croissance organique du spécialiste des produits bio et organiques ralentit et il évolue dans un secteur aux barrières jugées peu élevées.



Enfin, un prédateur américain ou étranger pourrait éprouver de grandes difficultés à intégrer un groupe qui se targue d'une culture d'entreprise unique. Danone met notamment en avant son projet économique et sociétal, "glocal" et collaboratif.



Signe que le marché lui-même est prudent sur la dimension spéculative de Danone, l'action a rechuté dès l'abandon par Kraft de son offre sur Unilever. Pour le moment, ce sont bien des perspectives difficiles au premier semestre qui retiennent l'attention.





- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com ed: VLV





(END) Dow Jones Newswires



February 20, 2017 09:35 ET (14:35 GMT)




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