La dimension spéculative de Danone doit être relativisée - DJ Plus
20 Février 2017 - 3:55PM
Dow Jones News
Ambroise Ecorcheville,
AGEFI-DOW JONES
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Aussi vite retirée qu'elle avait été
déposée, l'offre de 143 milliards de dollars effectuée par
l'américain Kraft Heinz (KHC) pour le rachat de l'anglo-néerlandais
Unilever (ULVR.LN) n'en a pas moins mis le secteur de
l'agroalimentaire en effervescence.
En France, elle a brièvement fait sursauter l'action Danone en
Bourse. Mais seulement sursauter, car la dimension spéculative du
champion français des produits laitiers, de l'eau et de la
nutrition infantile demande à être relativisée.
La concentration régulière d'un secteur fragmenté
Dans le principe, une poursuite de la concentration du secteur de
l'agroalimentaire peut paraître d'actualité. L'industrie reste très
fragmentée et les taux d'intérêt sont encore bas. Confrontés au
ralentissement de leur croissance, les grands acteurs du marché
peuvent être tentés de racheter des entreprises pour accroître leur
exposition à des segments de marché en plus forte croissance, ou
pour réaliser des économies pour soutenir leurs bénéfices.
Plusieurs acquisitions ont ainsi récemment animé les marchés, comme
celles en cours de Mead Johnson (MJN) par Reckitt Benckiser (RB.LN)
ou de l'américain WhiteWave (WWAV) par Danone, ou de The Hillshire
Brands par Tyson Foods (TSN) en 2014.
Avec un capital fragmenté, une décote par rapport à ses pairs et
des positions de leader sur des marchés jugés porteurs à long
terme, Danone peut faire figure de cible pour un prédateur. Le
groupe avait d'ailleurs fait l'objet de rumeurs persistantes de
rachat par PepsiCo (PEP) en 2005.
Un obstacle politique à ne pas négliger
Mais d'autres éléments rendent plus fragile le scénario d'un rachat
du propriétaire des marques Evian, Actimel, Activia et Blédina.
Une acquisition du champion français semble exclue en pleine
campagne présidentielle, notamment au vu de la levée de boucliers
politiques qu'avaient provoqué les rumeurs d'intérêt de PepsiCo en
2005. D'autant que l'issue du scrutin semble pour le moins
incertaine et pourrait rendre moins attractive un investissement en
France.
Par ailleurs, la performance décevante de Danone depuis 2015 et sa
faiblesse relative par rapport à ses pairs traduisent la difficulté
du groupe à convaincre de sa capacité à faire croître ses bénéfices
autrement qu'en réduisant ses coûts. A cet égard, le groupe doit
également convaincre de la pertinence du rachat de WhiteWave pour
une valeur d'entreprise de 12,5 milliards de dollars. La croissance
organique du spécialiste des produits bio et organiques ralentit et
il évolue dans un secteur aux barrières jugées peu élevées.
Enfin, un prédateur américain ou étranger pourrait éprouver de
grandes difficultés à intégrer un groupe qui se targue d'une
culture d'entreprise unique. Danone met notamment en avant son
projet économique et sociétal, "glocal" et collaboratif.
Signe que le marché lui-même est prudent sur la dimension
spéculative de Danone, l'action a rechuté dès l'abandon par Kraft
de son offre sur Unilever. Pour le moment, ce sont bien des
perspectives difficiles au premier semestre qui retiennent
l'attention.
- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@wsj.com ed: VLV
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February 20, 2017 09:35 ET (14:35 GMT)
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