Le TGV d'essais qui a déraillé en Alsace a freiné trop tard, selon la SNCF
19 Novembre 2015 - 10:39PM
Dow Jones News
Des "facteurs organisationnels et humains" sont à l'origine du
déraillement mortel samedi d'un TGV d'essais en Alsace, le train
n'ayant pas freiné assez tôt alors qu'il roulait à 243 km/h lors du
choc, selon les premières conclusions de la SNCF.
"L'origine immédiate de l'accident est un freinage tardif",
celui-ci "aurait dû être (exercé) au moins un kilomètre plus tôt",
a déclaré le président de la SNCF Guillaume Pepy en conférence de
presse, avec le président de SNCF Réseau Jacques Rapoport.
La rame d'essais, avant de dérailler, est entrée à 265 km/h au lieu
de 176 km/h sur la portion de raccordement entre la ligne à grande
vitesse et la ligne classique. Elle a ensuite percuté un pont, puis
chuté de la ligne ferroviaire.
Parmi les 53 personnes qui se trouvaient à bord, 11 sont décédées,
dont le directeur de la ligne et le directeur des essais.
Pour le parquet de Strasbourg, qui s'est dessaisi jeudi au profit
du parquet de Paris, la "vitesse inadaptée pourrait être la
conséquence d'un freinage tardif", mais, a ajouté le procureur de
la République adjoint, Alexandre Chevrier, "en l'état des
investigations il n'existe aucune certitude sur ce point".
"A ce jour, rien ne permet d'étayer une hypothèse d'acte volontaire
et/ou de malveillance (...). Toutefois des expertises seront menées
pour permettre de l'écarter définitivement", a ajouté Frédérique
Porterie, procureure adjointe au parquet de Paris, en charge du
pôle "Accidents collectifs", dont des juges d'instruction seront
désignés pour diriger l'information judiciaire qui doit être
ouverte "prochainement".
Ce TGV d'essais effectuait le tout dernier test sur le second
tronçon de la LGV Est, qui devait ouvrir en avril mais dont la mise
en service sera sans doute repoussée.
Toutefois, a tenté de rassurer M. Pepy, "cet accident ne peut pas
arriver" avec un TGV commercial, car sur un train d'essais, "on
débranche les sécurités". Ainsi, "à l'endroit où le train n'a pas
freiné, il y aurait eu un mécanisme d'arrêt automatique du
train".
- Procédures disciplinaires -
Il s'agit du deuxième accident de train mortel en France en moins
de deux ans et demi. A l'origine du déraillement de
Brétigny-sur-Orge, qui avait fait sept morts en juillet 2013, des
défaillances dans des processus de maintenance. Dans celui du TGV,
aucune défaillance technique n'a pour l'heure été relevée.
"Cet accident n'aurait jamais dû arriver", a déploré M. Pepy,
craignant que "ce qui a été vu sur le facteur organisationnel (...)
concerne d'autres endroits de l'entreprise".
Les dirigeants de la SNCF ont annoncé "des procédures
disciplinaires" qui "conduiront, dès que l'enquête le permettra,
aux sanctions justifiées", et dans un premier temps, "au vu de la
gravité exceptionnelle et du bilan humain très lourd, (à) des
suspensions conservatoires (...), après audition des intéressés et
de leur chaîne managériale".
L'enquête de la SNCF va chercher l'origine de ce freinage tardif et
éclaircir, selon les dirigeants du groupe, "la présence imprudente
d'enfants à bord et de sept personnes en cabine de conduite, un
certain manque de rigueur dans la préparation de la liste des
personnes" embarquées, mais aussi, "sans doute (...) des erreurs de
comportements humains".
Cinq adolescents se trouvaient à bord du train et figurent parmi
les blessés. Aucun ne se trouvait auprès du conducteur.
Selon un représentant de l'Unsa interrogé par l'AFP, "trois
personnes auraient normalement dû se trouver en cabine: le
conducteur, un cadre traction indiquant les paliers de vitesse et
le chef de projet".
A la vitesse où roulait le train, un retard d'1 km "correspond à 12
à 15 secondes d'inattention", selon lui.
L'Unsa se portera partie civile, tout comme la CGT-Cheminots.
Dans un communiqué, le syndicat a dénoncé une communicative
"hâtive" de la direction et jugé "nécessaire de connaître un
certain nombre de paramètres complémentaires avant de tirer toutes
conclusions".
"Il n'est pas admissible (...) de porter la suspicion sur les
cheminots", indique la CGT en réclamant que l'enquête soit
"approfondie afin de n'écarter aucune hypothèse qui concerne une
défaillance du matériel, infrastructurelle ou
organisationnelle".
Les essais sur LGV sont gelés jusqu'aux résultats de l'enquête et
l'ensemble des procédures d'essais sur ligne à grande vitesse
seront remis à plat.
Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre
(BEA-TT) a également ouvert une enquête.
(END) Dow Jones Newswires
November 19, 2015 16:19 ET (21:19 GMT)
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