Ambroise Ecorcheville



AGEFI-DOW JONES





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les soupçons peuvent coûter cher.



Confronté à de nouvelles allégations de tromperies sur les émissions polluantes de ses véhicules, Renault (RNO.FR) a vu sa valeur boursière chuter de 2 milliards d'euros depuis mardi soir.



D'après Exane BNP Paribas, les craintes liées à d'éventuelles tricheries lui ont coûté entre 5 et 7 milliards d'euros depuis le début de l'année 2016.



Malheureusement, et bien que certains des risques associés à cette affaire méritent d'être relativisés, la visibilité est trop faible sur l'évolution du dossier pour pouvoir trancher.



Renault n'a pas la main sur le dossier.



"Pour avoir plus de visibilité sur le sujet, il faudrait que le Parquet de Paris décide publiquement de donner suite (ou pas) à son enquête judiciaire, ce qui permettrait à Renault d'avoir accès au dossier et de bâtir sa défense", a indiqué Barclays. "Cela permettrait également à Renault et aux investisseurs de mieux pouvoir apprécier les risques potentiels associés", a ajouté la banque britannique.



En attendant, Renault a démenti en bloc l'ensemble des accusations portées à son encontre par la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans un document confidentiel, telles qu'elles ont été rapportées par Libération et l'AFP.





Le portefeuille exposé... à des hypothèses





Le risque financier est dès lors difficile à évaluer.



D'après la DGCCRF, citée par l'AFP, Renault pourrait être condamné à une amende de 3,58 milliards d'euros. En comparaison, le constructeur automobile a réalisé un bénéfice net de 3,42 milliards d'euros en 2016.



Selon Barclays, qui interprète différemment la loi française, selon laquelle le groupe pourrait se voir infliger une amende représentant jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires, "proportionnellement à l'avantage tiré du manquement", ce montant pourrait être plafonné à 1,68 milliard d'euros.



Et pour Exane BNP Paribas, qui se réfère au précédent de Volkswagen (VOW.XE), le risque financier de Renault en Europe pourrait ne pas dépasser 200 millions d'euros. Contrairement au géant allemand, le constructeur français n'est pas présent dans le diesel aux Etats-Unis, où les peines sont bien plus sévères, a rappelé à juste titre la société de Bourse.



Ces montants ne prennent toutefois pas en compte les dommages que le groupe pourrait se voir réclamer, par exemple, par des associations de consommateurs.



Mais avant tout cela, pour se voir infliger une amende, Renault devrait d'abord être reconnu coupable.





Un risque de dérapage opérationnel à ne pas négliger





Le vrai risque pourrait être organisationnel.



Dans le meilleur des cas, les nouveaux soupçons pesant sur Renault apparaissent au plus mauvais moment, alors que sa direction prépare un plan stratégique incluant notamment les entrées de Mitsubishi et d'AvotVAZ dans le périmètre de l'alliance Renault-Nissan.



"Il est absolument indispensable que l'ensemble du management de Renault se concentre sur ce sujet et reste solidaire du groupe et de son PDG", a souligné Barclays.



A cet égard, la place de Carlos Ghosn à la tête du groupe semble pour le moment préservée. Dans des entretiens à l'AFP et au Figaro, Thierry Bolloré, directeur délégué à la compétitivité de Renault, a formellement démenti les affirmations du rapport de la DGCCRF selon lesquelles le groupe n'avait pas mis en place de délégations de pouvoirs.



Ce qui aurait pu engager légalement la responsabilité de l'emblématique super PDG.



Reste le risque d'atteinte à l'image de Renault.



Face à des soupçons persistants, les clients du groupe pourraient se tourner vers des marques concurrentes.



Toutefois, l'expérience de Volkswagen montre que ce risque est relatif. Le "Dieselgate" du groupe allemand ne l'a pas empêché de ravir la place de numéro un mondial de l'automobile à Toyota l'année dernière.



A 79 euros, là où le consensus valorise Renault près de 97 euros, l'action du constructeur automobile offre théoriquement un potentiel de hausse de plus de 20% en Bourse.



Mais ce potentiel ne pourra s'exprimer que si le groupe parvient à balayer définitivement les soupçons liés à ses émissions polluantes. Ce qui pourrait n'être fait que face à la justice.





-Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH





(END) Dow Jones Newswires



March 17, 2017 09:37 ET (13:37 GMT)




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