Par Pierre-Jean Lepagnot





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Encore une séance noire pour Alstom. L'équipementier ferroviaire s'effondre en Bourse mercredi alors que le scénario d'une prochaine augmentation de capital se précise dans le cadre d'un vaste plan de restructuration, lancé pour remédier à de graves problèmes de trésorerie.



Après un plongeon de 38% le 5 octobre dans le sillage d'un avertissement sur résultats, le titre Alstom décroche de 17% mercredi après-midi, à 11,77 euros, affichant une capitalisation boursière de 4,37 milliards d'euros. Depuis le début de l'année, Alstom a perdu plus de 50% en Bourse.



Pour renforcer son bilan et maintenir une note de crédit de catégorie investissement chez Moody's, Alstom a annoncé qu'il comptait réduire sa dette nette d'un montant de 2 milliards d'euros d'ici à mars 2025. Au 30 septembre 2023, la dette nette du groupe atteignait 3,4 milliards d'euros.



Pour atteindre son objectif, le groupe envisage une augmentation de capital, dont le montant et la date n'ont pas été fixés, a d'ores et déjà lancé un programme de cessions d'actifs pour un montant compris entre 500 millions et 1 milliard d'euros.



Devant les analystes et la presse, le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, a assuré mercredi matin qu'une augmentation de capital n'était pas gravée dans le marbre et qu'elle viendrait "au besoin", en complément des cessions attendues et de refinancements d'actifs, sans convaincre le marché pour autant.



"Au regard de la capitalisation boursière du groupe, l'augmentation de capital, dont le montant reste à déterminer, devrait avoir un impact particulièrement dilutif", s'inquiète ainsi Invest Securities.



Citi estime pour sa part que cette levée de fonds pourrait atteindre 1 milliard d'euros, soit près d'un quart de la capitalisation boursière du groupe. La banque américaine ajoute que le titre Alstom restera volatil tant que le groupe n'aura pas dit "si oui ou non" il procédera à cette opération.



Chronique d'une levée de fonds annoncée



Depuis le sévère avertissement sur le flux de trésorerie lancé début octobre et la révision à la baisse de la perspective de notation de Moody's de "stable" à "négative" dans la foulée, la situation financière du numéro deux mondial des équipements ferroviaires semblait fragilisée, malgré ses dénégations.



Incapable de livrer ses produits en temps et en heure, en raison notamment de "contrats non-performants" hérités lors du rachat du groupe canadien Bombardier Transport en 2021, et confronté à un ralentissement de son activité, Alstom avait prévenu le mois dernier que son flux de trésorerie, un indicateur très surveillé par le marché, serait négatif de 500 millions à 750 millions d'euros sur l'ensemble de l'exercice en cours, qui s'achèvera fin mars 2024. Le groupe tablait initialement sur un cash-flow libre "significativement positif" en 2023-2024.



Dès lors, la direction se devait de réagir vite, sous peine de voir sa notation de crédit dégradée dans la catégorie spéculative. Une option inenvisageable pour Alstom compte tenu de son endettement et de la remontée des taux d'intérêt.



Pour éviter le couperet, Alstom n'est pas prêt à sacrifier seulement ses actionnaires, par ailleurs privés de dividende. Dans le cadre d'un plan de réduction des coûts, le groupe prévoit aussi de supprimer 1.500 emplois, soit 10% des fonctions commerciales et administratives. Selon Henri Poupart-Lafarge, cette mesure est liée "à la dernière phase de l'intégration de Bombardier".



La gouvernance aussi est chamboulée par ce traitement de choc. A l'issue de l'assemblée générale de juillet 2024, Henri Poupart-Lafarge laissera sa place de président à Philippe Petitcolin, ex-directeur général de Safran. Cette nomination ne doit pas être vu comme une sanction du conseil d'administration à son égard, "mais comme l'opportunité de s'attacher l'expertise d'un grand industriel", a assuré Henri Poupart-Lafarge, qui restera directeur général d'Alstom, aux journalistes.



Au vu des difficultés du groupe, le futur homme providentiel d'Alstom doit se préparer à un été studieux s'il souhaite reconquérir la confiance des marchés.





-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: VLV





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November 15, 2023 09:02 ET (14:02 GMT)




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