Le feu vert de la Commission européenne au rachat par General Electric de la branche énergie d'Alstom met fin à un an et demi d'un feuilleton qui avait tenu en haleine les milieux industriels et politiques et les marchés financiers au printemps 2014. En voici les principales étapes:
- FÉVRIER 2014 -
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg lance une "revue de réflexion des orientations stratégiques" d'Alstom, comme il l'expliquera plus tard, et se fait remettre un rapport du cabinet de conseil Roland Berger.
Le patron de Siemens Joe Kaeser rencontre celui d'Alstom Patric...
Le feu vert de la Commission européenne au rachat par General Electric de la branche énergie d'Alstom met fin à un an et demi d'un feuilleton qui avait tenu en haleine les milieux industriels et politiques et les marchés financiers au printemps 2014. En voici les principales étapes:
- FÉVRIER 2014 -
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg lance une "revue de réflexion des orientations stratégiques" d'Alstom, comme il l'expliquera plus tard, et se fait remettre un rapport du cabinet de conseil Roland Berger.
Le patron de Siemens Joe Kaeser rencontre celui d'Alstom Patrick Kron, des discussions sont également engagées entre Alstom et le conglomérat américain General Electric.
- AVRIL 2014 -
24 avril: l'agence de presse Bloomberg affirme que General Electric est en discussions avancées pour racheter Alstom pour "plus de 13 milliards de dollars".
25 avril: Arnaud Montebourg, devenu ministre de l'Economie, annonce que le gouvernement "travaille à d'autres solutions" pour Alstom, et affiche sa "vigilance patriotique".
26 avril: des informations de presse font état d'une offre concurrente de Siemens. Une rencontre prévue entre le Premier ministre Manuel Valls, M. Montebourg et le patron de GE Jeffrey Immelt est annulée.
28 avril: François Hollande affirme que "l'Etat a forcément son mot à dire". Son choix ne dépendra que qu'un "seul critère": l'emploi.
Le gouvernement allemand déclare voir dans une fusion entre Siemens et Alstom une "grande chance".
29 avril : Siemens confirme le dépôt d'une offre sur Alstom à condition d'accéder aux comptes de l'entreprise, et se laisse un délai de quatre semaines. Le conseil d'administration d'Alstom se prononce pour l'offre de GE, sans fermer la porte à d'autres offres non sollicitées.
- MAI 2014 -
5 mai: le gouvernement rejette "en l'état" l'offre de reprise de la branche énergie d'Alstom par GE et lui propose de l'améliorer en cédant ses activités transports au groupe français.
7 mai: "Nous n'agirons que quand nous saurons ce que nous voulons", dit Joe Kaeser. Le week-end précédent, Patrick Kron avait répondu au groupe dans une lettre aux accents "revêches", selon la presse allemande.
14 mai: la ministre de l'Ecologie et l'Energie Ségolène Royal estime que l'offre de GE est "le meilleur projet industriel".
15 mai : le gouvernement étend avec le "décret Alstom" un mécanisme datant de 2005 permettant de protéger les entreprises stratégiques d'appétits étrangers, en soumettant à autorisation préalable du ministre de l'Economie les investissements dans certains secteurs.
- JUIN 2014 -
16 juin: dépôt d'une offre formelle de Siemens, allié à Mitsubishi Heavy Industries (MHI), ce dernier proposant de former plusieurs coentreprises pour les branches de turbines à vapeur, réseaux électriques et turbines hydrauliques, dans lesquelles Alstom resterait majoritaire. Le tandem prend des engagements sur l'emploi, comme GE.
Manuel Valls déclare que le gouvernement "n'a aucune préférence".
19 juin: General Electric présente une offre améliorée. La valorisation est inchangée mais Alstom conserverait des parts dans certaines activités, et reprendrait l'activité de signalisation de GE. L'Etat français aurait un droit de veto dans une coentreprise 50-50 de turbines à vapeur.
20 juin: Mitsubishi et Siemens améliorent à leur tour leur offre. La nouvelle mouture valorise le pôle énergie à 14,6 milliards d'euros, selon eux.
Les patrons de GE, Siemens et MHI sont reçus à l'Elysée. M. Montebourg annonce que l'Etat prend position pour l'offre de General Electric sous certaines conditions, et qu'il entrera au capital d'Alstom à hauteur de 20% afin que l'Etat puisse exercer "sa vigilance patriotique".
21 juin: le Conseil d'administration d'Alstom donne son feu vert à l'offre de GE. Sa validité reste suspendue aux négociations entre l'État et Bouygues, alors premier actionnaire d'Alstom avec 29,4% du capital.
22 juin: L'Etat trouve un accord avec Bouygues pour entrer au conseil d'administration d'Alstom dès que l'alliance avec GE sera finalisée, et se donne du temps pour acheter au meilleur prix les 20% de capital qu'il convoite.
- NOVEMBRE 2014 -
05 novembre: le gouvernement français donne son feu vert formel à la transaction, dans le cadre du "décret Alstom".
- DECEMBRE 2014 -
19 décembre: l'assemblée générale d'Alstom approuve l'opération. M. Kron annonce que l'amende de 700 millions de dollars dont s'acquittera Alstom pour éviter des poursuites aux Etats-Unis pour corruption sera entièrement prise en charge par le groupe français sans qu'aucune part puisse être transférée à GE.
- FÉVRIER 2015 -
23 février: la Commission européenne décide d'approfondir son enquête, invoquant notamment un risque de réduction de la concurrence sur le marché des turbines à gaz de haute puissance.
- MARS 2015 -
17 mars: "à la demande des parties" impliquées, la Commission reporte au 6 août le délai pour se prononcer, jusqu'ici attendu le 8 juillet.
- MAI 2015 -
12 mai: la Commission repousse la date butoir de sa décision au 21 août, après avoir demandé des informations aux parties qui n'ont pas été présentées dans les temps.
20 mai: le PDG de GE Jeffrey Immelt relève l'estimation des synergies que générera la fusion à 3 milliards de dollars contre 1,2 milliard de dollars annoncé en mai 2014. Il se dit prêt à des concessions, qui n'affectent pas l'intérêt économique de la transaction.
- JUILLET 2015 -
17 juillet: la Commission reporte une nouvelle fois la date butoir de sa décision, au 11 septembre, pour étudier les concessions présentées in extremis par GE.
21 juillet: le ministre de l'Economie Emmanuel Macron met en garde contre des concessions trop importantes que Bruxelles pourrait exiger de General Electric, qui favoriseraient selon lui la concurrence chinoise.
27 juillet: Alstom accepte de réduire de 300 millions d'euros le montant de la transaction, pour compenser les cessions d'actifs consenties par GE
- SEPTEMBRE 2015 -
8 septembre: la Commission européenne donne son feu vert à la transaction. GE affirme que les autorisations encore attendues (dans cinq pays) devraient intervenir "dans les prochaines semaines" et la finalisation de la transaction, "au cours du 4e trimestre".
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