Orange et Bouygues enterrent leur projet de mariageHomeECONOMIEEntreprisesPar 3 auteursMis à jour le 01/04/2016 à 23:56Publié
le 01/04/2016 Ã 21:43INFO
LE FIGARO - Les deux groupes ont mis fin à leurs discussions. Les
exigences de l'État actionnaire et les risques sur le plan de la
concurrence ont eu raison du projet. PublicitéLe rachat de Bouygues Télécom par Orange ne se fera pas. Après une ultime rencontre un peu plus tôt dans l'après-midi entre Stéphane Richard PDG d'Orange et son homologue Martin Bouygu...
Orange et Bouygues enterrent leur projet de mariageHomeECONOMIEEntreprisesPar 3 auteursMis à jour le 01/04/2016 à 23:56Publié
le 01/04/2016 Ã 21:43INFO
LE FIGARO - Les deux groupes ont mis fin à leurs discussions. Les
exigences de l'État actionnaire et les risques sur le plan de la
concurrence ont eu raison du projet. PublicitéLe rachat de Bouygues Télécom par Orange ne se fera pas. Après une ultime rencontre un peu plus tôt dans l'après-midi entre Stéphane Richard PDG d'Orange et son homologue Martin Bouygues,
les deux groupes ont réuni vendredi soir leurs conseils
d'administration respectifs, pour la troisième fois en trois jours.
Comme l'a révélé lefigaro.fr, ils ont entériné l'échec du projet. C'est
la fin de trois mois de négociations presque ininterrompues entre les
dirigeants des quatre opérateurs télécoms français, Bouygues Telecom,
Orange, SFR Numericable et Iliad propriétaire de Free. «Dans un marché
où l'hypothèse d'une consolidation devient désormais durablement exclue,
Bouygues Telecom poursuivra sa stratégie stand alone», a précisé le
groupe Bouygues. Il y a dix jours pourtant, les parties étaient
bien certaines d'avoir fait le plus dur. Le découpage de Bouygues
Télécom, sur la base d'une valorisation de 10 milliards d'euros, entre
Orange, SFR et Free était arrêté et le prix des différents actifs
accepté, non sans mal, par les repreneurs. L'opération, baptisée
«Jardiland» par les nombreux banquiers et avocats qui y travaillaient,
semblait donc bien engagée. L'objectif était alors de la conclure au
plus tard le 31 mars. La bataille va repartir Mais la mécanique s'est détraquée le jeudi 24 mars, dans le bureau d'Emmanuel Macron
à Bercy. Le Ministre de l'Économie et Martin Vial, le patron de
l'Agence des participations de l'État (APE) qui détient avec BPIfrance
23% du capital d'Orange, ont fait part de trois exigences jugées
inacceptables par Martin Bouygues. Ils ont ainsi conditionné l'entrée de
Bouygues au capital d'Orange à un prix plancher de 18,5 euros par
action alors que les parties négociaient jusque-là à 17 euros (l'action
cotait 15,40 euros en bourse vendredi). En renchérissant le prix de
d'Orange, Emmanuel Macron a réduit mécaniquement la valeur de Bouygues
de plus de 10%. «Au vu de la création de valeur qu'aurait permis cette
opération pour chacune des parties, les conditions financières posées
par l'APE étaient legitimes. Mais ces sujets n'etaient pas au centre des
discussions ces derniers jours.», juge-t-on à Bercy.
«Au vu de la création de valeur
qu'aurait permis cette opération pour chacune des parties, les
conditions financières posées par l'APE n'étaient pas inacceptables»Bercy Deux autres clauses sont restées
en travers de la gorge de l'homme d'affaires: l'interdiction pendant 7
ans pour Bouygues de monter au capital d'Orange, ainsi qu'un gel des
droits de vote double pendant 10 ans. «Nous avons été constants dans nos
positions», explique-t-on à Bercy. «D'une part, nous souhaitions que la
consolidation ne se fasse pas au detriment de linvestissement, des
consommateurs, et de l'emploi. D'autre part, l'Etat a la responsabilité
comme actionnaire de référence d'orange de préserver ses intérêts
patrimoniaux.» Pour Emmanuel Macron, pas question donc que l'État perde
sa minorité de blocage en assemblée générale. Mais pour Martin Bouygues,
il était inacceptable d'être relégué en position d'actionnaire
minoritaire et sans influence chez Orange. Un scénario incompatible avec
sa volonté de poursuivre, au travers d'une participation au capital de
l'opérateur historique, son histoire dans les télécoms entamée il y a
plus de vingt ans. Dès le week-end de Pâques, marqué par trois
jours de négociations intensives, la décision de Martin Bouygues était
peut-être déjà prise. Les pressions amicales notamment de l'Élysée et de
Matignon pour l'inviter à faire un effort, ne l'ont pas fait varier.
Manuel Valls aurait même demandé à rencontrer le PDG d'Orange et celui
de Bouygues pour tenter une ultime médiation. Elle n'aura pas lieu.Il
faut dire qu'une autre difficulté sérieuse hypothéquait la négociation:
le risque de déraillement de l'opération devant l'Autorité de la
concurrence. Les trois acheteurs de Bouygues Telecom, et le vendeur,
devaient s'entendre sur la prise en charge par chacun du coût de chacun
des aménagements - les fameux «remèdes» - qu'aurait pu exiger le
gendarme de la concurrence. Enfin, ces discussions ont été
rendues difficiles par les tensions préexistantes entre les différents
protagonistes, et notamment entre Martin Bouygues, et Xavier Niel. Avec
cet échec, la bataille entre les opérateurs devrait reprendre de plus
belle. Si les clients peuvent s'en féliciter, les entreprises et leurs
salariés pourraient souffrir car les marges sont réduites et les
investissements très importants. Ils se privent également des 5 à 10
milliards de marges supplémentaires à trois ans procurées par le passage
de quatre à trois opérateurs. Mais les Bouygues Telecom, Orange, SFR et
Free ne sont pas les seuls perdants. L'État aussi. Il n'encaissera pas
1,3 milliard d'euros de recettes fiscales sur les plus-values de
cessions et de droits d'enregistrements liées à la vente à la découpe de
Bouygues Télécom.
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