PARIS (Agefi-Dow Jones)--Gotham City Research a lancé vendredi une
nouvelle attaque contre SES-imagotag dans laquelle le fonds
activiste met en doute l'indépendance du conseil d'administration
et maintient ses accusations d'irrégularités comptables, notamment
en ce qui concerne les liens du groupe avec BOE Technology, son
premier actionnaire.
Contacté par Agefi-Dow Jones, SES-imagotag n'a pas souhaité
s'exprimer dans l'immédiat. Le groupe s'était vigoureusement
défendu contre les premières accusations formulées le 22 juin par
Gotham City.
Dans un nouveau rapport de 54 pages, Gotham City Research commence
par s'interroger sur la rapide réaction du conseil d'administration
du fabricant d'étiquettes électroniques à sa première
offensive.
"Nous trouvons très suspect le fait que le conseil d'administration
- à l'unanimité - ait soutenu la direction quelques heures
seulement après la publication de la première partie, d'autant plus
que nous avons clairement indiqué que la deuxième partie de notre
rapport était à venir", écrit Gotham City Research.
Considérant que la direction du groupe et son conseil
d'administration "sont, au mieux, compromis et, au pire, qu'ils ont
quelque chose à cacher", Gotham City Research déroule un
argumentaire en plusieurs points.
En premier lieu indique le fonds activiste, certains dirigeants de
SES-imagotag sont propriétaires des locaux du centre de Kalsdorfer
Strasse (Autriche) où se trouve la recherche et développement
(R&D) du groupe. Cette convention réglementée n'a pas été
rendue publique par la société, avance Gotham City, qui estime que
cette situation interroge sur l'incitation de SES-imagotag à
négocier le plus bas prix possible pour son loyer.
Le comité d'audit dans la ligne de mire
Par ailleurs écrit Gotham City Research, des dirigeants et de
nombreux membres du conseil d'administration de SES-imagotag, dont
des membres indépendants, ont acquis d'importantes participations
dans la holding managériale de la société, Sesim, qui s'est
endettée pour acheter des actions SES-imagotag.
Pour le fonds activiste, ces prises de participations compromettent
structurellement l'indépendance et la capacité des administrateurs
à exercer leur fonction de supervision de la direction.
La présidente du comité d'audit, Hélène Ploix, "n'a apparemment
aucune expérience ou compétence en matière d'audit, de comptabilité
ou d'information financière", accuse également Gotham City
Research. Hélène Ploix détient également d'importantes
participations dans Sesim, outre de récentes acquisitions d'actions
dans SES-imagotag, ajoute le fonds.
Gotham City Research souligne également que Madame Censhui He,
membre du comité, occupe en même temps des fonctions managériales
au sein de BOE, "ce qui interroge compte tenu des liens très forts
entre SES et BOE (actionnaire de référence, fournisseur, créancier,
etc)". Le dernier membre du comité d'audit, Franck Moison, a
d'importantes participations dans Sesim, observe également le
fonds.
Dans ce cadre s'interroge Gotham City Research, "la participation
de ces administrateurs 'indépendants' dans Sesim est-elle
appropriée compte tenu des soupçons de fraude qui pèsent
actuellement sur eux ?".
Investissement dans une filiale japonaise
Dans son deuxième rapport, le fonds met à nouveau en cause la
comptabilité de SES-imagotag. Notamment, la comptabilisation de
l'investissement de SES dans la coentreprise entre le groupe et
BOE, "déjà mentionnée dans la partie 1 du rapport, est
incohérente", affirme Gotham City.
Le fonds activiste critique également le contrat d'exclusivité
conclu entre SES-imagotag et BOE Chongqing, une entité du groupe
BOE. Gotham City souligne que SES-imagotag a payé ce contrat
d'exclusivité "cash dès le départ alors que sa trésorerie était
très contrainte". En outre, "ce contrat d'exclusivité paraît
inutile compte tenu notamment des liens capitalistiques entre SES
et BOE", affirme Gotham City.
Le fonds s'interroge enfin sur les raisons pour lesquelles
SES-imagotag a investi 18,7 millions d'euros dans une filiale
japonaise, SES-imagotag Japan K. K. Selon le fonds, les modalités
de cet investissement posent aussi question.
En revanche, Gotham City Research n'exprime plus dans ce deuxième
rapport ses doutes sur la teneur des contrats de vente, annoncés
récemment, avec le groupe américain de distribution Walmart.
Vers 9h20, le titre SES-imagotag bondissait de 13,5%, à 99,70
euros. La capitalisation boursière du groupe accusait à la clôture
de jeudi une chute de 47% depuis l'attaque de Gotham City Research
le 22 juin.
-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 47 95;
pjlepagnot@agefi.fr ed: VCA - LBO
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July 07, 2023 03:26 ET (07:26 GMT)
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