- Le profil "unique" de GE Water justifiait son prix d'achat -
directeur financier
- Le prix d'aquisition de GE Water est moins élevé qu'il y paraît -
directeur financier
- L'appel au marché permet de préserver le bilan de Suez -
directeur financier
- Les synergies de coûts issues du rapprochement sont clairement
identifiées - directeur financier
- Un premier contrat mêlant eau industrielle et déchets espéré
cette année - directeur financier
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La qualité "unique" du dossier GE Water
justifiait amplement de racheter le spécialiste américain des eaux
industrielles pour un montant pourtant jugé élevé de 3,2 milliards
d'euros, a estimé le directeur financier de Suez (SEV.FR). Même si
pour financer son acquisition, le groupe de services aux
collectivités français devra procéder à une augmentation de capital
de 750 millions d'euros.
"GE Water est unique parce que, contrairement à ses plus grands
concurrents, la société est présente à la fois dans les équipements
et les services", a déclaré Christophe Cros, directeur général
adjoint de Suez chargé des finances et des achats, à l'agence
Agefi-Dow Jones.
"Les services génèrent environ les deux tiers des revenus de GE
Water. L'adhérence de ses clients est extrêmement forte : les deux
tiers de ses revenus sont récurrents. La société sert les plus
grands noms de l'industrie, mais ne dépend d'aucun d'entre eux",
a-t-il souligné pendant un entretien.
En outre, GE Water trouve naturellement sa place dans la stratégie
de Suez, selon le dirigeant. "L'acquisition de GE Waters nous
permet d'accélérer sur trois de nos quatre priorités stratégiques
en une seule et même opération", s'est-il félicité.
"Elle nous renforce dans l'eau industrielle, accélère notre
internationalisation hors d'Europe, notamment en Amérique du Nord
et dans les pays émergents, et nous fait faire une avancée
considérable dans le domaine du smart, en particulier dans l'eau",
grâce à sa plate-forme digitale Insight, a-t-il expliqué.
Le 8 mars dernier, Suez a annoncé la signature d'un accord avec le
conglomérat américain General Electric (GE) pour lui racheter GE
Water, sa filiale dédiée au traitement de l'eau industrielle, ou
eau utilisée à des fins industrielles.
L'opération permettra notamment à Suez d'accroître de près de 15%
son périmètre total, et de renforcer son profil de croissance en
multipliant par 5, à environ 2,5 milliards d'euros, son exposition
à un marché en hausse d'environ 5% par an.
Le prix de rachat de GE Water plus élevé qu'attendu
Résultant d'un appel d'offres, le prix d'acquisition de GE Water a
toutefois été jugé élevé par de nombreux observateurs. A 3,2
milliards d'euros, ce montant est ressorti au-dessus de la
fourchette de 2 à 3 milliards initialement évoqué par la
presse.
Il valorise la société américaine 12,5 fois son excédent brut
d'exploitation (Ebitda) 2016, un ratio qui même ramené à 10 après
synergies reste sensiblement supérieur à celui de Suez, de 8,5 au
moment de l'annonce du rachat.
Mais pour Christophe Cros, ce prix est moins élevé qu'il y paraît
de prime abord.
"Le prix auquel nous nous apprêtons à reprendre GE Water est perçu
comme relativement élevé mais il est justifié", a affirmé le
dirigeant. "En termes de valeur d'entreprise sur résultat
opérationnel (Ebit), nous achetons GE Water sur des multiples
proches de ceux de Suez sur le marché", a-t-il souligné.
"Le fait de valoriser GE Water en comparant sa valeur d'entreprise
à son résultat opérationnel (Ebit) me semble plus pertinent qu'en
la rapportant à son excédent brut d'exploitation (Ebitda), comme le
font généralement les analystes pour Suez", a-t-il expliqué.
"GE Water est en effet beaucoup moins capitalistique que Suez. Cela
signifie que le taux de conversion de l'Ebitda en Ebit de GE Water
est proche de 75%, contre environ 50% pour Suez", selon lui.
Et d'ajouter : "D'une manière plus générale, le prix pour lequel
nous reprenons GE Water respecte l'ensemble de nos critères
financiers d'acquisition. En termes de retour sur investissement
rapporté au coût moyen pondéré du capital, la transaction devrait
être créatrice de valeur à partir de la troisième année
d'intégration."
Un appel au marché et à la CDPQ pour préserver le bilan du
groupe
Pour la financer, Suez devra néanmoins ponctionner ses actionnaires
à hauteur de 750 millions d'euros. Une facture moins élevée qu'elle
aurait pu l'être, dans la mesure où la Caisse de dépôt et de
placement du Québec apportera 700 millions d'euros à Suez contre
30% de l'entité devant réunir GE Waters et les actifs du français
dans l'eau industrielle.
Les trois principaux actionnaires de Suez, à savoir Engie
(ENGI.FR), CriteriaCaixa et Caltagirone, qui cumulent ensemble 42%
de son capital, ont annoncé leur intention de participer à sa levée
de fonds.
Lundi vers 9h30, l'action Suez s'échangeait 13,71 euros. Mercredi 8
mars, avant l'annonce de son opération, elle avait terminé la
séance à 13,63 euros.
Pour Suez, faire appel au marché était nécessaire car le groupe
veut préserver sa note de crédit et son bilan.
"Nous tenons beaucoup à notre note d'investissement 'A3' auprès de
Moody's. Au-delà des économies réalisées sur les frais financiers,
elle envoie un message fort à nos partenaires et à nos clients", a
souligné Christophe Cros.
"De même, nous tenons à conserver un ratio dette nette sur excédent
brut d'exploitation (Ebitda) de l'ordre de trois, même si le fait
de dépasser ce levier d'endettement ne remettrait pas en cause
notre note de crédit."
"Si Suez avait voulu reprendre GE Water seul, le groupe aurait pu
le faire sans voir sa note dégradée par Moody's", a-t-il
affirmé.
Les synergies attendues de l'opération en ligne de mire
Dès lors, la capacité du groupe à dégager, voire à dépasser les
synergies promises sera particulièrement scrutée. "Le retour sur
investissement sera très sensible à la bonne réalisation des
objectifs de synergies et de croissance", a souligné Oddo
Securities en réaction à l'annonce du rachat de GE Water.
Au moment de cette annonce, Suez a indiqué viser des synergies de
coûts pour 65 millions d'euros, dont 80% devraient réalisées dans
les trois premières années, et des synergies de revenus dans le
traitement de l'eau pour environ 200 millions.
"Les synergies de coûts proviendront notamment d'économies sur les
achats et de la réalisation de gains d'efficience dans un certain
nombre de domaines, comme l'informatique ou la gestion de la
comptabilité", a précisé Christophe Cros à l'agence Agefi-Dow
Jones.
"Il va falloir faire vite mais nos synergies sont bien
identifiées", a-t-il souligné pendant cet entretien.
Quant aux synergies de revenus, "elles proviendront de la
complémentarité de nos offres dans l'eau avec celles de GE Water",
a expliqué le dirigeant.
"Ensemble, nos activités couvrent l'ensemble de la chaîne de l'eau
industrielle. Nous allons donc pouvoir faire des ventes croisées et
aller voir de nouveaux clients avec une offre complète", a-t-il
expliqué.
Enfin, Suez vise des synergies provenant de la mise en place
d'offres combinant le traitement de l'eau et celui du recyclage des
déchets, son autre grand métier.
"Le potentiel de développement lié à ces synergies est
considérable, mais elles ne sont pas pour le moment intégrées dans
notre business plan", a cependant précisé Christophe Cros.
"Par exemple, un de nos grands clients dans le secteur pétrolier
nous a immédiatement demandé quand nous serions en mesure de leur
faire une offre alliant retraitement de l'eau et recyclage et
valorisation des déchets", a illustré le directeur financier du
groupe.
"Dans ce domaine, nous espérons signer au moins un premier accord
symbolique avant la fin de l'année", a-t-il indiqué.
- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90;
aecorcheville@agefi.fr ed: ECH
(END) Dow Jones Newswires
March 20, 2017 04:58 ET (08:58 GMT)
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