Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le lion sochalien rugit toujours. Le titre Peugeot bondit en Bourse, mercredi, s'adjugeant 3% en milieu d'après-midi, après avoir publié son chiffre d'affaires pour le troisième trimestre.



L'inévitable comparaison avec le grand rival Renault est douloureuse pour le constructeur au losange. Alors que Renault a été contraint d'émettre un avertissement sur résultats la semaine dernière, en raison de la faiblesse de plusieurs marchés au troisième trimestre, PSA a fait preuve d'une impressionnante résilience.



Le chiffre d'affaires de Groupe PSA a ainsi progressé de 1%, de juillet à septembre, à 15,6 milliards d'euros, en dépit de volumes de ventes en repli de 4% sur la même période. La division automobile seule a réussi à afficher une légère croissance sur un an, de 0,1%, à 11,8 milliards d'euros.



Plus que ces chiffres bruts, les analystes saluent le 'mix' produits positif du constructeur, soit une répartition des ventes favorables aux modèles plus rentables. Son amélioration a contribué à hauteur de 520 millions d'euros aux revenus du trimestre, grâce aux derniers lancements : Citroën C5 Aircross, DS 3 Crossback ou encore la Peugeot 508. Ce 'mix' produits constitue la "bonne surprise" de cette publication, écrit Commerzbank, tandis qu'Evercore ISI le qualifie "d'impressionnant". "PSA vend moins mais au meilleur prix", résume Philippe Houchois, analyste chez Jefferies.



"Une base très solide" pour 2020



PSA semble bien positionné pour poursuivre cette dynamique. "Le niveau des stocks communiqué par le groupe suggère que la production du quatrième trimestre restera solide, et donc que le cash flow se maintiendra à un niveau élevé", observe Philippe Houchois. Le directeur financier, Philippe de Rovira, a aussi expliqué aux analystes que le 'mix' produits devrait encore soutenir les revenus lors des prochains trimestres, PSA prévoyant de régulièrement lancer de nouveaux modèles.



Cette publication confirme la solidité des pare-chocs du groupe dirigé par Carlos Tavares. Dans un environnement rongé par les incertitudes économiques et le durcissement des régulations, PSA se dote de plus en plus des vertus d'une valeur refuge. "Quand on regarde l'année 2020, dans un environnement qui pourrait être difficile pour l'automobile, on a l'impression que Peugeot a une base très solide", souligne Philippe Houchois.



Philippe de Rovira a notamment confirmé que PSA était en ligne avec son plan de réduction des émissions de dioxyde de carbone de sa flotte pour se conformer à la nouvelle réglementation européenne, qui entrera en vigueur l'an prochain. De nombreux analystes se félicitent de cet atout dans la manche du constructeur tricolore. "Nous continuons à considérer Groupe PSA comme le constructeur le mieux placé pour faire face aux défis réglementaires à venir", affirme Citigroup. Royal Bank of Canada avait de son côté estimé en septembre que PSA devrait être capable de remplir ses objectifs d'émissions de dioxyde de carbone fixés par la Commission européenne, allant jusqu'à "applaudir" la transparence dont le constructeur a fait preuve vis-à-vis de la communauté financière à ce sujet.



De la marge chez Opel



Le marché prend toutefois la mesure de cette résistance tout-terrain. Depuis le début de l'année, l'action Peugeot a gagné 32% quand le Stoxx Europe 600 Automobile and Parts affiche une progression de 14,5%. A 24,6 euros, l'action se situe à quelques encablures de l'objectif de cours moyen des analystes compilé par FactSet, de 25,29 euros.



Pour poursuivre son ascension, le constructeur devra maintenir voire améliorer sa marge opérationnelle courante, qui avait atteint un record de 8,7% pour la division automobile au premier semestre. Alors que 90% des ventes de l'industriel sont réalisées en Europe, Morgan Stanley souligne la corrélation entre les marges du groupe et la demande européenne. Or, cette demande est actuellement en recul.



Le chiffre d'affaires du troisième trimestre envoie toutefois de bon signaux. Au regard de la contribution du 'mix' produit et du 'mix' prix, Citigroup dit être "optimiste" quant à une amélioration des marges pour le second semestre.



Au-delà de ces premières indications, PSA peut actionner des leviers pour améliorer la rentabilité d'Opel-Vauxhall, l'ex-branche européenne de General Motors rachetée en 2017. Le constructeur doit extraire davantage de synergies au niveau de la production ainsi que sur les achats. "PSA dispose probablement d'un potentiel d'amélioration de la marge [opérationnelle courante, NDLR] d'Opel de quatre à cinq points de pourcentage pour l'élever au niveau de la marque Peugeot, qui se situe autour de 10%, selon nos calculs", expose Philippe Houchois, de Jefferies.



Le marché attend au tournant PSA sur ces indicateurs et y sera évidemment attentif lors de la publication des résultats annuels, en février. Les investisseurs surveilleront également les avancées du plan de relance en Chine, grand talon d'Achille d'un PSA qui, autrement, carbure à plein régime.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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October 23, 2019 10:12 ET (14:12 GMT)




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