PSA devra étoffer ses marges pour passer une nouvelle vitesse en Bourse - DJ Plus
23 Octobre 2019 - 4:32PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le lion sochalien rugit toujours. Le titre
Peugeot bondit en Bourse, mercredi, s'adjugeant 3% en milieu
d'après-midi, après avoir publié son chiffre d'affaires pour le
troisième trimestre.
L'inévitable comparaison avec le grand rival Renault est
douloureuse pour le constructeur au losange. Alors que Renault a
été contraint d'émettre un avertissement sur résultats la semaine
dernière, en raison de la faiblesse de plusieurs marchés au
troisième trimestre, PSA a fait preuve d'une impressionnante
résilience.
Le chiffre d'affaires de Groupe PSA a ainsi progressé de 1%, de
juillet à septembre, à 15,6 milliards d'euros, en dépit de volumes
de ventes en repli de 4% sur la même période. La division
automobile seule a réussi à afficher une légère croissance sur un
an, de 0,1%, à 11,8 milliards d'euros.
Plus que ces chiffres bruts, les analystes saluent le 'mix'
produits positif du constructeur, soit une répartition des ventes
favorables aux modèles plus rentables. Son amélioration a contribué
à hauteur de 520 millions d'euros aux revenus du trimestre, grâce
aux derniers lancements : Citroën C5 Aircross, DS 3 Crossback ou
encore la Peugeot 508. Ce 'mix' produits constitue la "bonne
surprise" de cette publication, écrit Commerzbank, tandis
qu'Evercore ISI le qualifie "d'impressionnant". "PSA vend moins
mais au meilleur prix", résume Philippe Houchois, analyste chez
Jefferies.
"Une base très solide" pour 2020
PSA semble bien positionné pour poursuivre cette dynamique. "Le
niveau des stocks communiqué par le groupe suggère que la
production du quatrième trimestre restera solide, et donc que le
cash flow se maintiendra à un niveau élevé", observe Philippe
Houchois. Le directeur financier, Philippe de Rovira, a aussi
expliqué aux analystes que le 'mix' produits devrait encore
soutenir les revenus lors des prochains trimestres, PSA prévoyant
de régulièrement lancer de nouveaux modèles.
Cette publication confirme la solidité des pare-chocs du groupe
dirigé par Carlos Tavares. Dans un environnement rongé par les
incertitudes économiques et le durcissement des régulations, PSA se
dote de plus en plus des vertus d'une valeur refuge. "Quand on
regarde l'année 2020, dans un environnement qui pourrait être
difficile pour l'automobile, on a l'impression que Peugeot a une
base très solide", souligne Philippe Houchois.
Philippe de Rovira a notamment confirmé que PSA était en ligne avec
son plan de réduction des émissions de dioxyde de carbone de sa
flotte pour se conformer à la nouvelle réglementation européenne,
qui entrera en vigueur l'an prochain. De nombreux analystes se
félicitent de cet atout dans la manche du constructeur tricolore.
"Nous continuons à considérer Groupe PSA comme le constructeur le
mieux placé pour faire face aux défis réglementaires à venir",
affirme Citigroup. Royal Bank of Canada avait de son côté estimé en
septembre que PSA devrait être capable de remplir ses objectifs
d'émissions de dioxyde de carbone fixés par la Commission
européenne, allant jusqu'à "applaudir" la transparence dont le
constructeur a fait preuve vis-à-vis de la communauté financière à
ce sujet.
De la marge chez Opel
Le marché prend toutefois la mesure de cette résistance
tout-terrain. Depuis le début de l'année, l'action Peugeot a gagné
32% quand le Stoxx Europe 600 Automobile and Parts affiche une
progression de 14,5%. A 24,6 euros, l'action se situe à quelques
encablures de l'objectif de cours moyen des analystes compilé par
FactSet, de 25,29 euros.
Pour poursuivre son ascension, le constructeur devra maintenir
voire améliorer sa marge opérationnelle courante, qui avait atteint
un record de 8,7% pour la division automobile au premier semestre.
Alors que 90% des ventes de l'industriel sont réalisées en Europe,
Morgan Stanley souligne la corrélation entre les marges du groupe
et la demande européenne. Or, cette demande est actuellement en
recul.
Le chiffre d'affaires du troisième trimestre envoie toutefois de
bon signaux. Au regard de la contribution du 'mix' produit et du
'mix' prix, Citigroup dit être "optimiste" quant à une amélioration
des marges pour le second semestre.
Au-delà de ces premières indications, PSA peut actionner des
leviers pour améliorer la rentabilité d'Opel-Vauxhall, l'ex-branche
européenne de General Motors rachetée en 2017. Le constructeur doit
extraire davantage de synergies au niveau de la production ainsi
que sur les achats. "PSA dispose probablement d'un potentiel
d'amélioration de la marge [opérationnelle courante, NDLR] d'Opel
de quatre à cinq points de pourcentage pour l'élever au niveau de
la marque Peugeot, qui se situe autour de 10%, selon nos calculs",
expose Philippe Houchois, de Jefferies.
Le marché attend au tournant PSA sur ces indicateurs et y sera
évidemment attentif lors de la publication des résultats annuels,
en février. Les investisseurs surveilleront également les avancées
du plan de relance en Chine, grand talon d'Achille d'un PSA qui,
autrement, carbure à plein régime.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
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