Face aux compagnies aériennes, ADP compte sur le soutien des collectivités locales
27 Avril 2015 - 5:03PM
Dow Jones News
A quelques semaines des arbitrages sur le contrat de régulation
économique (CRE), qui fixera son cadre budgétaire jusqu'en 2020,
Aéroports de Paris revendique le soutien "d'une vingtaine" de
collectivités et institutions locales, alors que les compagnies
aériennes réclament une baisse de leurs redevances.
"Nous avons reçu une vingtaine de courriers de collectivités et de
chambres de commerce qui prennent position en faveur de notre
proposition", a indiqué à l'AFP le gestionnaire des aéroports de
Roissy et d'Orly.
Le soutien des élus locaux porte essentiellement sur le plan
d'investissement dévoilé en décembre, d'un montant de 3,1 milliards
d'euros pour la période 2016-2020, contre 2 milliards prévus de
2011 à 2015.
"Il faut saluer l'ambition et l'effort d'investissement que
souhaite mener ADP", a confirmé à l'AFP le cabinet du président du
conseil général de Seine-Saint-Denis, qui attend "des retombées
positives sur le tissu économique et l'emploi local" autour du pôle
de Roissy.
Même enthousiasme en Seine-et-Marne voisine, département reconquis
par la droite aux élections de mars, où "la nouvelle équipe
continue de soutenir ce projet", selon un porte-parole.
Du côté de l'aéroport d'Orly, les autorités du Val-de-Marne se
montrent "plutôt favorables" au développement du trafic, à
condition de "ne pas déborder des autorisations de décollage et
d'atterrissage" actuelles, pour ne pas aggraver l'exposition au
bruit des riverains.
Ces appuis seront utiles à ADP pour défendre sa proposition sur le
volet le plus polémique du CRE: les redevances aéroportuaires, qui
représentent plus de 40% de son chiffre d'affaires, soit 1,14
milliard d'euros l'an dernier. L'entreprise souhaite leur appliquer
une hausse moyenne de 1,75% par an (hors inflation et part
variable) à partir de 2016, contre 1,37% par an depuis 2011.
- 'l'aéroport détruit de la compétitivité' -
Les compagnies aériennes y sont résolument opposées. En mars, la
Fédération nationale de l'aviation marchande a même réclamé une
baisse des redevances de 2,5% par an jusqu'en 2020, remarquant au
passage que le bénéfice d'ADP avait augmenté "de façon remarquable"
en 2014 (402 millions d'euros, soit +33%), malgré une grève de deux
semaines en septembre chez son premier client, Air France.
Pour la première compagnie française, qui verse environ 500
millions d'euros par an à ADP, la proposition actuelle "représente
150 millions d'euros de charges supplémentaires sur cinq ans",
calcule Marc Verspyck, directeur financier d'Air France.
"Les redevances ont augmenté très fortement ces dernières années à
Paris, plus que l'inflation et plus que la plupart des autres
plateformes européennes", ajoute-t-il, estimant que "cela met en
cause la compétitivité de notre activité à Orly et à Roissy".
"L'aéroport détruit de la compétitivité et de l'attractivité",
renchérit François Bacchetta, directeur de la filiale française
d'Easyjet, deuxième client d'ADP en termes de trafic.
Faute d'une rentabilité suffisante, la compagnie britannique à bas
coût aurait renoncé à trente lignes au départ de Roissy et à des
rotations supplémentaires sur certaines lignes existantes, alors
qu'une "baisse de 7% des redevances se traduirait par 3 millions de
passagers en plus" pour le hub parisien, affirme-t-il.
Pour les compagnies, la solution passerait par une réintégration
des activités commerciales d'ADP dans le périmètre du CRE, comme
avant 2011. L'an dernier, les revenus des boutiques, restaurants et
autres publicités se sont établis à 400 millions d'euros.
"Ce sont nos passagers qui font les revenus des boutiques", plaide
M. Bacchetta. Du côté d'Air France, M. Verspyck remarque que "les
dépenses d'exploitation d'ADP pourraient être un peu plus serrées"
et qu'il "conviendrait d'en faire supporter davantage" par les
revenus commerciaux.
Le gestionnaire des aéroports parisiens voit "dans les réactions de
(ses) clients des éléments de préoccupations qui peuvent (l')amener
à revoir" sa proposition, tout en rappelant avoir "déjà bougé des
curseurs" avant de la soumettre à consultation publique en
janvier.
Chaque partie fera valoir ses arguments à partir de mai devant la
commission consultative aéronautique (CoCoAéro), avant d'ultimes
négociations avec le ministère des Transports, en vue d'une
signature du CRE au début de l'été.
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